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OBLIVION (critique)

On a fêté hier les 10 ans (déjà!) de Oblivion. À l’occasion de notre rétrospective Tom Cruise, nous vous proposons de revenir sur ce film de SF décrié mais néanmoins intéressant, et ce à plus d’un titre. La critique de Jofrey La Rosa est sur PETTRI.

Au sortir de son legacyquel sur Tron Legacy, suite au cultissime Tron qu’il signe pour Disney en 2010. Joseph Kosinski se plonge dans un film d’action dans un environnement de science-fiction apocalyptique : Oblivion. Mené par Tom Cruise, ce projet est éminemment personnel pour le réalisateur, puisqu’il l’adapte d’un roman-graphique de sa création. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça se ressent dans l’esthétique du film, qui ressemble en tous points aux obsessions formelles de son auteur. Mais on y reviendra. Parce que si Oblivion se situe pile-poil entre deux volets charnières de Mission: Impossible (Ghost Protocol et Rogue Nation), ce film n’en est pas moins (à l’époque) un film-étendard pour la star qu’est Tom Cruise. Un divertissement de science-fiction original, qui n’est tiré d’aucune IP installée (puisque le roman-graphique de Kosinski n’existe pas réellement), avec une méga-star à sa barre, adjoint par une batterie de seconds-rôles costauds (Andrea Riseborough, Olga Kurylenko, Morgan Freeman, Nikolaj Coster-Waldau, Melissa Leo et même Zoe Bell). Ça rappelle un peu ces films des années 1970, aux budgets et castings réduits, mais avec de grandes idées. Et Kosinski s’applique à délivrer un spectacle aussi bluffant visuellement, comme à son habitude, qui fonctionne émotionnellement, grâce notamment à une histoire d’amour tragique, pinacle narratif de l’œuvre.


Après une guerre contre des extraterrestres, il ne reste que désolation et ruines sur une Terre touchée par le nucléaire et une armée de bestioles pas gentilles. Seuls restent sur Terre d’énormes pompes qui siphonnent les océans, alors que la majorité de l’humanité est partie sur Titan, satellite de Saturne. Chargés de défendre ces pompes, Jack et Vika font équipe (et plus si affinités) pour mener à bien une mission qui touche bientôt à sa fin, alors que le vaisseau-mère (le Tet) veille non loin de là. Sauf que… tout ne va pas se passer comme prévu. Si la mise en place de l’univers, le déroulé de l’intrigue et les personnages sont plutôt simples, voire simplistes, ils n’en restent pas moins efficaces, grâce à une narration soignée, une distribution étonnante et une mise en scène vraiment très classe. On ressent dans chaque cadre, chaque choix d’effets visuels numériques ou réels, un véritable amour et un savoir-faire évident pour le designer éculé qu’est Kosinski. Bien avant l’immense succès de Top Gun Maverick, il mettait déjà Cruise en scène en tant qu’intrépide et brillant pilote, mais dans un environnement qui lui sied plus immédiatement : un monde désolé, aux graphismes sidérants de beauté, mais à la froideur de tous les instants. Après Tron Legacy, et avant le méconnu (et plutôt réussi) Only The Brave, son court-métrage The Dig (dispo ici) et la production Netflix Spiderhead, Joseph Kosinski s’imposait déjà comme un cinéaste esthète à l’univers frontal et jusqu’au-boutiste.

Mais que reste-t-il de Oblivion 10 ans plus tard ? Le film continue d’étonner par sa proposition de science-fiction décomplexée et plus que correcte, magnifiée par la superbe partition musicale signée à nouveau par un groupe français, après la géniale B.O. de Tron Legacy par les Daft Punk. C’est en effet les sonorités de M83 qui sublime les paysages diurnes parfaitement mis en image par un Claudio Miranda sachant définitivement bien utiliser les bénéfices d’un tournage numérique (après The Curious Case of Benjamin Button, Life of Pi et plus largement les films de Kosinski), qui sont montés par le vétéran doué Richard Francis-Bruce (The Rock, Seven, Harry Potter). Reste aussi l'incroyable physicalité d’un Tom Cruise investi, mais surtout un film redoutable d’efficacité, en forme de fable de science-fiction sentimentale, aussi froide que le métal qu’elle évoque de par son esthétique éthérée. Un blockbuster comme on en fait que trop peu finalement : beau, stylé, original et jamais pompeux. Un bon film, un grand spectacle. Et oui, Tom Cruise fait bien la moitié du taf, mais le reste n’est pas dégueu non plus.

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