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Jofrey La Rosa

CAPTAIN AMERICA - CIVIL WAR (critique)

Civil War est un début en trombe pour la Phase 3 du Marvel Cinematic Universe. C’est aussi officiellement le troisième film consacré à Captain America. Mais ce méga-blockbuster est surtout le film le plus ambitieux du studio de Kevin Feige à l’époque. Retour sur le film qui a tout changé.

Ce film est la suite quasi directe des événements de Age of Ultron, le dernier combat des Avengers en date, où la Sokovie a essuyé les erreurs protectionnistes de Tony Stark, quelque peu extrêmes. Dans Civil War, la communauté internationale veut faire signer aux personnes optimisées de l’univers des accords qui les autoriseraient ou non à utiliser leurs pouvoirs spéciaux selon les menaces envers la planète. Et très vite parmi nos héros, une scission fait rage : c’est autour des figures centrales de Steve Rogers (Chris Evans) et Tony Stark (Robert Downey Jr), les Avengers et quelques petits nouveaux s’opposent idéologiquement tout en essayant d’éviter à tout prix l’affrontement fraternel. Mais évidemment, c’est à ce moment qu’un antagoniste du doux nom de Zemo (Daniel Brühl) vient mettre le feu à la poudrière. Autant le dire de but en blanc, Civil War est avant tout une suite à The Winter Soldier, le précédent volet des aventures “solo” de Captain America. Son ami d’enfance Bucky (Sebastian Stan), devenu une machine à tuer à la botte d’Hydra, est en effet au centre de l’intrigue, puisque retrouvé, accusé de terrorisme puis réactivé par Zemo, un méchant pourtant subtil de l’Univers (le grand défaut de la saga jusqu’alors). Au programme donc, les antagonistes se résument en ces termes : un cerveau avec des motivations, et une arme qui ne veut plus en être une.


Il y a donc de la place pour un affrontement longuement rêvé par les fans de la première heure, ceux des comic-books, et ceux du MCU. Nos héros qui se foutent sur la gueule entre eux, avec toutes les combinaisons possibles du “et si untel et unetelle se battent, qui gagne ?”. Mais au-delà du plaisir enfantin de voir des (figurines de) superhéros se battre dans un terrain pouvant ressembler à une chambre de gosse, Civil War délivre un message en posant des questions intéressantes. Alan Moore posait déjà la question dans son œuvre éternelle : “who watches the Watchmen ?”. Dans la version originelle du comics des années 2000, Mark Millar (Wanted, Kick-Ass, Superman - Red Son) allait beaucoup plus loin dans l’opposition politique de Cap et Iron Man. Mais ne nous mentons pas, le MCU est une saga ciné pour tous, enfants, ados et adultes, et il faut évidemment diluer ce propos pour plaire et parler au plus grand nombre. Alors du coup, cette version ciné ne fait qu’explorer en surface les problématiques et l’iconographie du comic-book dont il y est adapté.

Dans Civil War, qui est donc un film officiellement solo, il y a pourtant un nouveau regroupement type Avengers. Avec un twist certes : ils se battent globalement entre eux, et non contre un ennemi commun - même si ce n'est pas totalement vrai. C’est d’ailleurs avec ce film que les frères Russo montrent ce qu’ils peuvent faire avec un combat plus global, en jonglant avec d’innombrables protagonistes. Dans la bataille qui fait rage en guise de (faux) climax, située sur le tarmac d’un aéroport, leurs deux groupes de superhéros s’affrontent sans que la confusion visuelle ne vienne parasiter le spectateur. Faute à un talent évident de faiseurs, qui savent mettre en valeur leurs personnages humains et leurs alter-egos, tels des joujoux avec des boom et des shlaks à répétitions. Dans les différents affrontements du film, l’énergie et les chorégraphies de combat étonnent et impressionnent. Faute probablement aux réalisateurs de seconde équipe David Leitch et Chad Stahelski, les papas de John Wick, ayant aussi œuvré sur Matrix. Caméra à l’épaule, les combats ont du punch. Mais c’est aussi le montage des Russo qui frappent et le film, plus globalement, est bien construit, parfaitement écrit par les scénaristes habituels du duo fraternel : Stephen McFeely et Christopher Markus (Le Monde de Narnia, Pain & Gain). En définitive, Civil War est un très bon film, avec ses défauts certes, mais qui montre à quel point le MCU est généreux avec ses spectateurs. Le plaisir qu’on éprouve devant ce divertissement de tous les instants est en effet total, tant tout est parfaitement exécuté et d’une sincérité qui marque. Un film qui introduit en plus de grandes figures made in Marvel, avant leurs films solos : Black Panther et Spider-Man. À suivre donc…

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