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AMERICAN HORROR STORIES (critique S2)

La deuxième saison d'American Horror Stories est en cours de diffusion sur Disney+. Dans cette série dérivée de l'œuvre anthologique phare du prolifique duo Ryan Murphy-Brad Falchuk, chacun des épisodes est indépendant des autres et nous plonge dans un environnement d’épouvante plus ou moins appuyé - tout comme la première saison l’an dernier.

Retour de la petite sœur d’American Horror Story aujourd’hui sur la partie Star de Disney+ (soumise à une limite d’âge), pour une saison 2 dotée de huit épisodes. American Horror Stories, c’est le même ton décomplexée que sa série-mère, où l’horreur se mêle au commentaire social, mais au lieu d’avoir une histoire horrifique différente par saison, c’est chacun des épisodes qui le sont. Et après une première saison en demie-teinte, à la qualité plus que variable et ayant un peu de mal à se sortir de l’ombre de sa grande sœur, American Horror Stories revient en force en saison 2. En effet, quasiment tous les épisodes sont au pire bien, voire parfois excellents. Retour sur chacun d’entre eux.


Épisode 1 : “Dollhouse

Un épisode qui commence comme une des visions d’horreur les plus perturbantes qui soit : une maison de poupées grandeur nature (avec une référence à Hereditary à la clé), où des jeunes femmes sont obligés par un riche papa à se grimer en poupée dans une petite maison aux diverses influences architecturales, pour amuser un petit garçon. Le père, c’est l’inénarrable Denis O’Hare, habitué de la franchise, comme toujours glaçant. Notre protagoniste est interprétée quant à elle par Kristin Frøseth (Sharp Stick, La vérité sur l’affaire Harry Quebert), qui doit survivre dans un espèce de Squid Game à la sauce AHS, qui finit ni plus ni moins en prequel d’une des meilleures saisons de la série-mère : Coven. Très efficace.


Épisode 2 : “Aura

Super casting et association d'acteurs que ce “Aura”, qui fait de Gabourey Sidibe (Precious) et Max Greenfield (New Girl) un jeune couple, qui s’installe dans un quartier surveillé. Suite à un traumatisme d’enfance, madame a très peur des intrusions dans sa maison. En plus de la périphérie gardée, elle achète donc un système de vidéosurveillance qui s’installe sur la porte d’entrée de leur maison. Et évidemment, des phénomènes bizarres et inquiétants vont se succéder. L’épisode commence comme un home invasion, avant de muter en pure ghost story, puis en récit de féminicide, puis de harcèlement moral domestique… Dans le principe et le ton d’AHS (auxquels il faut accrocher on est d’accord, mais après dix saisons de la série-mère et deux de celle-ci, on s’habitue ou on arrête), incroyable épisode.


Épisode 3 : “Drive

Bella Thorne interprete une jeune femme californienne, qui drague des jeunes hommes en boite. Jusque là, rien de réellement étonnant. Sauf qu’elle est en couple. Libre certes. De cette relation ouverte, elle tire la satisfaction de ses pulsions. Sauf qu’elles ne sont pas forcément celles qu’on croit. Dans cet épisode intriguant à l’ambiance thriller 90’s, on assiste à une véritable recherche de l’inversion des rôles du harcèlement, sexuel ou autre, à grands coups de twists dans tous les sens. C’est un conte moral, mais dont le propos n’est pas si frontal, pour un résultat nuancé et presque immoral. Le showrunner Manny Coto arrive à instiller de l’horreur dans le quotidien, pour mieux s’en détacher au fur et à mesure et créer une bulle d’horreur purement hollywoodienne. Assez implacable.


Épisode 4 : “Milkmaids

Dans un contexte bien plus historique, dans le 18ème siécle américain, “Milkmaids” nous conte l’histoire d’une femme (Julie Schlaepfer), obligée de vendre son corps pour s’en sortir. En pleine épidémie de variole, elle pense que les tâches qui parsèment son corps sont des dons de Dieu, qui immuniseraient quiconque les goûteraient. Dans le village, le nouveau prêtre (parfaitement horrible Seth Gabel) la traite en pestiférée et l’oblige à s'enfuir. Recueillie par une douce bergère (Addison Timlin), elles vont se livrer à des ‘déviances saphiques’ très mal vues à l’époque. Parmi les villageois, Cody Fern interprète un père venant de perdre sa femme de la maladie, qui veut tout faire pour sauver son gamin. Dans cet épisode un peu à part, on revient dans le temps, pour mieux parler du monde actuel, la variole symbolisant plus ou moins le Covid. Entre lesbianisme, patriarcat et abus, science et foi, l’épisode brasse large, avec un casting d’enfer, pour un pamphlet moral réussi, à la réalisation soignée. Le tout avec une fin pessimiste. Que demande le peuple ?


Épisode 5 : “Bloody Mary

On est bien loin du cocktail qui fait bien plaisir dans l’avion. Bloody Mary est une légende fantastique dans la lignée de Candyman, où quand on dit trois fois son nom devant un miroir avec une bougie, dans une pièce sombre, elle apparaît pour, au choix, vous octroyer un vœu ou vous butter. De quoi se demander s’il faut le faire ou pas. Bref, quatre jeunes femmes le font en même temps, et vont devoir assouvir les tâches dictées par la ‘sorcière’ si elles ne veulent pas mourir. Dans cet épisode là encore en guise de conte moral, les auteurs reprennent les codes d’une légende connue dans le monde entier, pour la réinterpréter face à l’Amérique et ses traumas, esclavagistes, raciaux et génocidaires. Pas mal, avec un casting all-black réjouissant, fait de notamment Dominique Jackson (Pose) et Quvenzhané Wallis (Les Bêtes du Sud Sauvage, 12 Years A Slave). Au top.


Épisode 6 : “Facelift

Dans cet épisode, Judith Light (Madame est servie, ACS) campe une femme vieillissante à Beverlly Hills, coin très friqué de Los Angeles. Veuve dans un monde d’apparences, elle essuie quelques soucis d’argent depuis que son mari fortuné est mort, lui laissant sa fille (Britt Lower, Severance) pour seule attache. Elle se décide alors à mettre toutes ses économies dans un lifting miracle qui va la conduire à l’horreur. Encore un conte moral qui mute dans cette saison d’American Horror Stories. D’un drame californien, on part d’abord sur une possession, pour ensuite dériver sur une chasse à l’homme (ou à la femme plutôt), avant d’arborer une fin plus qu’immorale. Si ce volet est moins captivant, il n’en est pas moins efficace et tapageur. Soit.


Épisode 7 : “Necro

De beaux jeunes gens parlent (ou pas) de traumas et de mort, dans un épisode macabre et juste, explorant encore une fois des aspects de la moralité, mais versant aussi jusqu’à la nécrophilie. Toujours dans le style AHS, mais avec une pointe de thématiques elevated horror que ne renierait pas A24. La faute à un script malin et inattendu, toujours sensible et tendu. Vraiment bien.


Épisode 8 : “Lake

Ça débute comme un trope bien connu : un groupe d’ados s'amuse dans un petit bateau sur un lac du Midwest. Des amourettes, de l’alcool, tu connais. Mais très vite, la plongée en apnée dérape et transforme la spring-break horror en histoire de fantômes zombiesques. Un jeune homme (Bobby Hogan) meurt et sa sœur (Olivia Rouyre), témoin de l'événement, passe quatre mois en hôpital psychiatrique. Leurs parents (Alicia Silverstone et Teddy Sears) ne se remettent pas, d’autant plus que le corps n’a jamais été retrouvé. Mais alors que la maman se met à être visitée par l’esprit de son fils, elle décide de retourner sur place avec sa fille, pour retrouver (le corps de) son rejeton. L’épisode enchaine les beaux moments de deuil, des twists et des résolutions à un rythme soutenu, entre propos sur le profit dévastateur américain, le patriarcat et la filiation, avec des clichés sans cesse désamorcés. Le tout bercé par une musique de Mac Quayle qui convoque la douceur mélancolique d’un Pino Donaggio. Assez fou.


En définitive, à condition d’adhérer au style outrancier du ton de American Horror Story, ou plus largement des créations de Ryan Murphy/Brad Falchuk, cette série dérivée trouve enfin son rythme de croisière. Après une première saison en demie teinte, encore trop dans l’ombre de sa grande sœur et la qualité trop variable, la saison 2 a désormais ses qualités propres. C’est notamment dans son éclectisme de sujets et de twists que la série brille enfin, pour un rendu certes toujours limité par moments, mais assez divertissant pour être très agréable à regarder. La faute à de supers comédien.ne.s plus ou moins habitué.e.s des productions du duo hyper prolifique. Leurs thématiques reines sont toujours là, toujours bien amenées et utilisées, dans une anthologie d’histoires plus ou moins horrifiques bien plus digeste que dans la première livraison. Une richesse qu’on retrouve dans les génériques de chaque épisode, tous différents, stylés et réussis. Alors oui, ce n’est pas à mettre dans toutes les mains, mais American Horror Stories a trouvé la bonne formule, à la fois folle et morale. Alors go !

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