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CRAZY BEAR (critique)

S'il est un pitch de film que l'on n'attendait pas forcément, c'est bien celui-là : un ours avale par erreur de la cocaïne (beaucoup !), et attaque goulûment quiconque se met entre lui et sa poudre blanche. Peut-on parler de sniff movie ?

Les temps sont durs pour les blockbusters en ce moment, non ? À de rares exceptions près (Nolan notamment), la production des majors américaines en la matière se résume ces derniers temps à des suites/prequels/spin-offs/reboots lisses et peu inspirés d'œuvres préexistantes, ou à des films de super-héros sans âme copiés-collés jusqu'à l'infini... et même bien au-delà. Alors forcément, quand Universal, fidèle à sa tradition historique de Studio des films de monstres, annonce une comédie d'horreur sur un ours rendu fou par l'ingurgitation d'une grosse quantité de cocaïne, ça paraît complètement crétin mais on accueille la nouvelle avec enthousiasme !


La première force de Cocaine Bear (le nom original de Crazy Bear -ah, la magie des titres "francisés" en anglais mais moins bien), c'est sans doute son honnêteté : il ne vise jamais à dépasser l'ambition que laisse à entendre son pitch, à savoir être un gros B-movie déjanté, assez idiot mais fun. Et en la matière, on peut dire qu'il y parvient avec brio.

Le ton est donné dès la scène d'ouverture : un dealer dans un avion balance des caisses de coke par la porte, mais rate totalement sa sortie, victime de sa propre marchandise. Par la suite, le film fera intervenir un nombre assez élevé de personnages, avec une constante : tous ou presque sont des bras cassés absolus (les deux dealers complètement nazes, la ranger qui veut juste serrer son collègue amoureux des animaux, le gang de jeunes agresseurs sous-doués, les ambulanciers...) avant même qu'on les place devant la menace de l'ours, et offrent d'ailleurs souvent les scènes les plus hilarantes du film au fur et à mesure qu'ils s'entrecroisent.

Ajoutez à cela un ours - ou en l'occurrence une ourse, comme le découvrira un personnage malgré lui-, super-prédatrice intoxiquée à la drogue des humains au point de se comporter comme eux dans sa voracité et sa dépendance à son nouveau vice (après tout, elle cherche simplement des sacs de drogue pour combler son appétit ; ce sont les humains qui se mettent en travers de son chemin en les cherchant aussi). Forcément, ça va saigner !

Et si tous les personnages présentent au début du film une dépendance à quelque chose, qui les bloque dans leur existence (sa tristesse au prix de sa paternité pour Eddie, sa mission au prix de son intégrité pour Daveed, son désir au prix de son travail pour la Ranger Liz...), certains pourraient bénéficier de la confrontation avec la Cocaine Bear pour dépasser les problèmes qui les ravagent. Pour les autres... scrontch !

Le film se fait un malin plaisir à sortir un peu des sentiers battus d'Hollywood, en montrant ce qu'on n'a pas trop l'habitude d'y voir, notamment plusieurs scènes assez gores, ou une scène avec des enfants et de la drogue (drôle et un peu innocente, mais néanmoins inattendue).

Outre son côté comique réussi, la réalisatrice Elizabeth Banks parvient également à ménager des scènes de suspense efficaces, voire parfois de peur, grâce à sa mise en scène soignée et toujours lisible, à laquelle on ne peut objecter que ce mauvais tic commun à de nombreux films d'horreur : révéler systématiquement dans le cadre l'endroit hors-champ duquel l'ourse va surgir (un personnage décadré avec une fenêtre derrière lui, bien sûr que la menace viendra de là...). La tension est également bien entretenue grâce à la musique de Mark Mothersbaugh, dont le style oscille avec pertinence entre électro old school à la John Carpenter, électro plus contemporaine et musique de western spaghetti. Il faut le dire, l'ourse en CGI est tout de même assez moche, on est loin du niveau de réalisme des singes des récents Planet of the Apes par exemple... mais bon, ce n'est pas le même budget non plus, et l'histoire est assez prenante pour qu'on fasse vite abstraction de la question.


Mention spéciale à la brochette d'actrices et acteurs, tous excellents, dont le regretté Ray Liotta dans ce qui est probablement son dernier rôle (le film lui est d'ailleurs dédié), et l'excellent Alden Ehrenreich, qu'on retrouve pour la première fois sur grand écran depuis sa performance dans Solo il y a cinq ans (il rejoint pour l'occasion ses camarades Phil Lord et Chris Miller, ici producteurs).

Le public américain a très bien accueilli le film, et si vous n'avez rien contre un belle comédie potache, un peu audacieuse, vraiment drôle et sans prétention, alors aucun doute : vous allez y passer un bon moment !


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