Pour ce nouveau PETTRIVIEW, Anouck Vergnaud vous propose de (re)découvrir quatre œuvres culturelles qui l'ont marquée récemment : un jeu vidéo, un livre, un spectacle et un jeu de société !
Jeu vidéo : Spiritfarer, Thunder Lotus Games
Quand j’étais petite, je me suis abîmée les pouces sur les manettes de notre PS1 familiale. Puis j’ai usé souris après souris, en cliquant frénétiquement sur divers jeux sur PC, m’amenant à cette opinion radicale : celles et ceux qui n’ont pas joué à quatre mains sur un seul clavier à “Harry Potter et la Chambre des Secrets” ont-ils vraiment jamais joué à un jeu vidéo ?
Forte de ce snobisme de gamine, convaincue d’avoir à jamais obtenu le Graal vidéoludique, j’ai fait un immense hiatus dans ma pratique. Jusqu’à récemment.
L’un des jeux qui m’a fait replonger est Spiritfarer sur Switch.
Pour faire court, Spiritfarer est un jeu tout doux de management sur le sujet de la Mort. (Oui oui, vous avez bien lu…)
Pour développer un peu, vous incarnez Stella (et son inséparable chat, si vous souhaitez jouer en coopératif), la nouvelle passeuse d’âme, remplaçante de Charon. Votre job est d’accompagner les esprits vers leur dernier voyage. Les uns après les autres, vous les chouchoutez en cuisinant pour eux, améliorant progressivement votre bateau et plus généralement en les aidant à faire leur deuil.
Les gros points forts de ce jeu indépendant créé par un studio canadien sont la direction artistique sublime, la musique douce-amère et le gameplay très relax. Certes, il vous faut répondre à des requêtes mais vous pouvez tout autant vous laisser vivre au gré de votre bateau et pour faire honneur à Voltaire, cultiver votre jardin !
Entre mini-jeux et échanges plein d’émotions avec vos passagers, ce jeu est une parenthèse qui nous rappelle qu’un jeu vidéo ce n’est pas seulement zigouiller des araignées ou lancer des carapaces rouges sur ses adversaires. Cela peut être aussi tout simplement prendre le temps de savourer la vie et les gens qui nous entourent.
Livre : Le prieuré de l’Oranger, Samantha Shannon
Je lis beaucoup de fantasy et de science-fiction et tous leurs sous-genres. Je lis aussi beaucoup d’autrices depuis quelques années. L’offre est pléthorique (et c’est tant mieux !). Mais du coup, il n’est pas rare de lire des livres “bien mais sans que ça me transcende”. C’est le jeu, ma pauvre Lucette.
Et puis parfois il y a des livres qui me happent et qui ne me lâchent pas. C’est le cas du Prieuré de l’Oranger (je l’ai lu en anglais mais la traduction française est sortie, hourra ! ).
De la High-Fantasy (c’est-à-dire qu’il y a des dragons et des intrigues de cour, pour faire simple…) très classique au premier abord mais qui subvertit doucement pas mal de nos attentes de lecteurices.
L’évolution des personnages, au fil des (800 et quelques pages) est très bien gérée et très juste. Le système de magie fonctionne très bien. Cependant, le plus intéressant dans cette lecture, c’est la façon dont elle interroge en creux toutes nos attentes du genre. Ici, la high-fantasy y est moins misogyne, moins gore, plus humaine tout simplement. Elle révèle tous les raccourcis, les paresses parfois des auteurs classiques de ce genre et nous force, en tant que lecteurice, à ne plus prendre pour acquis certains schémas d’écriture.
A lire, ne serait-ce que pour élever ses standards !
Spectacle : Julie Gallibert et Jeanne Chartier - Tout est possible
Difficile de mettre Julie Gallibert et Jeanne Chartier dans une case tellement elles ont touché à tout, entre théâtre, one-woman show et télévision. Mais ici ce qui les lie, c’est l’amour de l’improvisation.
Elles se lancent un défi inédit : improviser pendant 1h à deux sur scène. Jusque là, ça va. Mais elles lancent surtout un défi au public : leur faire confiance. Ici, pas d'interaction en début de spectacle, mais une plongée directe dans leurs imaginaires, sans filet. Au fil des saynètes, les personnages s’étoffent, les éclats de rire surgissent et la joie de se faire surprendre, d’accueillir l’imprévu éclabousse la scène et le public.
La confiance est totale entre ces deux improvisatrices aguerries et le public en redemandait largement à la fin ! Malheureusement ce spectacle prend un pause maternité mais reviendra je l’espère très très vite. N’hésitez pas à suivre leurs pages pour avoir les infos ad hoc.
Jeu de société : Botanik de Frank Crittin, Grégoire Largey et Sébastien Pauchon. Illustration de Franck Dion.
Les Space Cowboys ont encore frappé ! Ce studio d’édition de jeux de société (maintenant faisant partie du groupe Asmodée), fort de ses titres phares comme Splendor, Unlock ou Time Stories, sort Botanik, un petit jeu à 2 joueurs qui est un bijou de design.
Dans un univers mi-steampunk, mi-serres d’un jardin anglais, vous incarnez deux méca-botanicien•ne•s en quête de la machine idéale qui mêlera plantes et rouages de la façon la plus élégante.
Le gameplay est très sympa avec un système d’achat de tuiles un peu amélioré par rapport aux grands classiques, la rejouabilité est immense et l’équilibre entre attaque et défense est délicat et challenge même les joueurs et joueuses les plus aguerri•e•s !
Bonus jeu d’extérieur : la boîte est très compacte et comme ce sont des tuiles en carton, aucun risque que ça s’envole ! #jeudelété
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