Tous les ans, nous vous proposerons nos tops culturels : au tour de la musique de passer à l'épreuve du top !
Jofrey La Rosa
The Weeknd - After Hours : sorti au début du confinement, j'ai été d’abord un peu dubitatif avec cet album, je me le suis pris longtemps après. Sûrement dû à un état d’esprit, surtout quand un artiste nous parle de son mal-être dans un endroit (la vampirique Los Angeles) alors qu’on est soi-même obligé de rester bloqué. Mais bref. Cet album est un chef-d'œuvre. Plus que ça, c’est l'apothéose de ce qu’a fait The Weeknd sur toute sa carrière (pourtant pas dégueu). Principalement produit par Metro Boomin, le disque prend des risques, va jamais là où on l’attend, dans un storytelling visuel et beau, trouvant à plusieurs reprises l’occasion d’étonner, d’émouvoir, de faire frissonner. Incroyable. Mais genre vraiment.
Childish Gambino - 3.15.20 : comme d’habitude, Donald Glover a eu de la suite dans les idées. Le premier jour d’un confinement mondial, il a mis en ligne un site, jouant en boucle ce nouvel album, sans que nous ne puissions rien faire sur la tracklist ou un éventuel replay. Et après les succès de son album funk “Awaken My Love”, de This is America et de son diptyque Summer Pack (dont on retrouve ici le Feels Like Summer sous le nom 42.26), le projet Childish Gambino touche à sa fin de la meilleure des manières avec un chef d’oeuvre pop et soul, avec des accents hip-hop et électro. Toujours éminemment riche et stylée, je pense qu’on en a pas fini avec la musique de Glover… En tout cas je l’espère de tout coeur. Et au pire, on pourra se refaire a aeterno ses albums, ses mixtapes, ses EP…
Freeze Corleone - LMF : la personnalité de Freeze Corleone pose problème. Je peux le comprendre. Mais ses combats sont légitimes, même si contestables par la forme. Reste sa musique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que son style est incomparable et imparable. Technique, attitude, style, tout est incroyable. Ses flows, ses phases, ses prods, Freeze maîtrise tout, sur une composition principale de Flem. Ses featurings sont tous au poil : Alpha Wann, Stavo, Despo Rutti, Le Roi Heenok, Osirus Jack ou Alpha 5.20, entre autres… Du rap hardcore, qui sera loin de faire l’unanimité, mais réelement incroyable sur à peu près tous les points.
Laylow - Trinity : celles et ceux qui suivaient la carrière de Laylow depuis un moment attendaient avec impatience son premier album. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le petit prodige toulousain n’a pas déçu. Plus que ça, il a agrandi sa fanbase, avec un projet conceptuel mêlant obsessions digitales qui le caractérisent et mélancolie suave. Les compositions et arrangements sont dantesques, les ambiances sombres et envoûtantes, tandis que la voix de l’artiste s’accorde parfaitement aux nappes numériques des productions. Les invités de luxe de l’album sont eux aussi tous parfaits : Alpha Wann, Lomepal, Jok’Air, S.Pri Noir et son ami Wit.
Népal - Adios Bahamas : juger une œuvre posthume est toujours délicat. Néanmoins, je peux affirmer sans risque que tout dans ce disque crie au génie de son auteur, un des rappeurs les plus talentueux de sa génération : Népal aka KLM aka Grandmaster Splinter. Un rap sensible et magnifiquement écrit, où on saisit à chaque lecture de nouvelles choses, des phases, des éléments de production, un sous-texte lointain. Une œuvre forcément crépusculaire, mais aussi un prodigieux petit chef-d'œuvre de rap francais.
Kid Cudi - Man on the Moon III : The Chosen : le retour de Cudi avec un troisième opus à son Man on the Moon, c’est un événement. Et pas des moindres, puisque Scott Mescudi revient avec virtuosité et inventivité. C’est génialement produit et écrit, et accueille des apparitions remarquées de Trippie Redd, Skepta et du défunt Pop Smoke, introduisant le Kid à drill, dont c’est définitivement l’année.
Eminem - Music to be murdered by / The B-Sides : le grand retour en grâce de Slim Shady. Que ce soit l’album ou sa réédition, augmentée de 11 titres, on assiste à une renaissance d’Eminem, inarrêtable de créativité, d’aptitudes rapologiques et de technicité pure. La musicalité n’est pas en reste, avec des productions enlevées et ultra riches, en plus des flows incroyables d’un Marshall Mathers 2.0, en plein nouvel âge d’or. Mais aussi de ses invités, dont Dr Dre, Anderson .Paak et Don Toliver. Un nouveau classique ? Sûrement, le temps nous le dira.
Future ft. Drake - "Life is Good" : la seule chanson isolée du top. J’aurais pu mettre l’album High Off Life de Future, mais sa qualité est trop fluctuante pour réellement m’accrocher de bout en bout. Avec ce single en featuring avec Drake, Future crée un tube incroyable, aux flows toujours acerbes, en plus d’avoir un beat switch enivrant et un extrait d’interview (celle avec Clique, cocorico) en guise de pont. Et puis le message optimiste bienvenu cette année.
Alpha Wann - Don Dada Mixtape Vol.1 : que dire de plus que ce qu’il y a dans ma critique ? Une VRAIE mixtape de VRAI rap, en 2020. Merci le Phal. Merci Don Dada.
Drake - Dark Lane Demo Tapes : une mixtape entre deux réels albums, et Drake est toujours au top. Que dire ? C’est superbement produit, superbement rappé, superbement chanté. Un projet plus rnb, plus sensible, mais toujours aussi réussi. Avec en prime le tube Tootsie Slide et l’incroyable Chicago Freestyle. À revisiter d’urgence.
13 Block - BLO II : après Triple S et BLO, le quatuor de Sevran revient avec un second opus nommé simplement BLO II, qui les inscrit définitivement dans la même lignée que leurs modèles trap US des Migos (desquels on attend toujours Culture III). Flows lunaires, attitudes plus qu’il n’en faut, mélodies folles, tout l’ADN du groupe se retrouve dans ce projet, en décuplé. Zed, Stavo, Zefor et Oldpee ont pris en confiance et prouvent leur aisance au micro de la meilleure des manières (pour leur genre) : avec conviction et force.
Ludwig Göransson - Tenet (Score) : compositeur que je suis depuis ses débuts dans la sitcom (Community, New Girl), collaborateur de Childish Gambino, qui a explosé suite au succès de sa partition pour Black Panther, Göransson collabore désormais avec Nolan, conseillé au cinéaste par Hans Zimmer, occupé ailleurs. Et Göransson compose une musique originale radicale (tout comme le film), qui ne plaira pas à tout le monde. Ses accents électro et sa gestion rythmique pètent dans de jolis percées hard. Ses reverses audacieux (en lien avec le sujet du film) et son ton novateur font de cette BO la meilleure de l’année.
Gracie Abrams - Minor : après moultes titres sortis depuis 2015, la bien nommée Gracie Abrams sort un premier EP lumineux et sombre, plein de désillusions et d'espoirs, doté de sept titres à fleur de peau. Des compositions léchées portent bien une mélancolie juvénile et la voix de cette jeune artiste, qui accomplit un premier méfait très prometteur. Hâte d'entendre la suite...
Sneazzy - Nouvo Mode / Deen Burbigo - Cercle Vertueux : Sneazzy sort un deuxième album cinq ans après le premier (entre temps il a fait une série d’EP nommée Dieu Bénisse SuperSound), alors que son comparse parisien Deen Burbigo revient après trois ans d’absence, lui aussi avec un deuxième album. Ce dernier est plus sage, plus posé, plus mature. Les flows sont simples et efficaces, l’écriture moins retorse, les featurings bien dosés et choisis (tous en famille avec Alpha Wann, Eff Gee, Edge, Esso Luxueux et Nemir). Quant à Sneazzy, ancien d’1995, il signe un album plus précis, plus rap, plus sincère. De grosses perf, d’ailleurs : Sang froid, Schéma, Zéro Détail, J’attendais et le fabuleux Étincelles.
Damso - QALF : longuement teasé, cet album de Damso est son plus éclectique. Probablement son plus personnel aussi. Il y parle de sa paternité, de ses racines, de son histoire, de ses relations. Tout sonne incroyablement bien, techniquement irréprochable, son rap-pop s'épaissit grâce à la musique africaine et à l’électro, pour nous offrir un bel ouvrage. Et BXL ZOO est un des plus gros hits rap francophone de l’année.
Dua Lipa - Future Nostalgia : enfin un peu de pop dans ce top très rap. Dua Lipa réussit le pari d’être ultra pop, universelle et accessible, tout en mettant de la noirceur dans ses textes, des productions au cordeau et une fragilité à fleur de peau. Et des tubes. Beaucoup. Que ce soit Don’t Start Now, Break My Heart, Physical, Levitating ou Fever, son duo avec Angèle, qui est un de mes gros coups de cœur de l’année.
Pauline Lecocq
Pour moi, ce sera un top chansons car j’ai écouté trop peu de morceaux ou d’albums de 2020 (liens vers les chansons dans les titres) (sinon j’ai découvert Weyes Blood et elle déchire) (ajout de Christine & The Queens le 30 janvier) :
"Husavík" – Molly Sanden & Rachel McAdams (chanson du film Eurovision Song Contest: The Story of Fire Saga)
“Your Name Engraved Herein 刻在我心底的名字” – Crowd Lu 盧廣仲 (chanson du film éponyme)
“Blinding Lights” – The Weeknd
“Call me maybe” (cover) – George Sear (chanson dans la série Love, Victor)
“Put a little love on me” – Niall Horan
“People, I've been sad” – Christine & The Queens
“Comment est ta peine” - Benjamin Biolay
“Répondez-moi” – Gjon's Tears
“Free” – Charlie Puth (chanson du film The One and Only Ivan)
“I can’t see myself without you” - Sondre Lerche
“Turn on the lights” - Jamie Cullum (sur son album de Noël)
“Néon Rouge” / “Bad Boy” - Yseult (EP Brut très cool)
“Mauvais perdant” - Calogero (paroles écrites par Biolay)
“Amour censure” - Hoshi
“C'est magnifique” - Melody gardot feat. António Zambujo
Mentions :
“Gotta Be Patient” (written by Stay Homas) - Michael Bublé ft. Barenaked Ladies & Sofia Reyes
"No time to die" - Billie Eilish (chanson du dernier James Bond pas encore sorti)
Noémie Contant
Aloïse Sauvage - Dévorantes / Machine Gun Kelly - Tickets to my downfall : Impossible de départager ces deux albums tellement je les ai aimés d’une manière différente, pour des raisons différentes, mais pourtant tout aussi passionnément. On a d’un côté l’impressionnante Aloïse Sauvage et son mélange rap/chanson française avec des textes superbement bien écrits (et un hymne LGBT avec "Omowi "!), de l’autre Machine Gun Kelly, rappeur qui fait un saut très réussi vers le pop punk. D’un côté l’introspection, de l’autre l’énergie pure : pourquoi choisir un camp ?
Creeper - Sex, Death & The Infinite Void : Quel plaisir de voir enfin Creeper revenir ! Avec toujours un univers musical et graphique très fouillé, à base de macabre, de comics horrifiques… Sans que je ne sache vraiment expliquer pourquoi, cet album est vraiment excellent et prenant. Sans doute le meilleur album rock de l’année pour moi.
Suzane - Toï Toï : Artiste la plus programmée dans des festivals de 2019 (32 festivals), gagnante de la Victoire de la musique de la révélation scène en 2020, nommée en artiste féminine de l’année pour l’édition 2021, c’est un succès amplement mérité pour Suzane ! L’album Toï Toï mélange superbement électro et chanson française avec des textes engagés ("Il est où le SAV", "SLT", "P’tit gars"…).
Blankass - C’est quoi ton nom : J’ai toujours été une grande fan de Blankass depuis l’album Elliott en 2005. 8 ans après Les Chevals, ils reviennent avec un nouvel album à la hauteur des attentes, avec même un duo avec le chanteur de Nada Surf !
The Wonder Years - Burst and Decay (Volume 2) / Courage My Love - Spectra : Un ex aequo pour deux EP aussi excellents l’un que l’autre. D’un côté, The Wonder Years qui sublime leurs titres en version acoustique, passant du punk-rock à la mélancholie sur "Washington Square Park", ou délivrant une version aérienne de "We look like lightning" (testée à écouter en avion et supra approuvée). De l’autre, Courage My Love, groupe pop rock canadien qui me tient à cœur depuis de nombreuses années, qui délivre un EP très efficace aux sonorités années 1980, répondant notamment à Cindy Lauper sur "Girls", titre funky au clip inspiré des films d’horreur.
Hoshi - Sommeil levant : Deuxième album de la jeune artiste saint-quentinoise (c’est Saint-Quentin-en-Yvelines : le titre SQY y rend hommage) qui n’a pas non plus chômé depuis 2018 et son disque d’or pour Il suffit d’y croire. Sonorités un peu plus électro pour cet album porté notamment par le titre "Amour censure", hymne anti-homophobie qui a hélas fait polémique aux Victoires de la musique après un baiser entre elle et sa compagne sur la scène.
Ben Mazué - Paradis : Mon avis est dispo sur le site, mais pour résumer, Ben Mazué délivre un très beau disque de rupture sereine aux arrangements toujours travaillés.
Phoebe Bridgers - Punisher : Je suis incapable d’expliquer pourquoi ce deuxième album me plait globalement un peu moins que Stranger in the alps, premier album d’une star montante de l’indie rock, nommée cette année aux Grammy. Mais il reste un très bon album, avec de très bons titres comme le surprenant "I know the end" ou la belle déclaration d’amour amical, probablement dédiée à Julien Baker, "Graceland too".
La Roux - Supervision : Très chouette retour de La Roux, après 6 ans d’absence. Pas mal de titres très funky comme "International woman of Leisure" ou "Gullible fool", qui viennent redonner un peu de soleil dans cette année bien brumeuse.
Touché Amoré - Lament : Dans le clip de "Reminders", il y a PLEIN de gens de la scène punk rock qui posent avec leurs animaux de compagnie pour donner unanimement une réponse à la question « Qu’est-ce qui vous rappelle l’amour qui vous entoure dans votre vie ? ». Faut-il en dire plus ? A part qu’une fois de plus, Touché Amoré nous rappellent qu’ils sont des patrons de la scène post-hardcore actuelle. Une bonne bande son pour tout casser autour de vous.
Sophie Le Gallo
Sans ordre (liens en bleu) :
Emma Ruth Rundle & Thou - May Our Chambers Be Full (label : Sacred Bones Records)
A.A. Williams - Forever Blue (label : Bella Union)
Thundercat - It Is What It Is (label : Brainfeeder)
Samares - Les madeleines
Brusque - What’s Hidden Devours
Nine Inch Nails - Ghosts V : Together / Ghosts VI : Locusts (label : The Null Corporation)
Kaki King - Modern Yesterdays (label : Cantaloupe Music)
Paul McCartney - McCartney III (label : Capitol Records)
Mention spéciale Morceau : Steven Wilson - "King Ghost"
Comments