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Jofrey La Rosa

SPIDER-MAN - NO WAY HOME (critique)

Dernière mise à jour : 15 sept. 2022

Il s’agit probablement du film le plus attendu de l’année : ce troisième volet des aventures de l’Homme-Araignée au sein du MCU a été précédé de folles rumeurs et de fuites savamment orchestrées pour créer l’événement. Spider-Man : No Way Home trouve enfin le chemin des salles… Mais delà à convaincre Jofrey La Rosa ?

Le désavantage quand on suit diverses sources d’informations sur le cinéma, c’est les rumeurs, les divulgations d’informations (voulues ou non par les studios), au risque de se gâcher le film et sa découverte. Du coup, il y aura forcément quelques SPOILERS dans ce papier, mais pas plus qu’on en a vu dans les multiples bandes-annonces - et les rumeurs (in)fondées d’internet. Parce que malheureusement, de nos jours, il est presque impossible de découvrir entièrement un film de studio, qui plus est un film Spider-Man ou plus largement du MCU, en étant complètement vierge. On a forcément vu passer une photo, des images du tournage, des trailers, des publicités de partenariats et les fameuses rumeurs dont je parlais. Et ce No Way Home est un cas d’école, mais poussé jusqu’à l’extrême. Les bruits de couloir sur les acteurs présents au casting ou les informations relatives aux éléments narratifs ont fait surface, par diverses sources plus ou moins sérieuses, et surtout, ils se sont propagés sur la toile à vitesse grand V, devenant quasi impossible de se frayer un chemin entre les gouttes. Et ce tapage dingue ne faisait qu'attiser celles et ceux prompt.e.s aux théories les plus folles. Jusqu’à l’overdose. Jusqu’à nous gâcher à tou.te.s un film qui regorge pourtant de surprises incroyables pour les fans.


Tout No Way Home a été spoilé par la sphère internet, jusqu’à sa substantifique moëlle avant même la sortie de ce blockbuster événement. Et ce même si on évite d’habitude ce genre d’informations notoires. Du coup, l’appréciation globale de ce film est totalement biaisée, désamorcée par ces (non)révélations, la présence de certains personnages, ou l’arrivée de twists narratifs. Plus rien ne fonctionne parce que tout tombe à plat, à cause d’un fan-service devenant outrancier en dehors du média cinéma. Et quand bien même ce fan-service aurait été tu, il est assez mal géré pour convaincre pleinement, par un scénario en mal d’inspiration et très proche d’un storytelling automatique qui provoque tantôt malaise, tantôt gêne. Parfois, on sent la volonté du faiseur Jon Watts de mettre en scène un tant soit peu son long-métrage, mais la plupart du temps, il reste dans les carcans d’un style MCU couplé à celui de chez Sony, soit quelque chose d’aussi goûtu qu’une soupe Royco au distributeur de la cafet'. En bref, rien de plus bandant à se mettre sous la dent que dans ses deux précédents films Spider-Man. Les seules réelles trouvailles visuelles ne sont probablement pas de son fait, mais plutôt celles du département CGI. Et pour en finir avec lui, marrant qu’après Mark Webb, Jon Watts ne fasse revenir Electro. Parce qu’on aime l’humour.


Le parcours émotionnel de Peter Parker, malmené dans ce film, convoque donc d’anciens méchants des films Spider-Man hors MCU, à la fois ceux menés par Tobey Maguire et ceux d’Andrew Garfield. Ça avait été révélé dans les bandes-annonces, le Dr Octopus d’Alfred Molina, le Bouffon Vert de Willem Dafoe, l’Homme-Sable de Thomas Haden Church, le Lézard de Rhys Ifans et l’Electro de Jamie Foxx reviennent tous pour en faire baver Spidey (Tom Holland), qui tente de concilier les deux facettes de sa personnalité : son destin de super-héros et sa vie personnelle, mise à mal par les révélations de Mysterio dans le précédent film Far From Home. Sa relation avec sa petite-amie MJ (Zendaya), son meilleur ami Ned (Jacob Batalon), sa tante May (Marisa Tomei) et son mentor Happy Hogan (Jon Favreau) sont mises à mal par la découverte de son identité par J. Jonah Jameson (J.K. Simmons). Il fait donc appel à son ami Doctor Strange (Benedict Cumberbatch), avec qui il a combattu dans deux Avengers : Infinity War et Endgame. Il lui demande la faveur de jeter un sort à l’humanité entière, pour qu’ils oublient tous que Peter Parker est Spider-Man, pour qu’il retrouve sa vie d’avant, où il pouvait vivre un tant soit peu normalement. Mais le sort se déroule mal et ceux qui connaissent l’identité de Spider-Man dans les autres univers passent dans celui de notre Peter, dont les affreux jojos des précédentes itérations du super-héros araignée. Avis aux amateur.rice.s de Multivers, donc…


Toutefois, le film souffre de longueurs folles, et d’un manque d’enjeux certains, notamment dans son deuxième acte. Pire, il est toujours aussi moche que les deux autres films, encore plus porté sur les fonds-verts à gogo. Mais c’est probablement pour empêcher les leaks de tournage, pour tourner le maximum en studio… La photographie de Mauro Fiore n’arrive pas à sauver une image assez oubliable, presque jamais un plan marquant, où à chaque fois, c’est un plan conçu par un DA en CGI. Et ce n’est pas la musique de Michael Giacchino, plutôt bien mais sous-mixée qui fait changer la donne. Kevin Feige aurait-il pour autant perdu son pari ? Pas du tout, tant le film est dans la continuité de ce MCU bien calibré, mais hélas bien trop lisse. C’est bête parce que cette version de Spider-Man est vraiment pas mal, plus légère et 2.0, et sa relation avec MJ très réussie et naïve, même si la fabuleuse Zendaya est trop bonne actrice pour ce qu’on lui donne. Reste un divertissement enlevé et ultra-généreux, qui tient ses promesses et conclut très bien un arc d’un héros majeur de l’univers, tout en ouvrant la porte pour une suite à univers-partagé du MCU, qu’on attend avec impatience, notamment grâce au retour de Sam Raimi à la tête du deuxième volet de Doctor Strange. À suivre donc…

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