Mary Poppins fête ses 59 ans ! Pour l'occasion, PETTRI revient sur ce classique de Disney qui a pourtant failli ne jamais voir le jour.
Synopsis : Rien ne va plus dans la famille Banks. La nurse vient de donner ses huit jours. Et ni M. Banks, banquier d'affaires, ni son épouse, suffragette active, ne peuvent s'occuper des enfants Jane et Michaël. Ces derniers passent alors une annonce tout à fait fantaisiste pour trouver une nouvelle nurse. C'est Mary Poppins qui répond et apparaît dès le lendemain, portée par le vent d'est. Elle entraîne aussitôt les enfants dans son univers merveilleux.
Le film est l'adaptation d'une série de livres pour enfant éponyme écrite par Pamela Lyndon Travers et lue, entre autre, par les enfants de Walt Disney. C'est l'une de ses filles qui lui souffle l'idée d'adapter l'univers de la plus célèbre des nurses au cinéma. Or, malgré de nombreuses demandes officielles, Pamela Lyndon Travers refuse de peur de voir l’œuvre de sa vie dénaturée, s'entame alors une décennie de négociations. En 1961, un accord est finalement signé au prix de moultes conditions : droit de regard sur la production, option sur les droits et donc le pouvoir de les retirer à tout moment, et refus catégorique du genre de l'animation pourtant la spécialité de Disney. En 2013, Disney produit d'ailleurs un joli film Dans l'ombre de Mary (John Lee Hancock) narrant l'histoire du film, de sa genèse à sa sortie en salle. Tom Hanks y incarne Walt Disney et Emma Thompson, Pamela Lyndon Travers.
Fort de son enthousiasme Walt Disney réunit une équipe, et entame la direction artistique du dernier projet qu'il mènera lui-même à terme avant sa mort. Il confie l'écriture du scénario à Bill Walsh, la musique aux frères Sherman, les décors à Peter Ellensha et la réalisation à Robert Stevenson, leur mission est simple : parvenir à donner vie à l'univers enchanté et singulier de Mary Poppins ! En parallèle, Walt Disney caste Dick Van Dyke et Julie Andrews pour camper le doux vagabond et la plus célèbre des nounous, lançant ainsi leur carrière au cinéma.
La magie opère puisque dès sa sortie en salle le film est encensé par la critique et récolte pas moins de 5 Oscars (meilleure actrice, meilleure chanson pour Chem Cheminée, meilleur montage, meilleurs effets spéciaux, et meilleure musique), sur 13 nominations. En effet, le film parvient à nous plonger dans un univers porté par l'imagination et la poésie. Les 2h20 de film passent à un rythme effréné mêlant à la fois humour, douceur décalée et émotions. Il nous emporte dans un tourbillon d’événements merveilleux ; Un monde des possibles porté par ses fabuleux effets spéciaux (révolutionnaires à l'époque quoique joliment désuets aujourd'hui) qui en fait un chef d’œuvre d'imagination : balade en chevaux de bois, serveurs pingouins, thé au plafond, sac sans fond et parapluie volant... Les studios Disney se surpassent et parviennent à intégrer un peu d'animation aux prises réelles, alternées aux décors d'un Londres de carton pâte, et à la magie du matte-painting, Mary Poppins trouve une identité visuelle qui lui est propre, et qui en fait un classique des divertissements familiaux.
En plus de sa candeur, de sa joie de vivre et de sa magie, Walt Disney décide d'introduire dans Mary Poppins une réflexion sur l'éducation et les relations parents/enfants. Lui-même victime d'un père stricte et abusif, il fait de Mary Poppins un de ses films les plus personnel, se servant de son personnage principale comme un pont entre le monde des adultes et celui des enfants (entre lui et son père), et ainsi adoucir leurs relations. C'est là que se tisse le cœur émotionnel du film : la nanny et son comparse Bert sauvent aussi bien des enfants délaissés auxquels on demande de grandir trop vite, qu'un père à la dérive sous le poids d'un travail détesté. « Moi j'aime ce que je fais parce que je fais que ce que j'aime », la ritournelle de Bert souligne a merveille où se situe l'important dans la vie selon Disney : faire ce que l'on aime quitte à être ramoneur, donner son argent pour nourrir des pigeons, laisser s'envoler les cerfs volants, mais surtout que l'imagination, le rire et le rêve sont l'essence même du bonheur.
Enfin, il est impossible de mentionner Mary Poppins sans penser à sa célèbre bande son. Les frères Sherman sont à l'apogée de leur art et des interludes musicaux demandés, ils composent les 24 chansons qui transforment le film en comédie musicale. Autant de titres devenus cultes et recompensés: Un morceau de sucre, Supercalifragilisticexpialidocious, Chem Cheminée, Nourrir les P'tits Oiseaux, etc... Autant de morceaux que d'émotions à souligner. La bande originale se vend comme des petits pains, tandis que le film croule sous les entrées. Mary Poppinsdétient, à l'époque, le record au box-office des studios Disney. Le film se paiera même le luxe de plusieurs ressorties (1966, 1973 et 1980), toutes couronnées de succès.
C'est donc sans surprise que West End (le Broadway londonien) s'empare du succès et crée son propre musical, coproduit par Walt Disney Theatrical Productions et Cameron Mackintosh. Le spectacle, mis en scène en 2004 par Richard Eyre et Mattew Bourne reprend les titres des frères Sherman sur une chorégraphie de Stephen Mear. Le succès au Bristol Hippodrome de Londres est immédiat, au point qu'il verra également le jour à Broadway deux ans plus tard. Malgré son succès pendant de longue années le musical s'arrêtera en 2013, laissant place à une nouvelle création Disney, Aladdin... Mais plus pour très longtemps, car en ce moment même le théâtre Mogador (Paris 9ème) démarre son casting pour recréer le musical tant attendu (inscription par ici).
En attendant de découvrir cette énième adaptation, il est toujours temps de se replonger dans l'univers enchanté de Mary Poppins pour 59ème anniversaire (disponible sur Disney+). Film qu'au fond un seul mot suffit à décrire : Supercalifragilisticexpialidocious !
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