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ANT-MAN & THE WASP - QUANTUMANIA (critique)

Sortie aujourd'hui dans les salles françaises du premier volet de la Phase 5 du MCU. Dans Quantumania, pour la première fois en position de meneur, Ant-Man (Paul Rudd) retrouve The Wasp (Evangeline Lilly) pour une aventure qui s'annonce... réduite ? Critique de Jofrey La Rosa pour PETTRI.

Attaqué de toutes parts par les critiques et spectateurs ayant pu le voir, Quantumania mérite-t-il bien tout ce bashing ? Pas si étonnant tant le MCU convoite récemment toutes les haines et déceptions, venant aussi bien de l'intelligentsia que de fidèles qui ne s’y retrouvent plus - mis à part quand on leur titille la nostalgie malsaine de No Way Home. La Phase 4, qui s’étend au cinéma de Black Widow à Black Panther - Wakanda Forever, à la télévision de WandaVision au Holiday Special des Guardians of the Galaxy, a en effet dû payer les frais de devoir relancer la machine après l’apothéose que fut Endgame en 2019. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le trajet est quelque peu heurté. Entre rebonds des héros historiques (Thor, Hawkeye, Hulk, Doctor Strange, Spider-Man, Wanda), aventure solo hors-timing (Black Widow), installations de nouveaux pans entiers de l’Univers (Eternals, Ms. Marvel, Moon Knight, Werewolf by Night, le TVA de Loki) et retours de bâton à des tentatives pourtant louables (Love & Thunder, She-Hulk, Wakanda Forever), la Phase 4 est pour le moins disruptive. D’autant plus quand on se rend compte que Kevin Feige et son équipe préparent aussi le futur, avec toute la marmaille de nos héros qui viennent prendre la relève. Bref. Nous voilà en Phase 5. Et avec elle, c’est la découverte en profondeur du Quantum Realm, déjà évoqué dans les deux premiers Ant-Man et Endgame, et dans lequel on va pleinement comprendre la menace que représente Kang, dont on a déjà vu un variant dans le finale de Loki saison 1. Jonathan Majors y prêtait déjà ses traits et promettait déjà de bousculer le Multiverse, avant même que Marvel n’annonce son rétroplanning sur les Phases 4, 5 et 6, sur-titrées ‘The Multiverse Saga’.


Après un film solo qui concluait la Phase 2 après une nouvelle réunion Avengers, et un deuxième accompagné désormais de Wasp (Evangeline Lilly), sorti entre les grosses machines Infinity War et Endgame, Ant-Man (Paul Rudd) n’était pas le héros Marvel le plus gâté du MCU. Parcours heurté pour lui, qui a perdu son réalisateur originel (Edgar Wright, je vous renvoie à mon article sur le premier volet), remplacé par un faiseur malléable (Peyton Reed, qui aura signé les trois volets de l’homme-fourmi, celui-ci compris). Toujours dans l’ombre des gros films qu’il accompagne, Ant-Man n’est pas le fer de lance de l’Univers. En tout cas jusqu’à maintenant. Parce que cette fois, Feige lui laisse la place de briller : en ouverture de sa nouvelle Phase charnière, il le met en première ligne face du grand méchant de l’arc. Un premier affrontement contre Kang qui donne un peu plus d’enjeux aux événements de ce troisième volet de la saga dans la saga. En effet, si on a déjà aperçu He Who Remains dans Loki, c’est bel et bien dans ce film que le nouveau Thanos du MCU fait son introduction au cinéma. Et quelle intro ! S’il n’est pas encore pleinement creusé, la force de Kang à ce jour, c’est son interprète : Jonathan Majors est génial. Il donne tout dans la nuance, entre la force et la fragilité d’un personnage multiple, qu’on a hâte de retrouver au détour des prochaines productions du studio. Kang a l’air menaçant, mais surtout puissant et dont le savoir et les capacités étonnent et détonnent (notamment au travers des scènes post-générique de ce film).

Dans ce Quantumania, Scott apprend à concilier sa personna d’Avenger, héros qui a sauvé le monde, à celle de simple partenaire de Hope, sa compagne qui accomplit beaucoup côté charité, mais aussi à celle de successeur d’Hank Pym (Michael Douglas). Surtout, c’est celle de père qui l’intéresse. Pendant cinq ans, il n’a pas vu sa fille Cassie (Kathryn Newton) grandir. Il s’agirait pour lui de renouer avec elle, d’autant que sa petite fille n’est plus, c’est désormais une jeune adulte qui commence à s’attirer des ennuis. Ah oui, elle est aussi brillante - et finit par entraîner son père, Hope, Hank et Janet (Michelle Pfeiffer) dans le Quantum Realm, duquel il faut maintenant qu’ils s’échappent. De là à voir Quantumania comme une nouvelle aventure pour apprendre à devenir parent et comment transmettre, il n’y a qu’un pas. La relation de Scott et Cassie est en effet au centre du film, bien plus encore que l’introduction de Kang. Si bien que la relation amoureuse entre Scott et Hope passe complètement au second plan, tant que le deus ex machina final tombe un peu à plat - comme quoi les propos antivax de Lilly ont peut-être eu raison du rôle de Wasp dans ce film. Elle n’a pour ainsi aucun arc narratif, contrairement à sa mère Janet, dont l’importance narrative est évidente dans ce film se déroulant dans un monde qu’elle est la seule à connaître. Et je dois avouer que Pfeiffer convainc avec le peu qu’on lui donne, reléguant même Michael Douglas à de la figuration de luxe. Paul Rudd a quant à lui l’air de s’amuser comme un fou, mais peine tout de même à pleinement émouvoir dans les moments les plus sérieux, la faute à une écriture des dialogues parfois un peu bancale et d’une aisance du personnage plus volontiers tournée vers la comédie jusqu’alors.

Si on peut regretter l’absence réelle d’idées de mise en scène (avec Peyton Reed, il ne fallait pas s’attendre à mieux…), Quantumania a le droit à un univers visuel assez riche et réjouissant, dont on sent qu’on ne fait qu’explorer les possibilités. Le Quantum Realm du MCU est un endroit parfois bluffant, parfois fusion de plusieurs autres univers. Mais le kitsch qui se dégage de tout ce film qui semble être entièrement tourné sur fond vert (ou dans le Volume?) est assez bien géré pour être joli. Pas étonnant donc de retrouver Bill Pope en tant que chef opérateur - celui qui a signé la photographie de Matrix, Scott Pilgrim ou des Spider-Man de Raimi). C’est très bien éclairé - bien mieux que les deux premiers films Ant-Man, pourtant signés Russell Carpenter (Titanic, Avatar : The Way of Water) et Dante Spinotti (Heat, L.A. Confidential). C’est sûrement dû au fait que le vivier visuel du film soit plus éminemment intéressant, mais assez significatif pour être évoqué - après, oui, il faut être ouvert au kitsch les gars. Aussi, autre département grandement inspiré dans ce volet du petit héros du MCU : la musique originale de Christophe Beck, qui signe sa meilleure partition à mon avis, alors que celles des deux précédents films étaient au mieux anecdotiques (je ne me souviens honnêtement pas d’une seule note). Ici, non seulement on entend la musique (fait rare - mais de moins en moins - dans le MCU), mais en plus elle est impactante ! Puissante aux bons moments, subtile à d’autres, et même extravagante quand le film le nécessite ! Bref, une B.O. que je réécouterai avec plaisir, qui m’a rappelé ce qu’avait produit Mark Mothersbaugh pour Thor - Ragnarök !


Si on peut regretter la quasi absence de Wasp, Quantumania est donc un beau film de transmission entre celui qu’on nomme désormais (enfin pas tout le temps) Ant-Man, et sa fille, qui semble destinée à reprendre le flambeau - autant celui de Scott que celui d’Hank. Pas sûr qu’on revoit Scott et Hope dans un film en solo, mais pour sûr qu’ils auront leur importance dans le combat grandiloquent contre la dynastie Kang à venir. Vous l’aurez compris, pour moi, Ant-Man & The Wasp - Quantumania est un démarrage en trombe pour une Phase 5 du MCU qui annonce plus directement d’enjeux globaux, puisqu’il y a désormais de nouveau un grand méchant identifié. Le film a même l’intelligence de jouer sur l’aspect méta des supers-héros de l’Univers, qui ne sont aimés que par les gosses. Bref, même pas déso d’aimer ce film, de loin le meilleur des trois Ant-Man !


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