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Jofrey La Rosa

THE FALCON AND THE WINTER SOLDIER (critique)

Dernière mise à jour : 15 sept. 2022

Deuxième série du MCU à sortir sur la plateforme Disney+, The Falcon & The Winter Soldier crée l'événement après WandaVision, en faisant suite à Avengers : Endgame. Récit et avis de Jofrey La Rosa sur PETTRI.

La mini-série s’ouvre sur un (super)héros repassant une chemise. Voilà. Une certaine idée d’un retour à la normale. Mais il range ensuite un symbole immortel - un bouclier qui sera au centre de toute l’intrigue - avant de le céder au nom de l’éducation. Le fer (iron) et le symbole de Cap illustrent le manque, laissé béant par leur disparition à la fin d’Avengers : Endgame, des deux figures de proue des Avengers. Leur comparses Sam (Falcon) et Bucky (Winter Soldier) sont plein de désarroi, depuis leur retour du “blip”, la fameuse extinction de la moitié de tous les êtres vivants entrepris par Thanos à la fin d'Avengers : Infinity War, avant leur sauvetage dans celle de Endgame. Puis suit une scène d’action ahurissante, digne d’un blockbuster ciné, durant lequel Falcon opère en haute voltige lors d'une mission. À toute vitesse, la réalisatrice des six épisodes du show Kari Skogland (The Handmaid’s Tale, Fifty Dead Men Walking) déploie un réel savoir-faire pour les scènes d’action, gérées comme celles des Captain America des frères Russo, avec un effet d’obturateur d’images provoquant une viscéralité coup de poing à des chorégraphies de combat assez folles. Le fait d’introduire des Super Soldats en tant qu’antagonistes met un peu d’enjeu et de fil à retordre à nos deux héros, l’un d’eux étant leur égal, l’autre n’ayant même pas de super-pouvoirs, juste un costume volant. Ainsi qu’une volonté héroïque sans faille.


Sam Wilson (Anthony Mackie) et Bucky Barnes (Sebastian Stan) sont les véritables héros de cette mini-série, pas forcément leur alter-ego super-héroïque. Leur point d’ancrage aussi, ce par quoi Kevin Feige et ses équipes vont explorer des thématiques étonnamment profondes et engagées, et qui vont à la fois avec les retours à la proposition faite à la fin d’Endgame de promouvoir Falcon en nouveau Captain America, et avec l’actualité d’autre part. En effet, la série trouve un discours engagé sur bien des points, mais surtout sur des questions raciales, mises en exergue par un personnage de Super Soldat noir nommé Isaiah Bradley, qui est aujourd’hui un vieil homme à la rancœur fondée. Seul Super Soldat ayant survécu aux expérimentations du gouvernement américain, et à un enfermement de 30 ans en prison pour aucune raison, il éprouve aujourd’hui un rejet complet de tout cela, au titre de sa couleur de peau. Et en effet, à l’époque comme maintenant, un Captain America noir poserait probleme à beaucoup de monde, aux États-Unis comme ailleurs. Et alors que se pose la question pour Sam de reprendre l’alias public de son ami Steve Rogers (interprété par Chris Evans dans le MCU), il est d’abord réticent, le poids trop grand pour ses épaules de simple soldat ailé. Mais quand le choix ne se fait plus, il y voit aussi l’occasion de faire un statu quo politique. À la fois racial et social d’un côté, mais aussi sécuritaire, les antagonistes étant de ceux que Marvel a soigné les motivations, et s’avèrent plus ou moins légitimes, même si c’est bel et bien leur façon de faire qui pose problème. Leur extrémisme est guidée par la reconnaissance des “migrants” que sont les populations revenues après le “blip” et qui, absents pendant 5 ans, sont vus comme des “déplacés” au mieux, des "indésirables" au pire. Des questions soulevées, certes effleurées mais tout de même présentes au sein de cette série grand public, un divertissement Disney, qui ose avoir un discours engagé.


Bucky fait aussi et enfin face à ses démons. Longtemps un assassin contraint pour le compte de la branche soviétique d’Hydra, puis affranchi de son joug lors de son affrontement contre son vieil ami Steve Rogers dans le bien nommé Captain America - The Winter Soldier (2014). Ici, ayant perdu son seul véritable ami, pris dans un tourbillon de culpabilité vis-à-vis (des familles) de ses victimes, il suit une thérapie pour faire amende honorable. Il va même jusqu’à se lier d'amitié avec un vieil homme souffrant de la perte de son fils, que le Winter Soldier a tué lors d’une mission - dans une fabuleuse scène de flash-back, visuelle, coup-de-poing et tendue. Cette quête rédemptrice, on l’attendait depuis le film qui a introduit la version “bad guy” de Steve Rogers. Voici la boucle bouclée.

Sauf que quand Sam rend le bouclier de Captain America au gouvernement à des fins éducatives, un service de communication du gouvernement offre ce symbole à un soldat émérite mais un brin violent, loin de la conception de l’héroïsme de Steve ou de Sam. Cet homme, c’est John Walker, parfaitement incarné par Wyatt Russell (fils de Kurt et Goldie Hawn, vu dans 22 Jump Street et Everybody Wants Some), insupportable Captain America arrogant et caractériel. Il est blond, les yeux bleus, correspond visuellement aux standards de ce que représentait Steve, mais sans le code d’honneur, bien que son personnage gagne de plus en plus en profondeur au fil des six épisodes de la mini-série. Jusqu’à une scène horrible et sublime, où on voit le revers de la médaille (qui aura toute son importance pour le personnage) : désormais doté du Super-Sérum, John Walker abat froidement un homme, en public, à l’aide du bouclier à jamais souillé de Steve Rogers. Et nous n’en avons sûrement pas fini avec cette machine de guerre, désormais embrigadée pour assumer un antagonisme certain au rôle de Captain America, sous le doux nom de U.S. Agent.

Dernier personnage plus que notable : Zemo. Vu dans Civil War, autre volet de la trilogie Captain America, il était contre l’existence même de supers-héros, au-dessus des lois et des humains lambdas. Interprété par l’allemand Daniel Brühl, le méchant bad guy est en prison depuis son arrestation par Black Panther (Zemo avait tué T’Chaka, le père de T’Challa dans une attaque à l’ONU). Contraints de le libérer pour retrouver la trace des nouveaux Supers Soldats terroristes, Falcon et Winter Soldier doivent supporter ce manipulateur génial et à la vision du monde probablement plus saine et moins manichéenne que la plupart du temps dans les productions hollywoodiennes. Parce que si sa vision s’oppose forcément au groupe de Karli, la cheffe des Flag-Smashers, Zemo est tout aussi nuancé et fait probablement partie de ces méchants qui ont raison, même si les méthodes sont trop extrêmes (Killmonger par exemple). Et la libération de Zemo permet un retour des Dora Milaje, la garde féminine du Wakanda, le temps d’une scène de combat magistrale et d’un flash-back mettant en scène Bucky en convalescence en terre africaine, désormais guéri de son emprise assassine. Le White Wolf qu’il est après ce passage au Wakanda devrait d’ailleurs faire partie du futur du personnage. Autre cameo notable, celui de James Rhodes (aka War Machine, interprété par Don Cheadle), qui vient prêter main forte à Sam alors qu’il cède le bouclier.


Tout cela fait de The Falcon & The Winter Soldier une réelle série Marvel, qui persiste et signe en tant qu’un tout global tout en octroyant à chaque titre un écrin particulier et l’occasion de poser sa pierre à un édifice qui devient de plus en plus foisonnant et enthousiasmant. Après WandaVision et son finale émouvant mais narrativement simpliste, Marvel réitère ici. On sent néanmoins que Marvel essaye encore de se trouver un rythme, notamment l’adaptation sérielle en cinq actes, en comparaison aux trois habituels dans leurs productions cinématographiques. Seul réel hic de cette mini-série rondement menée, souvent passionnante et toujours divertissante, dotée d’un casting top et d’une mise en scène soignée. Tout ou presque semble prendre sens au fil des cinq heures de plaisir qu’offre une série d’espionnage mettant un coup de pied au mythe américain avec un entrain qu’on imaginait pas, en plus que de délivrer un divertissement pour petits et grands. Et ce jusqu'à un final successivement sidérant d'émotion (attention la petite larme) puis très feel-good et pleine d'espoir. Santé mentale, interventionnisme et impérialisme étasunien, questions raciales, et jusqu’à changer de titre en cours de série, tout est à sa place dans Captain America & The Winter Soldier. Plus que chaudement recommandée.

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