Nouvelle série du MCU à sortir sur la plateforme Disney+, Moon Knight est une œuvre singulière et ambitieuse pour la firme super-héroïque toute puissante. Un pari osé qui fait des étincelles avec un Oscar Isaac qui est définitivement partout. Critique par Jofrey La Rosa.
Quand a été annoncée la Phase 4 du Marvel Cinematic Universe, le projet qui m’intriguait et m’enthousiasmait le plus, c’était ce Moon Knight. Ado, j’étais fan de la mythologie égyptienne, et ce(t) (anti)héros dans la veine de Batman, des troubles mentaux dissociatifs en plus, n’est autre que l’avatar de Khonshu. Les comics me plaisaient donc beaucoup. J’appréhendais un peu l’approche du personnage au sein du MCU, mais je trouvais que le faire en série était un bon choix. Quand le nom d’Oscar Isaac (Drive, The Force Awakens, The Card Counter) a été évoqué, j’étais on ne peut plus ravi, étant donné que c’est mon acteur favori du moment. Un de comics méconnu préféré, dans un univers que j’affectionne avec mon acteur chouchou ? Je signe où ?!
J’étais donc chaud bouillant. Mais j’ai un peu déchanté. On connaît dorénavant très bien la méthode de Kevin Feige, et certains héros de l’univers Marvel peuvent en payer le prix. La modernisation de Marc Spector est bienvenue, pour le distancer un peu de Batman (Spector est plus ou moins un justicier milliardaire dans les comics). Mais c’est bien le cas Steven Grant qui est intéressant ici. En confiant le(s) rôle(s) à un acteur de l’acabit d’Isaac, peu de chances de se planter quant à la capacité d'interprétation de ces deux personnalités opposées dans un même corps. En réalité, ce qui m’a le plus embêté au premier abord, c’est l’utilisation extensive des CGI, y compris et quasiment totalement pour le costume du Chevalier de la Lune. Les Marvel Studios tiennent absolument à augmenter les costumes de ses héros avec des effets visuels numériques - et je trouve ça naze. Que ce soit dans Spider-Man ou ici, le rendu est d'ores et déjà pas beau du tout ; mais qu’en sera-t-il dans 5-10-25 ans ?
Et même si la qualité de ces effets numériques est comparable à ce que propose Marvel au cinéma, ils ne sont pas réussis, loin de là. Par exemple, la course-poursuite du premier épisode n'est vraiment pas jojo. Mais bon, à la limite… Aussi, le principal défaut que je reproche à cette (première?) saison est de ne pas grandement passionner. On s’ennuie parfois, le rythme fluctuant grandement, et ce alors qu’on a uniquement six épisodes de 45 minutes. Dommage.
Mais sinon, au-delà de ça, Moon Knight est une très bonne série.
Je vous ai fait peur, n’est-ce pas ?
Non sérieux, c’est très bien foutu, l’univers est très bien retranscrit et adapté, avec des problématiques modernes et un réel point de vue frais et novateur au sein d’un MCU parfois un peu morose et automatique. Le trouble dissociatif dont souffre le protagoniste permet aux réalisateurs de s’amuser quant à la forme avec laquelle ils jouent pour signifier le passage d’une personnalité à une autre, tout en en montrant la dureté sur l’état d’esprit du ‘malade’. Les choix musicaux sont pour le moins louables, oscillant entre la chanson arabe, le rap egyptien, les crooners occidentaux et la partition originale inspirée de Hesham Nazih. Intéressant aussi pour Feige d’aller chercher Mohamed Diab, formidable auteur de drames sociaux égyptiens tels que Les Femmes du bus 678 (2010) et Clash (2016), et le duo Justin Benson/Aaron Moorhead, qui ont signé des films de genre très réussis tels que Spring (2014) et The Endless (2017), pour réaliser cette série menée par le scénariste Jeremy Slater. On sait ce dernier responsable de séries comme Umbrella Academy et L'Exorciste, et de films comme Les 4 Fantastiques (2015) ou Death Note (2017). Pas étonnant donc que l’écriture structurelle soit parfois aux fraises. Mais côté mise en scène, rien à redire, mis à part les choix discutables d’effets spéciaux numériques dont on a déjà parlé. Les trois hommes, tour à tour, entraîne le spectateur dans un ride mené par un acteur fabuleux, qui s’amuse comme un fou à interpréter (au moins) deux personnages, avec des rebondissements et une mise en scène claire et limpide, parfois même inventive, même si on sent de temps à autre les limitations télévisuelles liées au budget. Mais autant le design de Khonshu que ceux de ses comparses divins, ainsi que la justesse du jeu d’Ethan Hawke, parfait en antagoniste détestable, face à plusieurs Oscar Isaac, qui trouve un cinquième épisode passionnant pour explorer le passé commun de ses personnages. Et que dire de la modernisation de Marlene, désormais Layla El Faouly, dont l'interprète May Calamawy (Ramy) tient tête à un Oscar Isaac toujours en grande forme. Une prouesse en soi, qu’on a envie de revoir dans le MCU. Parce que maintenant que Moon Knight et son univers sont introduit au public au sein du MCU, espérons qu’on les revoit, que ce soit pour une deuxième saison ou au cinéma…
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