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MASTER OF NONE (critique S3)

Disponible ce dimanche sur Netflix, la troisième saison de Master of None semblait inespérée. Après moult remue-ménages en coulisses, on peut découvrir une saison sous-titrée Moments of Love, centrée sur Denise, le personnage de Lena Waithe.

Dans cette troisième saison inespérée de Master of None, Aziz Ansari, néanmoins toujours aux commandes, laisse sa place devant la caméra à sa partenaire d’écriture Lena Waithe. En effet, si le coauteur des deux premières saisons (avec Alan Yang) s'éclipse côté interprétation, il coécrit l’ensemble des cinq épisodes de cette saison nommée Moments of Love, en plus de les réaliser. C’est Lena Waithe, qui interprétait jusqu’alors le second rôle de Denise, sur laquelle repose désormais cette série sur une certaine jeunesse américaine urbaine, issue de minorités, et dédiée à l’amour et ses rouages. Mais pour ce faire, elle n’est pas seule puisqu'elle est rejointe par Naomi Ackie (The Rise of Skywalker, Small Axe, The End of the F***ing World). Les deux femmes interprètent un couple vivant désormais loin de la ville, et qui décide d’avoir un enfant, avant qu’une fausse couche ne mette le feu aux poudres. Nous sommes donc loin des péripéties comico-réflexives de la première saison, ou de la romcom contrariée et référencée de la deuxième. Cette troisième saison s'annoncait très différente, mais à ce point ?


Lena Waithe et Naomi Ackie portent à merveille ce récit lancinant et refermé. Les deux actrices jouent avec habilité et subtilité une partition toute écrite à leur gloire, leur laissant la place et le temps de déployer leur palette, leur personnages et leurs sentiments finement écrits. Déjà, par leur complexité, puis plus profondément, dans leur affres et ce que cela signifie pour ce couple de lesbiennes noires - et tout ce que ça implique sur les questions de représentation. Une histoire d’amour complexe et pleine de vie, entre deux femmes, noires qui plus est, dans la plus grande des normalités. Alors certes, la série met le doigt sur quelques aspects inéquitables pour les couples homos ou les célibataires, notamment sur l’accès à des traitements de fertilité, mais le regard de cette saison est résolument normatif. Et c’est là la plus grande force de ces Moments of Life. Une tranche de vie belle et sincère, qui n’a pas besoin d’artifice pour raconter une histoire directe.


Le rythme donné à cette saison en désarçonnera plus d’un.e. Ansari impose un côté lent et contemplatif loin du ludique de ce qu’il proposait dans la deuxième saison (et encore plus loin de la première). Master of None est définitivement son laboratoire d’idées, son fan-film à lui. Tout son côté arty se déploie, dans une copie à la forme libre (la durée des cinq épisodes varie entre 20 et 57 minutes), cadré dans de longs plans fixes éclairés par Thimios Bakatakis, le chef opérateur de Yorgos Lanthimos (The Lobster, Mise à mort du cerf sacré). Ici, peu de comédie. Place au (mélo)drame, avec une relation parfaitement écrite, malgré un certain côté attendu, un quatrième épisode magnifique et un ultime épisode étonnant. Moments of Life est un pas de côté pour Master of None, dans lequel on retrouve tout de même Dev à deux reprises, nous laissant voir ses amours toujours compliquées, mais se concentrant sur Denise (Waithe) et surtout Alicia (Ackie), fendant le cœur dans des territoires purement adultes où on n’attendait pas forcément Ansari. Mais c’est tant mieux.



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