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SHE-HULK - ATTORNEY AT LAW (critique)

Beaucoup de backlash pour cette nouvelle série Marvel sur Disney+. Mais pourtant, She-Hulk semble avoir convaincu Jofrey La Rosa, qui vous en parle dans un nouveau volet de sa rétrospective (infinie) du MCU.

Les gardiens du temple et autres incels de Twitter, désormais partout sur la Toile, ont été vite en besogne pour cracher sur cette nouvelle production sérielle de Marvel pour Disney+. Dès les premières images dévoilées, ils se sont attaqués aux CGI qui transforment la comédienne Tatiana Maslany dans son alter-ego She-Hulk. Et attention, ils avaient sûrement au moins à moitié raison, puisque les effets visuels numériques étaient en effet pas terrible, tout comme ils le sont dans le produit fini. Mais au final, on s’en fout, c’est un non-sujet. Puisque la série réussit là où tous ces teubés lui reproche de se planter lamentablement. Évidemment, Ms. Marvel avait ouvert la voie avec son côté girly et musulman, la série avait tout pour rebuter les plus cons des spectateurs habituels du MCU. Et plus encore ici, Jennifer Walters est avant tout une femme d’aujourd’hui, avec ses désirs : sexuels, professionnels, personnels. Mais attendez, le discours féministe et les effets spéciaux, ce n’est pas tout ce qu’ils reprochent à la série.


She-Hulk, c’est pas l’origin-story super-héroïque classique. L’accident qui mène à la “condition” de Jen arrive vite - dès la première séquence d’ailleurs. En effet, en ouverture de série, elle est en voiture avec son cousin Bruce Banner, qu’on connaît désormais bien sous les traits numériques de Mark Ruffalo depuis qu’il a réussi à concilier ses deux personnalités antinomiques : Smart Hulk (ce n’est pas lui qui a trouvé le nom) est la synthèse de son Docteur Jeckyll, Bruce et de son Mr Hyde, Hulk. Entre le scientifique émérite et le monstre géant et vert, il a réussi depuis Endgame à allier les émotions et intelligence de l’un et les force et apparence de l’autre, dans une version plus réduite. Mais dans ce simple trajet familial, un obstacle (probablement important pour la suite des événements concernant Bruce) les fait quitter la route et, dans le chaos de l’accident, le sang de Hulk se mélange à une plaie de Jennifer. Oups. Dès lors, Jennifer acquiert le don (et la malédiction) de son cousin, tout en écopant du sobriquet un brin sexiste She-Hulk (Miss Hulk dans les sorties bédéesque d’origine).

On retrouve avec ce simple mélange sanguin la transmission qui a fait le sel de certaines des meilleures heures des comic-books consacrés au géant de jade : un propos sur le sida bienvenu et intelligent. Mais ce qui pose le plus de problème aux gogols d'internet, c’est le fait que Jen ne galère pas avec l’apprentissage de son “hulkisme”. Dans une superbe réplique, la géniale Tatiana Maslany, véritable force première de la série, explique simplement pourquoi elle gère mieux la colère que son cousin :

“Je suis douée pour contrôler ma colère. Je le fais tout le temps : quand je suis harcelée dans la rue ; quand des hommes incompétents m'expliquent mon domaine d'expertise. Je le fais à peu près tous les jours parce que si je ne le fais pas, je serai appelée émotive ou difficile, ou je pourrais littéralement être assassinée. Je suis donc une experte pour contrôler ma colère parce que je le fais infiniment plus que vous.”

Ce qui dérange les teubés, c’est évidemment ce qui est bien : ce qui pourrait leur apprendre quelque chose, alors qu’un type de personnage auquel on ne laisse d’habitude pas autant de place, nous dit des choses sensées sur la condition féminine dans la société occidentale contemporaine, sur la toxicité masculine ou la santé mentale. Et en plus, voilà un postulat auquel je ne m’attendais pas en abordant la énième œuvre du MCU : She-Hulk est une série intelligente, en tout cas assez pour prévoir la réaction d’incels incapables de regarder autre chose que ce qu’ils ont l’habitude de voir, sans pour autant accepter qu'on ne les oblige pas à regarder. À plusieurs reprises, la super-héroïne qui ne veut pas en être une et désire juste mener une existence normale et son métier d’avocate, essuie en effet les critiques sexistes de haters sur internet, jusqu’à être exposer sa vie privée. Ça ne manquera pas d’énerver notre héroïne (à raison), pour un épisode final qui balaye ça d’un coup de plumeau narratif. L’ultime volet des aventures de cette première saison vient alors détruire le méta, (se) riant de toutes les conventions, réinventant l’omnipotence de Kevin Feige, du matraquage de la saga et de la bienséance. Et puis oui il y a des retours et des promesses pour la suite, comme d’hab. Absolument génial. Mais justement parce que la série reste elle-même : une comédie maline et drôle, qui n'arrête d’avoir un propos et une intelligence fine.


Durant toute la saison, les guests de l’univers se succèdent, pour peindre le tableau d’une Phase 4 de transition à divers niveau pour le MCU : on retrouve donc Mark Ruffalo et son Hulk, qui retourne sur Sakaar, planète sur laquelle il a retrouvé Thor dans Ragnarok. Après son apparition dans Shang-Chi, le retour de Tim Roth permet de boucler l’arc de son Abomination, introduit dans The Incredible Hulk, premier (et seul) film Hulk du MCU. Quant à Wong, on le retrouve après les événements de Multiverse of Madness, pour un énième défilé de vannes pince-sans-rire de son interprète Benedict Wong. Mais la vraie “surprise” (entre guillemets parce que l’info avait fuité), c’est la réapparition de Matt Murdoch, après son caméo dans No Way Home, mais surtout de Daredevil. Le justicier de Hell’s Kitchen revêt son nouveau costume or et rouge, et le charme de Charlie Cox opère une nouvelle fois, tout en (ré)introduisant le héros aveugle dans toute sa superbe. Et plus encore, Jessica Gao, la showrunner de la série, en fait un love-interest on ne peut plus charmant pour Jennifer, dont on a hâte de voir le déroulement, probablement dans Daredevil - Born Again, série prévue pour le printemps 2024.

Yeah, that's what Hulks do. We smash things. Bruce smashes buildings. I smash fourth walls and bad endings. And sometimes, Matt Murdock.

Mais revenons-en à la série en elle-même : She-Hulk fait le choix de la différence au sein du MCU, puisqu’elle est essentiellement une sitcom, avec des percées d’action super-héroïque certes. Mais elle est en effet davantage tournée vers l’humour soft et le côté girly de la chose, avec en plus un côté procédural qui n’est pas sans rappeler des séries telles que Ally McBeal ou Drop Dead Diva. “Lawyer show!” s’écrie alors notre héroïne face-caméra. Ah oui, parce que She-Hulk est aussi évidemment une série méta, où Jennifer brise le quatrième mur régulièrement (comme c’est le cas dans les comics), pour parler directement au spectateur, en connaissant sa condition de personnage de série, des tropes à l’œuvre dans les diverses aventures plus ou moins importantes qui lui arrivent, jouant sur l’attente des spectateurs. Et les caméos des autres personnages de l’univers font partie de ce jeu malin, mais aussi les structures narratives inhérentes aux séries (les intrigues principales et secondaires, les constructions hasardeuses…), mais sans pour autant trop en faire, comme c’était le cas dans les films Deadpool. C’est fait assez subtilement et avec intelligence. Tout comme les liaisons avec le reste du lore et, on l’a dit, l’amusement constant avec les codes, les genres, les prises de position progressiste. Et oui, la plus grande étant la décomplexion totale que permet une scène que celle du twerk avec Megan Thee Stallion : juste deux copines qui s’amusent comme elles l’entendent, se réappropriant une danse (injustement?) sexualisée.


En outre, et pour conclure, je pense que She-Hulk est l’œuvre du MCU la plus comic-booky :

  • des rassemblements de héros qui se serrent les coudes

  • des problèmes relationnels

  • des épisodes à part / des épisodes entiers qui mènent à un pay off prochain

  • introduction de super-héros encore plus marginaux

  • les personnages secondaires ont leurs intrigues secondaires et leurs propres vies

  • les trucs de super-héros interfèrent sur la vie perso de notre héroïne

  • c’est fun

Et surtout, et plus encore : c’est marrant. Parce que oui, c’est con, mais j’avais le smile jusqu’aux oreilles quand je regardais cette série toutes les semaines. Et on ne lui en demandait pas tant. Et pourtant, elle a eu l’intelligence et le courage d’en proposer davantage. C’est de la bombe, She-Hulk. J’ai vraiment hâte de recroiser Just Jen ou She-Hulk dans le MCU.


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