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ZUUKOU MAYZIE - SEGUNDA TEMPORADA (critique)

Le plus soft des comparses du 667 revient avec un deuxième album encore plus éclectique et suave que le premier, nommé Segunda Temporada. Un disque qui s’éparpille ? La réponse sur PETTRI, évidemment.

Zuukou Mayzie est le “pretty boy” le plus intéressant du rap francophone actuel. Un Cerbère qui touche à tout, entre un côté plus pop, le parti-pris complotiste de son crew de la Ligue des Ombres ou bien une alternance de kickage nonchalant et de chant bien senti. Et la complexité fait l'intérêt, d’autant plus quand l’artiste a les mêmes références que l’auteur de ces lignes : Pharrell Williams et N.E.R.D. en général. On l'a vu, il porte un tee-shirt du groupe lors de son (excellent) passage sur la chaîne Colors, il avoue que Pharrell est la personne qui lui a donné envie de rapper/chanter dans l’émission Rap Jeu, et a même singer sa marque Billionaire Boys Club pour le transformer en BG Boys 667 Club dans son merch. Et au-delà de ça, ça se ressent. Complètement décomplexé, Zuukou détruit les barrières du rap, qu’on pourrait pourtant illustrer très proches de lui avec des artistes comme Freeze ou Ashe 22, adeptes du rap hardcore, pur et dur ou même du “no melody”, des extrémistes du rap sans concession. Et pourtant, on les retrouve ici dans son tracklisting, qui s'avère qui plus est parfait de bout en bout niveau featurings.

Quand j’tema documentaire sur l’esclavage / Faut j’tema Django sinon j’ai trop la rage

On retrouve donc le fer de lance du 667, Freeze Corleone (Pépé Anglais), mais aussi des membres de l’ekip: Osirus Jack (Kevin Mitnick), Black Jack OBS (Victorinox), ainsi que quelques producteurs-phares, comme Flem. Nous avons donc également Ashe 22 (Zuukou 2.2), un proche du groupe issu de l’écurie Lyonzon, mais aussi des noms plus ouverts comme Wit, le comparse du Digitalova de Laylow ou le suisse Di-Meh, qui assurent tous deux des feats de grande qualité, respectivement sur Mundo LDO et Survet Bayern Doc. Les véritables OVNI bienvenus sont les collaborations avec Timothée Joly et The Pirouettes, sur deux titres qui élèvent encore davantage un disque déjà très ouvert. Si Zuukou avait déjà fait référence à Timothée Joly sur Primera Temporada, son projet précédent, la connexion avec les Pirouettes peut surprendre au premier abord. Mais c’est mal connaître les deux partis, puisque l’un adore la synthpop sucrée du groupe parisien, ce dernier aimant aussi les incursions rappées. Du coup l’association entre la pop pointue de Joly ou des Pirouettes et la sensibilité de Mayzie fait des étincelles, dans deux morceaux incroyables : Pourquoi pas et Skr Skr.


S/o Vicky / S/o Léo / S/o moi-même

Des morceaux accompagnés réussis donc, mais aussi en solo, Zuukou Mayzie s’amuse, expérimente, kiffe et fait kiffer : que ce soit sur l’efficacité de Sofie Fatale ou l’émotivité de Haku, la maîtrise de Coach Carter ou la fragilité de Le Mayz, l’aspect dansant de Encore Vincent ou le kickage pur de Be Water ;). Zuukou Mayzie est à l’aise sur tous les registres, en plus d’ouvrir le rap à de nouvelles dimensions bien plus riches et attrayantes au plus grand nombre. Ce n’était pas gagné, mais quand on maîtrise une discipline, autant repousser ses carcans, en se mettant en danger et en tentant des choses. C’est le cas de cette Segunda Temporada, le projet le plus immédiatement abouti de Zuukou Mayzie, véritable avant-gardiste roublard d’une richesse rare, qu’il faut chérir dans le paysage d’un rap français qui peut paraître parfois redondant mais qui fait preuve d’une versatilité de plus en plus impressionnante.


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