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HEARTSTOPPER (critique)

Sortie fin avril sur Netflix, la série Heartstopper est devenue l’un des succès surprises de la plateforme. Pauline Lecocq vous explique sur PETTRI pourquoi c'est un événement.

Une coming-of-age story somme toute déjà vue au premier abord : Charlie, un garçon timide de 15 ans, ouvertement gay et victime de harcèlement, tombe amoureux d’un de ses camarades, Nick, 16 ans, star de l’équipe de rugby de leur école. Sauf qu’ils deviennent amis, et plus si affinités.

Sur le papier, la série a un air de déjà-vu, pourtant il s’agit de l’adaptation du roman graphique du même nom d’Alice Oseman (ici au scénario) : elle y dépeint avec énormément de pureté deux adolescents découvrant des sentiments amoureux et devant faire face à leurs groupes d’amis (et un peu à leurs familles). Et mine de rien, par des situations du quotidien, l’écriture opère une série de désamorçages bienvenus qui viennent décomplexifier certaines situations dramatiques, soit une sorte de contre-pied aux poncifs narratifs que nous connaissons, et ça fait du bien. Pour cette audace, on a adoré cette série. D’autant plus que la pureté des rapports entre les deux protagonistes, et d’autres personnages secondaires, a rarement été aussi bien dépeinte. Bien qu’ayant presque le même cadre que Sex Education, autre série britannique à succès de Netflix, on en est très loin au niveau du ton et de ses personnages. Car ici, point question de sexe à proprement parler mais de sentiments.


Les personnages sont brillamment incarnés par de jeunes acteur.ices tous.tes remarquables : Joe Locke et Kit Connor (vu en jeune Elton John dans Rocketman) notamment dans les rôles principaux, et il y a même Olivia Coleman (The Favourite, The Father, Broadchurch…) pour quelques scènes d’une simplicité magnifique. Cerise sur le gâteau : les acteurs sont proches de l’âge de leurs personnages, soit 17-18 ans en moyenne (pour des personnages en ayant 15-16), une actrice transgenre incarne Elle, c’est donc à noter et à encourager, tellement ce choix ajoute de la crédibilité à cette histoire. Leur fraîcheur et leur spontanéité vont de pair avec la profondeur qu’iels peuvent aussi amener. On adore particulièrement l'un des meilleurs amis de Charlie, nommé Tao, sa cinéphilie et ses punchlines : que ce soit pour se défendre contre des abrutis à l’école ou pour exprimer ses plus grandes peurs, voyez plutôt : “Next thing you know, Charlie will be bringing the whole rugby team to our film night and making us watch Avengers or something.” (« Et puis Charlie va ramener toute l’équipe de rugby à notre soirée film et nous forcer à regarder Avengers ou un truc du même genre. »)

Cette série teen met en scène ces petits moments de l’existence, à l’âge pivot de l’adolescence, où il faut apprendre à « stand up for yourself », se défendre, être fier de soi, à apprendre à se connaître et à assumer qui on est. L’amitié y est aussi importante que l’amour, et la confiance et l’honnêteté sont les maîtres mots de ses ados, en quête d’eux-mêmes parfois mais qui semblent se trouver de plus en plus. On reste désarmé.e. devant tant de pureté et d’innocence, qui ne basculent pourtant pas dans la niaiserie durant ces 8 épisodes de 30 minutes.

La mise en scène n’est jamais agressive et adopte un ton doux également, par le biais de travellings, de gros plans, de plans fixes et moyens. C’est son image qui nous marque aussi, avec ses couleurs pastels, colorées, chatoyantes, avec des incrustations d’animation qui rappelle le roman graphique, sans que ce soit grotesque, juste par petites touches bienvenues et poétiques. La bande originale est très agréable avec de jolies chansons qui collent au ton et aux situations auxquelles font face les personnages.


En faisant le portrait de relations amicales et amoureuses saines, et en « banalisant » ses personnages LGBTQ+, Heartstopper donne un magnifique exemple pour les jeunes générations. Cette série d’une mignonnerie sans nom est mine de rien une petite révolution à elle seule : on y parle de bisexualité (OUI !), de transidentité, de coming out discrets, d’harcèlement, de masculinité toxique… Heartstopper, ou comment grandir avec douceur et sincérité, est un succès critique et public dans le monde entier et a beaucoup fait réagir sur les réseaux sociaux (qui ont d’ailleurs leur importance dans la série, sans être non plus prépondérants). La profonde sincérité et la délicatesse de ce petit bijou ne peuvent que vous emporter. On peut même qualifier cette série romantique de petit phénomène car quand vous tapez Heartstopper dans la barre de recherche Google, vous verrez apparaître des incrustations animées (oui, oui, on a testé et on vous invite à faire de même pour amener un peu de paillettes dans vos vies… et votre barre de recherche !). Les saisons 2 et 3 viennent d’être confirmées, et on a plus que hâte ! D’ici là, n’hésitez pas à vous (re)plonger dans le roman graphique et ses 4 tomes !


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