Film-événement de l’année 2022, Top Gun - Maverick sort aujourd’hui dans les salles françaises. Un grand film d’action ou une suite de trop ? Voici la réponse de Jofrey La Rosa pour PETTRI.
Longtemps considérée, cette suite au film culte Top Gun de 1986 voit enfin le jour, quelques 36 ans après. Tom Cruise se sert de son récent attachement aux cascades en réel, loin des CGI dégoulinants des blockbusters actuels, pour relancer le sequel du film qui a fait de lui une star. Au même titre que ses Mission:Impossible, l’acteur impose au studio de faire les cascades lui-même, pour un rendu palpable et tendu, promettant un spectacle incroyable en même temps qu’une performance sidérante. Et ce Top Gun - Maverick ne fait pas exception, bien au contraire, puisque Cruise pilote lui-même les avions de chasse du film. Pour mener à bien le projet, faute de pouvoir retravailler avec Tony Scott, le réalisateur du premier film mort en 2012, il fait confiance à Joseph Kosinski (Tron Legacy, Only The Brave), avec qui il avait déjà travaillé sur Oblivion. À la musique, c’est le grand retour de Harold Faltermeyer, relativement absent des compositions filmiques depuis un paquet d’années, mais associé à un Hans Zimmer aux nappes synthétiques et percussions entraînantes, qui signent conjointement la bande-originale du film. Avec les deux allemands, Lorne Balfe, protégé de Zimmer, vient compléter le tableau, ainsi que Lady Gaga le temps d’une chanson. La musique, pile-poil entre les obsessions formelles du second et le kitch guitarisé du premier, promet de rentrer en tête de chaque spectateur.rice.
À la photographie, on retrouve Claudio Miranda (Life of Pi, Tomorrowland), pour un rendu certes beaucoup moins tape-à-l’œil que celle du film de Tony Scott, mais qui en retrouve l’essence, un twist de modernité “cruisienne” en plus. De plus, les prouesses de son acteur-star permet à Kosinski et Miranda de filmer le comédien dans des situations et des conditions impossibles autrement : on a ainsi des plans sidérants sur la star pilotant lui-même un avion, en ultra-grand angle, les déformations infabricables du visage provoquées par les G qu’il subit à la clé. Les scènes de pilotage sont ainsi tellement réussies qu'elles entrent immédiatement au panthéon des scènes d’action du genre, parce que follement immersives et surtout extrêmement bien montées, mises en image et en son. Parce que oui, le son déboite sévèrement, pour un spectacle total, mais jamais gratuit, qui est étonnamment émouvant et douté d’un cœur gros comme ça.
Pete “Maverick” Mitchell, le héros du premier film, est toujours le même : il n’a pas évolué de son rang de capitaine, toujours une tête brûlée, il continue de désobéir à la hiérarchie. Si bien qu’il est rappelé à l’école Top Gun, mais cette fois pour enseigner à de jeunes pilotes qui doivent partir pour une mission périlleuse, sur un type d’avion dont il est spécialiste. Parmi eux, Rooster (Miles Teller) est le fils de son défunt ami Goose (Anthony Edwards), mort par sa faute dans le premier film. Maverick retrouve aussi un ancien amour en la personne de Penny (Jennifer Connelly), et le film prend alors un virage très personnel, très émouvant et surtout très engageant. Il y a de l’enjeu, des relations, de jolis moments de personnages dans Top Gun - Maverick, ce qui était peu ou proue absent du premier Top Gun. Oui le spectacle militaro-rythmique du ballet volant de ces avions est dingue - mais ça on s’y attendait un peu. Le fait que ce film ait un cœur, c’est plus surprenant. En plus, il prend son temps pour raconter son histoire, ne tournant jamais le dos aux événements du premier film, sans pourtant oublier de créer une histoire nouvelle, répondant évidemment à l’autre, dans l’un des meilleurs legacyquel ever. Ainsi, nous avons tantôt le droit à une scène qui fait chialer, tantôt une autre qui fait gueuler de tension, une autre rire par sa réponse appuyée à l’homoérotisme supposée du film originel : l’intelligence et l’équilibre du film semblent complètes. Probablement un des meilleurs blockbusters de l’année, Top Gun - Maverick a surtout l'honnêteté d’élever son matériau pour gagner les cieux, au firmament de la production actuelle, tout en ayant un œil dans le rétro. Génial.
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