Série dérivée de la série anthologique phare du prolifique duo Ryan Murphy-Brad Falchuk, American Horror Stories arrive aujourd’hui sur Disney+. Cette fois, chacun des épisodes est indépendant des autres et nous plonge dans un environnement d’épouvante plus ou moins appuyé. Critique.
Comme à leur habitude, les hyperactifs Ryan Murphy et Brad Falchuk proposent de nouvelles choses encore une fois, avec une série dérivée à leur succès depuis maintenant 10 ans : American Horror Story. Ici, on met la marque reconnaissable au pluriel, et on ne change pas fondamentalement le ton, malgré un twist : désormais, chacun des épisodes est indépendant et conte un récit horrifique différent. Mais évidemment, la team de créatifs va explorer les mêmes thèmes qui les habitent régulièrement. L’inclusion et la représentation LGBTQ seront légions, avec des discours plus ou moins appuyés à des phénomènes sociopolitiques de ces dernières années.
Épisodes 1 & 2 : “Rubber (wo)man - Part I & II”
Un épisode qui fait ouvertement référence à la série originelle. On replonge tout de suite dans la Murder House de la première saison, dans laquelle s’installe un couple formé par Matt Bomer et Gavin Creel et de leur fille interprétée par la jeune Sierra McCormick, au visage rond et poupon. On retrouve le costume de Rubber (Wo)man, que l’adolescente s’attribue et commence à tuer ça et là dans un conte de mœurs méchant et bien mené, dans un double-épisode vengeur et complexe, parce qu’un peu immoral par moments. Mais de beaux twists over-the-top et une normalité queer bienvenue, dans un double-épisode enthousiasmant mais loin d’être parfait, à l’image de la série. En effet, exit les trouvailles esthétiques des précédentes saisons et place à un filmage plus lambda, dans un numérique sans saveur.
Épisode 3 : “Drive In”
Dans cet épisode, on est en plein dans les figures archétypales du slasher, avec ses teenagers chauds bouillants et sa malédiction. Ici c’est un film qui est maudit. Un film qui rend instantanément ses spectateurs en zombies assoiffés de sang. Lors d’une projection dans les années 1980, tous les spectateurs se sont entretués. De nos jours, une nouvelle projection est organisée pour les aficionados des légendes du cinéma. Durant cette séance, les choses vont partir en couilles. Reste un épisode réussi mais pas incroyable, avec un John Carroll Lynch parfait mais n’allant pas toujours au bout de son sujet, là où Masters of Horror tenait un chef d’œuvre avec La Fin absolue du monde (réalisé par John Carpenter). Tant pis.
Épisode 4 : “The Naughty List”
Un épisode de Noël, en plein été. Why not. Un groupe de “bros” californiens sont des youtubers à succès, usant des codes de la plateforme jusqu’à fausser un semi-coming out ou filmer le suicide d’un homme. Ici, Murphy et Falchuk s’essayent à la satire, avec un commentaire sur la surenchère du contenu de l’immédiat faisant bien évidemment allusion à l’incident Logan Paul mais le traite de façon bien superficielle et avec un ton et un rythme complètement bancals. Jusqu’à réduire le sujet à un jeu de massacre bêta expédié avec un papa Noël interprété par Danny Trejo (Une Nuit en Enfer, Machete). Meh...
Épisode 5 : “BA’AL”
Un couple qui n’arrive pas à avoir d’enfant. Après des inséminations infructueuses, la jeune femme (Billie Lourd) fait appel à une sorcière païenne, qui lui donne un petit totem de démon à placer sous leur lit au moment de la conception. Après une scène de sexe soft à l’esthétique ratée en hommage à Brian De Palma, elle tombe évidemment enceinte. L’enfant naît, et le démon vient récupérer son dû. S’ensuit une honnête descente dans la folie pour la jeune mère… jusqu’à un double-twist plutôt cool. Pas loin d’être le meilleur épisode, mais le manque d'identité visuelle et sonore de la série fait rage. Dommage.
Épisode 6 : “Feral”
On nous rejoue une série B à la mode 90’s, sur une famille qui part camper en forêt et dont le fils unique disparaît en pleine journée. Épisode sur le deuil et l’amour parental, “Feral” convoque plein d’archétypes et de poncifs de l’horreur mais aussi des légendes urbaines, pour créer une recherche étonnante mais mal rythmée, peuplée de monstres humanoïdes zombiesques et de Bigfoot qui n’en est pas vraiment un. C’est encore un épisode inégal et donc oubliable, mais une tentative louable, qui pêche surtout par son casting moyen, son écriture paresseuse et ses effets peu soignés.
Épisode 7 : “Game Over”
Étonnant dernier épisode de cette saison que “Game Over”. Murphy et Falchuk tentent le méta, avec plus ou moins de succès. Il y a du twist et de l’horreur, de la surprise et des retours notables (Dylan McDermott). Mais on revient finalement à la construction normale d’une série narrative plus classique, puisqu’ils viennent conclure ce qu’ils avaient entrepris dans le premier double-épisode de la saison. On y parle jeu vidéo et fin de la Murder House, mais c’est finalement l’histoire de Scarlett et Ruby qui parle au duo de scénaristes-producteurs. Si la réalisation est égale aux premiers épisodes (ce qui pêche réellement dans cette saison-essai), on gagne un peu en ampleur putassière, parfois à la limite du malaise, pour un résultat coussi-coussa mais tout de même réjouissant par moment.
Si on doit résumer cette première saison d’American Horror Stories, on peut dire que c’est loupé. En tout cas en grande partie, parce que son essence même de série anthologique ne permet pas de garder de la consistance sur tous ses épisodes, dont la qualité et l'intérêt varient beaucoup. Ce n’est pas aussi impactant que les premières saisons de sa série-mère, à laquelle on est obligé de la comparer tant la filiation est évidente et centrale (d’autant plus après l’ultime épisode). Dommage, donc… Try Again ? (tu sais, relatif au titre de l’épisode...non? Ok.)
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