Tous les ans, nous vous proposerons nos tops culturels : poursuivons notre rétrospective 2020 avec les séries !
Jofrey La Rosa
Euphoria (“Trouble don’t last always”) : produits pour répondre à la situation sanitaire qui empêche le tournage de la saison 2, deux épisodes sont écrits et produits dans des conditions strictes, avec des contraintes plus fortes. La première partie (la seconde sort fin janvier) est centrée sur Rue (Zendaya), toujours folle amoureuse de Jules, affronte toujours ses démons d’addict auprès d’Ali (Colman Domingo), durant une conversation dans un diner génialement écrite, se concluant dans un ultime plan déchirant. Cette série est une merveille...
Hollywood (MS) : Ryan Murphy et sa team se penchent sur une uchronie inclusive, où la prise de conscience que les différences de races, de genres, de sexualités, n’en sont pas, s’est déroulée tout de suite après-guerre. Une belle bulle optimiste et pil-poil dans l’époque, aux personnages magnifiques et à l’écrin fabuleux de l’âge d’or d’Hollywood. Somptueux.
The Haunting of Bly Manor (MS) : après la terrassante Hill House, Mike Flanagan devait assurer avec sa suite, toute autre histoire. Et même s’il est moins impliqué dans cette saison, le résultat est tout de même haut de gamme, provoquant au fil de la saison de la peur derrière un torrent de larmes. Génial.
La Flamme (S1) : Jonathan Cohen et ses comparses Jérémie Galan et FloBer adaptent le Burning Love de Ken Marino pour une parodie du Bachelor completement folle, super rythmée, avec un casting fabuleux. On sent une énergie communicative et mille trouvailles de comédie à la minute. Déjà culte.
Ted Lasso (S1) : Jason Sudeikis en coach sudiste qui va en Angleterre entraîner une équipe de soccer, sport auquel il ne comprend rien. Loin d’être une série de foot, c’est une comédie déjà très drôle, mais surtout touchante, qui aime profondément chacun de ses personnages, même les antagonistes, et d’une douceur optimiste qui fait chaud au cœur. Petite surprise.
Le Jeu de la Dame (MS) : après Godless et The Highwaymen, Scott Frank écrit cette série, sur une jeune femme orpheline qui gagne peu à peu ses galons dans le monde très fermé des échecs. Anya Taylor-Joy est fabuleuse, toute la série s’articule autour de son visage, s’y attarde, s’y concentre, alors qu’un superbe parcours de l’héroïne se déroule sous les yeux du spectateur. Au top.
I Know This Much is True (MS) : Mark Ruffalo se dédouble dans ce drame par Derek Cianfrance (The Place Beyond the Pines, Blue Valentine), en interprétant une paire de jumeaux au destin tragique. On se marre pas beaucoup devant cette mini-série, mais les larmes coulent, alors qu’on assiste à ce récit déchirant.
Middleditch & Schwartz (MS) : Thomas Middleditch (Silicon Valley) et Ben Schwartz (House of Lies) nous offrent trois spectacles totalement improvisés. Non seulement en osmose, les deux comédiens sont aussi hilarants, provoquant des éclats de rire constants et francs. Le fun.
We Are Who We Are (MS) : une histoire d’amour-amitié entre ados sur une base militaire. Voilà ce que nous propose Luca Guadagnino (Call Me by your Name, Amore) pour une mini-série HBO complètement hybride, assez étrange et expérimentale par bien des égards, mais souvent magnifique et douce. Le point d’orgue étant des sublimissimes épisodes 4 et 7, terrassants. Rare et précieuse, une série subtile et simplement belle.
Normal People (MS) : une simple histoire d’amour, mais sur le long cours, avec des “gens normaux”. Sauf que les comédiens qui les interprètent sont géniaux : Daisy Edgar-Jones et Paul Mescal. Une écriture subtile et nuancée, un écrin qui l’est tout autant, pour une mini-série ultra réussie.
Fargo (S4) : la série anthologique de Noah Hawley s’offre sa meilleure saison avec cette histoire de mafieux à Kansas City dans 1950. Chris Rock et Jason Schwartzman y interprètent des chefs de gangs rivaux qui opèrent une étrange tradition : s’échanger leur plus jeune fils, pour s’assurer que le gang adverse ne fasse rien pour nuire l’autre. Le ton est ultra bien géré, et la mise en scène est toujours aussi classe. Un must.
Gangs of London (S1) : Gareth Evans nous propose une guerre de gangs dans un Londres terne et crasseux, dans laquelle un flic infiltré vient bousculer les règles établies à grands coups de pied dans la gueule. Les bastons et autres gunfights sont dantesques, alors qu’un récit simple et efficace se déroule devant nos yeux. Très bien foutu.
The Outsider (MS) : adaptée d’un roman de Stephen King, cette mini-série déploie une enquête plus ou moins fantastique avec des comédiens habités, Ben Mendelsohn en tête. Assez captivante du début à la fin, la série est plus que réussie.
Validé (S1) : on ne peut que louer l’entreprise. Franck Gastambide tente une plongée dans le monde du rap français, en prenant le parti de le faire par la lorgnette d’un jeune dealer qui voit son succès monter en flèche, et dont les opposants sont nombreux. Hatik est très bien, les rebondissements un peu trop appuyés, mais la série n’en est pas moins réussie.
Better Call Saul (S5) : probablement la meilleure saison de ce spin-off à Breaking Bad, avec un Jimmy McGill devenant peu à peu Saul Goodman (excellentissime Bob Odenkirk), dans une poignée d’épisodes qui filent à toute vitesse, toujours au top d’une mise en scène désormais autant attendue qu’irréprochable.
Pauline Lecocq
Peu de séries de 2020 vues en 2020 pour moi donc voici un top 7 avant de futures rattrapages :
Hollywood (MS) : Cette mini-série positive aborde la question de la représentation au cinéma et à la télévision dans un mélange réel et fictif du Hollywood des années 50. Ryan Murphy et Ian Brennan nous décrivent avec beaucoup d’entrain le fonctionnement d’un studio et de l’industrie à cette époque, et c’est passionnant, même si un peu naïf parfois. Parmi la distribution quatre étoiles, Jim Parsons tire son épingle du jeu en agent monstrueux et Jeremy Pope est une révélation.
La Flamme (S1) : Excellente série à l’humour dévastateur, laissez-vous tenter par cette parodie de l’émission du Bachelor avec Jonathan Cohen, Vincent Dedienne, Leïla Bekhti, Ana Girardot, Florence Foresti, Géraldine Nakache, Adèle Exarchopoulos, Doria Tillier et tant d’autres… Nos plus gros fous rires cette année, avec des répliques cultes (MAAAAAAARC !!) !
Dash & Lily (S1) : Charmante comédie romantique de Noël qui a le mérite de prendre la forme d’une romance épistolaire entre deux jeunes lecteur.e.s assidu.e.s à New York qui se lancent des défis sans se rencontrer. En plus, on parle d’anxiété sociale et de sortir de sa bulle tout en visitant des coins de la Grosse Pomme méconnus. Merveilleux !
Sex Education (S2) : Peut-être encore meilleure que la saison 1 pour nous puisque le côté pédagogique lié au sexe est prolongé dans cette saison 2 tout en développant ses magnifiques personnages. C’est toujours drôle, frais, juste et émouvant.
The Mandalorian (S2) : Une saison 2 du niveau de la première, un peu inégal mais qui se regarde très bien et qui a de belles idées. On apprécie ce mélange de western avec l’univers de Star Wars.
Astrid & Raphaëlle (S1) : Série policière avec un beau duo : Astrid, la documentaliste aux archives de la police, autiste et passionnée de puzzles, et Raphaëlle, commandante de police et mère de famille un peu bordélique. Même si les enquêtes ne sont pas toujours réussies, on aime beaucoup la relation d’amitié qui se noue entre les deux femmes.
Love, Victor (S1) : Joli spin-off du livre et du film Love, Simon, cette fois avec Victor, qui est en plein questionnement sur son orientation sexuelle. Cette série pour ados n’évite pas certains clichés mais on apprécie le geste, notamment le formidable épisode 8 à New York. Et dans le rôle-titre, Michael Cimino (si,si) est d’une douceur et d’une justesse éblouissantes. En plus, il y a la meilleure reprise de 2020 avec une version folk de 'Call me maybe' par George Sear (Benji) que vous vous passerez en boucle !
Noémie Contant
Feel Good (S1) : Je suis une immense fan de l’humoriste Mae Martin. Son spectacle de stand up Dope, dont une version de 30 minutes est par ailleurs disponible sur Netflix, parle avec humour de l’addiction : à la drogue mais aussi à l’amour, à une passion… Feel Good reprend ces thématiques, mettant en scène une version fictive de Mae Martin en couple avec une femme bisexuelle, dont elle est la première relation femme, Georgina (ou George). En 6 épisodes de 30 minutes, Feel Good aborde de très nombreux sujets : la dépendance affective, la difficulté de ne pas rechuter dans ses vieux travers, l’impact sur le couple quand l’une est encore dans le placard, etc. Et cerise sur le gâteau, Lisa Kudrow est juste parfaite dans son rôle de mère à la fois bienveillante, cassante et inquiète. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il y aura une saison 2 !
Work in Progress (S1) : 2020 a vraiment été une grosse année pour la représentation lesbienne et bi. En plus de Feel Good mentionnée plus haut et de The L Word : Generation Q mentionnée plus tard, Work in Progress pousse le curseur de la représentativité encore plus loin en mettant en scène une « grosse lesbienne butch » (ses mots) de 45 ans tombant amoureuse d’un jeune homme trans (interprété par Theo Germaine, acteu.rice non binaire également vu.e dans The Politician) . On suit ses aventures à travers le décompte d’amandes. Lorsque sa psychologue décède en plein milieu de leur session, Abby décide de compter une amande par jour jusqu’à 180 et de décider de se suicider ou non au bout de la 180ème. Le sujet pourrait sombrer très sombre mais la série a des moments très drôles tout en abordant des sujets sérieux.
I am not okay with this (S1) : Quel gâchis de la part de Netflix d’avoir abandonné la saison 2 pourtant en tournage à cause du Covid ! La saison 1 de cette série créée par le réalisateur de The end of the f***ing world et les producteurs de Stranger Things posait extrêmement bien les bases pour une saison 2 et donnait envie d’en voir bien plus. On se contentera donc d’une seule saison de l’histoire de Sid, jeune lycéenne avec des soucis de colère et surtout des gros soucis de pouvoirs surnaturels liés à cette colère.
How to sell drugs online (fast) (S2) : Deuxième saison réussie pour cette série allemande qui relate la montée et la très probable chute de Moritz, lycéen allemand devenu baron de la drogue sur internet presque par hasard. On pense notamment à Ross Ulbricht, fondateur du site Silk road, mais la série reste une fiction. Très bien réalisé, ça se regarde sans voir le temps passé tellement on est pris dans cette escalade du pouvoir et de la dangerosité des actes de Moritz. Avec un petit côté meta car tout cela se raconte sous la forme d’un faux documentaire avec de légers commentaires des protagonistes de l’histoire.
Rita (S5) : Décidément ce top est européen-friendly car Rita est une série danoise ! Le Danemark n’est pas en reste quand il s’agit de nous proposer de bonnes séries, Borgen en tête et dans nos cœurs bien évidemment. Il serait facile d’y voir en Rita une simple série sur le mécanisme de Bad teacher . Ce serait passer à côté des très nombreux sujets abordés d’épisodes en épisodes : homophobie, harcèlement scolaire, adaptation des élèves dits « difficiles »… Durant ces cinq saisons, Rita fait face à tous ces problèmes au sein des établissements où elle renseigne, tout en essayant de gérer sa vie familiale et amoureuse compliquée. C’est une excellente série qui donne à réfléchir et nous ouvre une fenêtre sur le système éducative danois, que nous connaissons peu.
Au fil des jours (One day at a time) (S4) : Un peu dur de noter la série tellement cette saison a été courte et compliquée : après avoir été annulée sur Netflix au bout de 3 saisons, elle a été récupérée par CBS et diffusée sur leur filiale Pop (vous connaissiez ? Moi non plus) puis rediffusée sur la chaîne mère, après une longue période d’arrêt due au Covid. La saison 4 a ainsi un goût d’inachevé qui hélas ne s’estompera pas car CBS ne renouvelle pas la série. Ce qui est dommage, c’est que cette saison est bourrée de bonnes idées qui ne demandent qu’à s’exprimer, notamment « The politics episode », épisode en dessin animé qui oppose les idées de la famille Alvarez, démocrate, à celles du reste de la famille, pro-Trump. Un très grand moment, très en finesse, qui en toute honnêteté m’a fait pleurer à certains passages. Mais hélas le reste de la saison semble réprimé, moins libre que sur Netflix. Je n’étais pas prête à dire adieu aux Alvarez de cette manière.
She-Ra et les princesses au pouvoir (S5) : Pendant féminin de Musclor, She-Ra fait ses adieux en 2020 dans la cinquième saison de la série d’animation. Créée par Noelle Stevenson, ouvertement lesbienne, l’inclusivité est au cœur de l’œuvre, qui va au-delà des clichés habituels. Un très chouette divertissement où on se fait happer par les aventures de She-Ra et ses sidekick Glimmer et Bow.
The L Word : Generation Q (S1) : Suite très très attendue de la série lesbienne phare des années 2000, elle n’est cependant pas toujours aux attentes actuelles et se retrouve plus bas dans le classement que Work in Progress, plus pertinente. Si on la regarde comme elle devrait l’être, c’est-à-dire un soap et non une œuvre politique, cette suite fait bien son travail. Shane, Alice et Bette sont de retour, unies dans un but qui dirige la saison : faire élire Bette maire de New York. Autour d’elles, des nouvelles personnes, censées être la « génération Q » : Finley (qu’on aime ou qu’on déteste : personnellement je l’adore et elle est à l’origine de ma phrase préférée de la saison), Dani (que je n’aime tellement pas que j’ai dû aller sur Wikipédia pour me souvenir de son prénom), Sophie (qui va se retrouver au cœur d’un triangle amoureux) et Micah (homme trans pour le moment peu exploité). Il y a de bonnes idées dans cette saison, comme le fait de parler de polyamour, mais elles ne sont pas toujours bien exploitées et les personnages semblent parfois agir de façon totalement absurde. Mais soyons honnêtes, après le cliffhanger de fin de saison, évidemment que je regarderai la deuxième.
Control Z (S1) / La casa de las flores (S3) : Petite excursion en Amérique latine avec Control Z et La casa de las flores, deux séries mexicaines, l’une à ses débuts, l’autre qui tire sa révérence. Deux ambiances très différentes : Control Z se passe dans un lycée où un hacker révèle les secrets les plus intimes des élèves, surtout des populaires, tandis que La casa de las flores nous fait suivre l’histoire de la famille de la Mora, dans un pur hommage aux telenovelas. Avec des séries comme celles-ci ou la dystopie brésilienne 3%, l’Amérique latine tire de plus en plus son épingle du jeu télévisuel en nous proposant des œuvres réussies et aux styles divers.
Hollywood (MS) / The Politician (S2) : L’hyper-créatif Ryan Murphy nous propose en 2020 deux séries : d’un côté la nouveauté Hollywood, imaginant un Hollywood des années 1950 plus inclusif, d'un autre une nouvelle saison de The Politician, portée par Ben Platt qui tente cette fois de devenir sénateur. Dans tous les cas la formule Ryan Murphy marche, il n’y a rien de bien transcendant mais ça se regarde toujours avec plaisir.
Mentions honorables : Dash & Lily, Big Mouth, Brews Brothers, Mes premières fois, Good Girls, La Flamme, Mrs. America
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