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Noémie Contant

SOCIAL DISTANCE (CRITIQUE)

Dernière mise à jour : 25 oct. 2021

Insatiable créateur de contenu, Netflix ne se laisse pas démonter par la pandémie et nous propose Social Distance, série où la technologie est au cœur du dispositif et le Covid au cœur des sujets.

Elle a bon dos l’annulation de I am not okay with this pour cause de tournage trop compliqué vis-à-vis du Covid lorsque, au même moment, Netflix nous balance Social Distance, série anthologique tournée entièrement à distance. Si l’on met la mauvaise foi de côté, on admettra que Social Distance est taillée pour cela car elle se situe durant le premier pic de l’épidémie du Covid. Au cours de ces huit épisodes d’une demi-heure de cette série produite par Jenji Kohan (créatrice d’Orange is the new black et Weeds), huit histoires se déroulent, toutes intégrant la technologie qui nous a été bien utile durant cette période.

Le procédé n’a bien sûr pas attendu le Covid pour exister : en 2015 déjà, Modern Family nous a proposé un épisode entièrement tourné avec des produits Apple. On peut aussi penser, également en 2015, au film d’horreur Unfriended se déroulant sur Skype. Mais jamais il n’aura été aussi actuel, dans toutes les circonstances et parmi toutes les tranches d’âges.

On passe ainsi d’une réunion d’alcooliques anonymes à distance à un enterrement via Zoom, en passant par deux ados qui se dragouillent via Overwatch, Discord et Snapchat. La technologie se retrouve également chez des personnes pourtant au sein du même foyer mais distanciées socialement : deux retraités débattent sur leur projet de vie alors que la femme est en quarantaine imposée après avoir repris son travail d’infirmière dans son ancien hôpital, et un homme garde un œil sur sa femme gravement malade du Covid tout en essayant de raconter des histoires rassurantes à son fils.

Le dernier épisode, l’un des plus marquants, laisse cependant une part bien moins importante à la technologie. Les épisodes étant par ordre chronologique, l’avant dernier se termine par « Il y a des choses plus importantes ». Nous sommes le 25 Mai, Georges Floyd vient de décéder. L’épisode d’après laisse alors place à un dialogue entre un jeune noir connecté et engagé et son patron, noir lui aussi mais bien plus porté Martin Luther King que Black Lives Matter. L’épisode est abordé sans manichéisme : les deux soulèvent des points intéressants voire émouvants. Cela m’a personnellement rappelée une scène des Chroniques de San Francisco, version de 2019 également sur Netflix, où un débat similaire a lieu mais transposé à l’homosexualité.

On ressort de Social Distance presque épuisé.e en repensant à l’année qui vient de s’écouler, dont la série fait un bilan loin d’être exhaustif mais qui en résume les principales caractéristiques. Parmi les couples confinés qui se disputent, l’angoisse de la mort, les adolescent.e.s plutôt soulagé.e.s de ne pas avoir cours, il y a aussi le climat politique anxiogène, les violences policières… Pour autant, on se laisse bien porter par ces huit épisodes dont, il est certain, au moins un est susceptible de trouver un écho personnel chez vous. Parce qu’on a beau être socialement distanciés, on reste, malgré tout, tous dans le même bateau.


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