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MS. MARVEL (critique)

Dernière mise à jour : 15 sept. 2022

Nouvelle série Disney+ et nouvelle introduction à un personnage pour le MCU avec Ms. Marvel, origin-story teen pour Kamala Khan, jeune américaine d’ascendance pakistanaise et musulmane, une première pour la saga filmique. Retour sur cette série étonnante par Jofrey La Rosa.

Je dois avouer que je ne connais que très mal le personnage bédésque d’origine. Mais j’étais au courant que sa dernière incarnation en date, depuis 2014, prend les traits d’une jeune femme américaine d’origine pakistanaise et de confession musulmane. Un parti-pris pour le moins intéressant et particulièrement osé dans un contexte et un pays où beaucoup des représentant.e.s de ces minorités sont ostracisé.e.s par une Amérique scindée entre le progressisme libéral à la Obama, et un conservatisme décomplexé et va-t'en-guerre représenté par Trump. Et lorsque Kevin Feige annonce que le MCU accueillera une série Ms. Marvel dans l’une de leur keynote d’annonces, on pouvait se demander si le studio aux impératifs commerciaux nécessaires osera prendre le pari de faire de leur héroïne la jeune Kamala Khan. Et bien oui ! Mais encore faut-il trouver une comédienne capable d’à la fois porter les couleurs de minorités visibles aux États-Unis, mais aussi élevée dans une foi islamique, dont les croyances sont au centre de l’intrigue, tout en pouvant encaisser les remarques des couillons en ligne comme IRL. Et la chance tombe quand au casting se pointe Iman Vellani, jeune actrice canadienne vive et alerte, musulmane d’origine pakistanaise qui pourra donner au personnage toute sa verve adolescente tout en prêtant ses traits et son poids à sa spécificité thématique particulière au sein d’un univers très codifié.


L’inclusivité de la série ne s'arrête pas là, puisque comme notre héroïne est adolescente, la série arbore un ton et une esthétique très teen-movie, avec tout son lot de digressions amoureuses, de castes et de quotidien familio-amical. Kamala est une ado de 2022 comme les autres (enfin de 2025, comme la timeline du MCU le stipule), elle a ses ressentis adolescents et sa vision de la vie, alors que sa cellule familiale est plus que normale, à la fois soudée et aimante. Quand bien même la famille Khan arbore une “différence” normative qui donne sa saveur à la série, c’est sa représentation classique de la famille occidentale qui saute aux yeux, entre les parents déconnectés et dévoués, un grand frère sérieux et cette jeune femme, drôle, détachée et aspirant à la liberté. Une ado lambda en somme. Peu sûre d’elle, elle va découvrir un artefact issu de sa culture familiale qui va lui donner des pouvoirs. Elle va découvrir par étapes que son arrière-grand-mère faisait partie d’un groupe de ClanDestins interdimensionnels, qui demandent son aide avant de la trahir, alors qu’elle va revisiter son histoire familiale, évidemment liée à ses pouvoirs naissants. De ce récit hybride, entre la peinture d’une culture “exotique” et de découverte de sa féminité et de sa puissante, Vellani tire une prestation tantôt maligne et acidulée, tantôt plus subtile et émotionnelle, qui donne une saveur enlevée et feel-good à une série pourtant balisée.


Mais Ms. Marvel est une série plutôt étonnante, gardant jusqu’au bout cette origin-story d’héroïne locale, Kamala agissant telle une friendly neighborhood Night Light (son premier pseudo qu’elle essaye sans cesse de changer). Étonnante aussi parce que l’aspect vraiment teen-movie est tenu et costaud, assorti par une mise en scène très rythmée et bourrée de petites trouvailles ça et là, quand bien même on sent tout de même les limites d’un budget qui semble aussi réduit que le récit qu’on nous conte. Et pourtant, il s’agit dans cette série de nous présenter celle qui viendra assister son modèle Carol Danvers ainsi que Monica Rambeau dans un film prochain, nommé The Marvels. C’est donc accompagnée de deux versions de Captain Marvel que Kamala fera son entrée au cinéma avec ce film introduit en scène post-générique de l’ultime épisode. Je vais à présent évoquer quelques SPOILERS, donc vous n’avez pas vu la série, allez la voir, c’est plutôt cool ! Mais ce n’est pourtant pas la plus grosse révélation sur l’univers faite dans la série, ni même en fin d’épisode, puisque outre nous introduire au Clan Destine, un groupe de puissants êtres issus de la dimension Noor, piégés sur Terre, une autre révélation fait de Kamala un personnage historique dans le MCU.


Dans les dernières minutes d’un épisode climax comme toujours mené autour d’un affrontement fort en CGI bof-bof, le meilleur ami de Kamala, le friendzoné Bruno (Matt Lintz), adepte de sciences et d'ingénierie, lui apprend qu’elle est Mutante. C’est la première fois qu’un personnage de notre Terre-616, issu de notre univers principal, évoque ou est officiellement considéré comme un.e Mutant.e. Nous avions bien vu le Professeur X d’une dimension alternative dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness, et reste aussi à confirmer si Quicksilver et Wanda sont des mutants. Quoiqu’il en soit, maintenant que Disney a acquis les droits des X-Men dans son rachat de Fox, le MCU va pouvoir officiellement étendre son univers aux mutations, probablement en conséquence des actions de Thanos. Mais pour en revenir à Ms. Marvel, en voici une série bien intéressante, plus réduite mais assez dynamique et inclusive pour être réellement agréable, sans toutefois être incroyable. Allez-y donc en votre âme et conscience ; moi j’ai kiffé.

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