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HOLLOW KNIGHT (critique)

Toujours sur ma tournée des redécouvertes de pépites, j’ai récemment refait entièrement Hollow Knight. Plateforming, metroidvania, ambiance darksoulienne… Est-ce qu’il y a un seul élément, au juste, qui ne fait pas mouche ici ? Non, car Hollow Knight, c’est le bingo du jeu vidéo. Un bingo qui a quand même une sacré patte à vous faire chavirer les cœurs.

Team Cherry j’ai rétréci les gosses

Hollow Knight est un jeu culte. En 2017, les trois personnes qui composent le studio ont mis tout le monde d’accord avec un jeu aux allures de metroidvania, en reprenant à merveille les codes du genre : des raccourcis en pagaille, moults allers-retours, de la personnalisation liée au gameplay (pouvoirs et synergie entre eux, combos, upgrade d’arme, etc.), ce fameux sentiment de solitude permanent lors de l’exploration, l’impression d’être sans cesse perdu, etc. Non, le jeu n’invente rien, ou pas grand-chose, mais réussit dans tous les styles qu’il convoque. Avec un supplément d’âme et, comme ses reliques que l’on collectionne et qui nous permette de transformer notre panoplie d’attaques et de défenses, un charme fou.


À Dirtmouth, la ville fantôme ou je mets les pieds après détruit une immense porte surplombant la ville, il y a comme un spleen du dimanche soir. Un entre-deux dérangeant que l’on aimerait pourtant ne pas quitter, comme un vieux plaid un peu usé mais tenant suffisamment chaud encore pour éloigner le froid qui nous menace. Les notes lancinantes de violon et la timide mélodie du piano s’égrènent alors que je parcours la ville, tandis que des lampadaires éclairent fébrilement les maisons abandonnées des insectes qui habitaient autrefois cette ville du royaume d’Hallownest, sans doute riche de vie alors. C’est dans cette atmosphère délétère que débute notre quête.

Sous la ville, il ne me faut pas longtemps pour tomber sur un gigantesque œuf scellé par trois verrous, lui-même disposé dans une imposante sépulture en plein milieu de routes oubliées. Un individu nommé Quirrel (qui n’est pas professeur), un autre explorateur, me vante les mystères de ces contrées, dont fait partie cette curiosité. Quelque chose veut en sortir, mais quoi ? Je n’ai aucune information pour l’instant, mais il est clair qu’il s’agit d’un objectif important. Je poursuis ma route. Un énorme insecte garde un peu plus loin une larve, qui produit un adorable baragouinement lorsque je la libère de sa cage. Qu’est-ce qu’il peut bien se passer ici, pour que tous les insectes que je croise se montrent agressifs ? À qui, à quoi obéissent-ils ? L’esprit un peu brumeux, je poursuis mon chemin. Je finis quand même par noter un détail : mes agresseurs ont tous une lueur orangée au fond des yeux, comme s’ils étaient habités par une malédiction ou, un parasite…


Ah ! Déjà une zone inaccessible, puis ce qui ressemble à un raccourci à débloquer plus tard. Tant pis, demi-tour. Après quelques phases de plateforme et quelques combats, je tombe sur un premier boss tout en armure, un chevalier maniant une lance. Il me faut quelques coups pour le déséquilibrer et le faire tomber, ce qui me permet de voir son visage d’une pâleur étonnante. C’est en le tuant que je remarque qu’il s’agissait d’une créature fantomatique ayant pris possession d’une armure. Bon… Après l’avoir défait, une sorcière me récompense avec un premier pouvoir… mais m’enferme en contrepartie pour me forcer à lui rendre un service… OK, j’ai compris. Je commence à percevoir l’ambiance darksoulsienne/lynchéenne du jeu, il va falloir que je me méfie fortement des apparences… Ce qui me fait penser que… Quirrel portait un masque ? Le même genre de masques qui jonchent actuellement le sol.

« You’ll go Hollow Knight », disait la femme en rouge

Parcourir Hollow Knight soulève bien des questions et, à la manière des jeux From Software, il faut fouiller dans et en dehors du jeu pour en comprendre le lore et les rouages. C’est une œuvre dense, mélancolique, qui dévoile une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, et leur destin tragique. C’est la symbolique d’un cycle sur le point d’être rompu, quelque part entre Dark Souls et Outer Wilds. La promesse feinte de réparer l’irréparable.


Comme ses deux jeux si chers à mon cœur, HK porte en lui tous de nombreux éléments qui en font une œuvre cohérente, et un excellent jeu. Car j’aurai pu vous parler des contrôles et du gamefeel au top, de la beauté des designs des personnages et des environnements, du plaisir infini pris en parcourant cette grande carte soignée, de la difficulté bien dosée, des boss fight spectaculaires… J’aurai pu détailler cette liste. Mais j’ai préféré garder la tête chaude et revivre ma première partie, ma première interaction avec ce monde agonisant. Il y a des jeux qui ne donnent pas envie de faire le rigolo sur papier, qui marquent trop profondément pour ça.


Qui marquent tellement que j’ai pas de mot pour décrire combien la mélancolie de ce jeu m’a touché. Comme un certain banjo pour un certain jeu, dès que j’entends une microseconde du thème, je me liquéfie instantanément sur place, oubliant tout de mon activité ou de mon environnement pour replonger dans ses magnifiques abysses. Alors, on dirait pas comme ça hein, mais c’est une bonne chose. Hollow Knight me plonge dans le même état que la ville de mon enfance, ou le lieu de mes vacances préférées. Un mélange de tristesse et de réconfort, de regret et d’espoir, la frustration douce et vieillissante de mon impuissance face au temps qui passe. Un vrai spleen du dimanche soir, en somme. Mais qu’est-ce que je l’aime, ce spleen, c’est lui qui me rend vivant et insecte.


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