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WEREWOLF BY NIGHT (critique)

Dernière mise à jour : 17 nov. 2022

Présentation spéciale pour Halloween sur Disney+, Werewolf By Night est un coup d’essai pour le MCU, qui tente d’introduire tout un pan plutôt confidentiel de ses comic-books, dans un univers plus ténébreux, où les monstres et l’horreur s’immiscent dans l’univers partagé.

Pari à plus d’un titre, Werewolf By Night est disponible sur Disney+ depuis le 7 octobre, mais a été conçu comme une présentation spéciale pour Halloween par Kevin Feige, le grand manitou du MCU. Qui dit Halloween dit horreur, qui dit horreur dit monstres, et qui dit montres et Marvel, dit Werewolf By Night. Une bande-dessinée de l’écurie trouvant ses origines dans les années 1970, qui met en scène un antihéros lycanthrope dans un univers plus sombre et horrifique. Un peu compliqué d’introduire de l’horreur dans un MCU au cinéma encore très destiné aux enfants et ados. Mais sur Disney+, Feige et son équipe pourraient bien avoir la place pour tester un unitaire spécial. Un 52 minutes est donc sorti il y a quelques jours, mais le pari d’adapter tout le pan de l’univers bédéesque au sein du MCU n’est pas le seul pour Feige.

Quand un des meilleurs storytellers du Hollywood contemporain change de discipline, ça peut faire peur à des gens qui cherchent avant tout des faiseurs doués. Sauf que Werewolf By Night signe la première réalisation du génial Michael Giacchino, compositeur pour le cinéma, les séries et les jeux-vidéo depuis plus de 25 ans. On lui doit les bandes-originales de Star Trek, Super 8, Jurassic World, The Batman, Là-Haut, Ratatouille, Vice-Versa et autres Lost et Medal of Honor. Qu’on le veuille ou non, on a pas pu échapper à ce compositeur oscarisé, qui depuis 2016 fricote de plus en plus avec Marvel Studios : Doctor Strange, les Spider-Man, Thor - Love & Thunder, mais aussi et surtout la fanfare qu’arbore le logo du studio depuis cette époque. Le prolifique auteur de bandes-originales est surtout un conteur d’histoires au travers de sa musique, (presque) toujours réussie, dans la grande tradition de la musique originale hollywoodienne. Mais depuis quelques temps, on le sentait intéressé pour passer derrière la caméra. Il franchit le pas en 2018 avec le court-métrage Monster Challenge (dispo sur YouTube), qui donnait déjà, comme son titre l’indique, une importance particulière aux monstres, mais aussi à une folie narrative et visuelle, qui l’ont surement permis de gagner la confiance de ses collaborateurs réguliers à Marvel Studios, pour le laisser passer à la réalisation sur Werewolf By Night.

Le film s’ouvre par un logo personnalisé du studio, qui passe au noir et blanc, avec une fanfare sonnant plus datée. Après un prologue bien foutu, c’est parti pour pousser tous les potards référentiels : entre les films de monstres d’Universal des années 1930 et les serials des années 1950, Giacchino s’amuse à appliquer une ambiance singulière à son moyen-métrage à mille lieues du conformisme des films Marvel. Dans un noir et blanc très sombre et nocturne, à l’esthétique soignée, seul un artefact magique et scintillant fait ressortir son rouge, qui vient éclairer le capteur de la caméra d’un cinéaste doué. On sent les limites budgétaires imposées par ce risque qu’est le film pour la marque Marvel (on a uniquement deux décors, mais magnifiques tous les deux), mais peu importe, puisque c’est ultra généreux. Plus, c’est stylé et mis en scène avec goût, et doté d’une belle partition, évidemment par Giacchino lui-même. Devant sa caméra, qui cadre et se meut avec élégance, Gael García Bernal (Y Tu Mamá También, La Science des Rêves) interprète un Jack Russell convaincant, parfois drôle et parfois habité, face à une superbe Laura Donnelly (The Nevers) et une Harriet Sansom Harris (Frasier, Desperate Housewives) vampirique. Pas avare en action et en vannes plutôt subtiles, Werewolf By Night arrive à transformer l’essai, grâce à une direction artistique sans faille, un aplomb certain, et un savoir-faire évident, d’un auteur qu’on a hâte de retrouver à ce poste, tant son inventivité vient redonner du grain à moudre à ses employeurs. Et plus personnellement, je ne boude pas mon plaisir à assister au déploiement de toute cette frange de l’univers, qui je l’espère viendra encore l’enrichir davantage, pour un pur plaisir coupable (d’ancien) geek. Mais de toute façon, il faut reconnaître la qualité quand elle est là, et même s’il est encore contraint à la bienséance et par son budget, Werewolf By Night est une entrée en matière enthousiasmante.


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