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EUPHORIA (critique épisodes spéciaux)

Dernière mise à jour : 24 oct. 2021

Dans deux épisodes spéciaux produits pour palier le retard de la deuxième saison dû à la situation sanitaire, Euphoria revient vous briser le cœur et ravir vos mirettes. "Trouble Don’t Last Always" et "F*ck Anyone Who’s Not A Sea Blob" sont dispo sur HBO (aux USA) et OCS (en France).

Quelque peu coincé par la situation sanitaire, Sam Levinson a déjoué les confinements californiens pour tourner d’un côté un film, Malcolm & Marie, qui sortira sur Netflix le 5 février, et deux épisodes spéciaux de sa série Euphoria, sortis successivement début décembre et fin janvier. Sa muse et actrice Zendaya l’avait mis au défi d’écrire un film, puis des épisodes d’Euphoria, pouvant être tournés selon des règles sanitaires strictes, ce que le bonhomme a fait, toujours avec la même ferveur. Cet auteur-réalisateur est en effet au top de sa jeune carrière depuis 2018 et son Assassination Nation, petite bombe esthético-tonale mettant en scène une nouvelle génération décomplexée à la psychée différemment complexes. Un clou qu’il enfonce et magnifie dans la première saison de la série HBO Euphoria, dans laquelle il traite d’addiction, du monde digital, d’adolescence et d’amour, dans une saison merveilleuse, subtile et puissamment émotionnelle.


Au terme de cette première saison, l’héroïne Rue, éperdument amoureuse de Jules, est laissée sur le bord d’un quai de gare. Cette addict aux drogues médicamenteuses rechute. On la retrouve dans “Trouble don’t last always”, le premier épisode spécial, un huis clos où elle discute avec son parrain de son groupe de parole, Ali. La veille de Noël, dans un diner, Ali et Rue discutent longuement de la vie, d’addiction et de deuil, dans une conversation cathartique où ces deux êtres trouvent des discutions tour-à-tour terre-à-terre puis philosophiques, enrichies par leurs expériences, du haut de leur 17 et 54 ans. Ce rapport filial, où il manque un père à l’une, une fille à l’autre, et où ils se rejoignent et s'empoignent sur leur addiction, leur sevrage, leur famille, leur couleur de peau aussi. L’inclusion woke n’est plus dans Euphoria. L’ouverture d’esprit est innée. Les spectres de sexualité sont personnels et sans jugement de la part des auteurs. Et ce jusqu’à offrir la possibilité à l’actrice de Jules, Hunter Schafer, de co-écrire son épisode spécial, le second, nommé “F*ck Anyone Who’s Not a Sea Blob”. Si le premier était un huis clos, ce deuxième épisode hors-saison est plus foisonnant, guidé par un rendez-vous de Jules chez la psy, mais pas que, permettant de donner de la substance à ce personnage ultra riche.


Dans les deux épisodes, on assiste à des conversations introspectives, à deux points de vue thérapeutiques sur des amours adolescentes complexes, à des plongées dans la psychée de ses personnages principaux, pour en explorer les failles et ressentiments, dans deux épisodes magnifiquement écrit, éclairés et mis en scène, par des orfèvres de la fiction actuelle. Par deux fois, ils nous surprennent et nous émeuvent profondément, jusqu’à des derniers plans déchirants, qui se répondent, dans des zooms/dézooms pluvieux à travers des vitres, sur les visages de nos héroïnes aux abois. Et les deux actrices qui les incarnent, Zendaya et Hunter Schafer, sont grandioses. Assez dingue la capacité de ces jeunes comédiennes de procurer des émotions pures et fortes sur des grands comme des micros moment de jeu, dans des faiblesses de voix, des regards, des attitudes. Et la subtilité et la beauté de cette série dans son ensemble sont telles qu’il est précieux qu’elle ait le droit (au moins) à une seconde saison, dès que la situation sanitaire le permettra. On a très hâte...

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