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Amandine Thieulent

TITANIC (critique)

Titanic ressort sur grand écran ce 8 février avec un nouveau remaster 4K et 3D. Pour l'occasion, PETTRI revient sur ce mastodonte qui a marqué l'Histoire du cinéma, jusqu'à en devenir un véritable phénomène de société.

1998, le public découvre Titanic et rencontre pour la première fois Jack Dawson et Rose Dewitt Bukater. Le succès est immédiat et propulse Titanic en tête de tous les records au box office. En France, le film attire jusqu'à 21 millions de spectateurs, record jamais égalé depuis. Récompensé par 11 Oscars, le film reste en salle près d'un an, et le salles aux moultes files d'attentes ne désemplissent pas. Le film est de tous les débats, My Heart Will Go On passe en boucle sur toutes les chaînes de radio, et les documentaires et reportages quand à la réalisation du film, et au travail de conservation de l'épave fleurissent sur toutes les chaînes de télé. Un engouement général qui lui vaudra le titre du plus grand succès de l'histoire du cinéma, jusqu'à ce que James Cameron se détrône lui-même avec son premier Avatar.


Est-il encore besoin de réellement présenter le film ? James Cameron nous y narre une des grandes tragédie du XXème siècle : le naufrage de l'insubmersible Titanic lors de son premier voyage de Southampton vers New York. Pour se faire, le réalisateur entreprend un travail de reconstitution colossale. En effet, les décors, les costumes et le casting du film sont calqués sur le travail d'historiens chercheurs afin de coller au plus près avec la réalité des faits. James Cameron fera même appel aux même prestataires que la White Star Line lors de la construction de ses décors (pour ceux encore en exercice). De même le scénario est imprégné des témoignages des survivants afin de rendre compte précisément des mœurs au sein du paquebot, et de certains détails fatidiques amenant au naufrage.

L'inéluctable est annoncé, mais pourtant, durant les trois heures que constituent le film, le spectateur est ballotté de suspens en émotions diverses sans jamais voir le temps défiler. Cela grâce à sa mise en scène classique, ses trucages et ses effets spéciaux (novateurs à l'époque) impressionnants mis entièrement au services d'une écriture fine et précise (non Titanic ce n'est pas une simple histoire d'amour un peu mièvre comme le répète souvent ses détracteurs). Tout d'abord, Titanic, c'est l'histoire dans l'histoire via un découpage intelligent, et un montage pointilleux ; le récit de Rose âgée et ses allers-retours dans le passé permettent de mettre en place des enjeux et des tensions dramatiques nécessaires. On assiste dès le début du film au naufrage du paquebot en reconstitution graphique, une expérience mathématique, froide, bien loin des émotions que nous insufflera le récit de Rose. Mais qui malgré tout entraîne son flot de questions sur le sort des personnages.

Des personnages portés par un casting qui crève l'écran, l'alchimie entre Leonardo DiCaprio et Kate Winslet est incontestable, et participe à la magie du film. Mais aussi incroyablement fidèle aux photos d'époque pour les personnages ayant vraiment existés. Rien n'a donc été laissé au hasard. Astucieux, Cameron fait avancer l'action grâce aux déplacements de ses personnages. Bien que les différentes classes sociales représentées dans le film permettent une vision globale de la vie à bord du paquebot, ce sont bien leurs déplacements dans l'espace qui permettent de découvrir le Titanic sous tous ses angles, de fond cale à la poupe. Mais aussi de raconter son histoire, celle du navire et de sa catastrophe. Jack et Rose nous entraînent en salle des machines, Fabrizio nous fait assister à l’écroulement d'une des cheminées, et Lovejoy au dédoublement du paquebot, etc... Un entrelacement entre l'histoire des personnages et celle du Titanic bien pensé, qui s'appuient l'une sur l'autre.

Avec Titanic, Cameron aborde et approfondie aussi des thèmes récurrents dans sa filmographie. La relation et surtout l'arrogance de l'Homme face à sa création, et aux nouvelles technologies bien-sûr (Terminator 1&2, Avatar). Mais également sa relation à la nature, et plus précisément à ses fonds marins (Abyss, Avatar - La Voie de l'Eau). De plus, la romance entre Rose et Jack comme fil rouge qui traverse le film ne nous permet-elle pas plutôt d'assister à l'émancipation d'une femme qui deviendra un personnage fort, libre et indépendant (Sarah Connor, Ellen Ripley) ? Enfin, en résonance avec leur vie à bord du paquebot, durant l'heure et demie que dure le naufrage, Cameron revient sur l'hypocrisie bourgeoise et le mépris éprouvés par les passagers de troisième classes dont beaucoup n'ont pas eu l'opportunité d'essayer de se sauver. Des différences sociales mettant en exergue cette déshumanisation contre laquelle lutte Cameron dans chacun de ses films.

Devenu une fresque classique du cinéma hollywoodien, Titanic recèle donc plus de secrets et d'épaisseur qu'il n'y paraît de prime à bord. Bien que s'en dégage une certaine simplicité de part son histoire d'amour, celle-ci est avant tout touchante de sincérité et facilite le processus d'identification des spectateurs, et son attachement aux personnages. Titanic reste malgré tout une œuvre complexe et travaillée, saisissante de réalisme, qui embarque ses spectateurs dans un tourbillon d'émotions jusqu'au fond de l'océan. Le tout sublimé par la bande son si reconnaissable de James Horner.

Titanic ressort au cinéma, et pour la première fois en 3D en avril 2012. Quatorze ans donc après son succès, c'est l'occasion de redécouvrir Titanic sur grand écran (où est sa vraie place) dans une toute nouvelle et superbe copie numérique qui rend hommage à la photographie du film. Cette ressortie permet de découvrir que la 3D sied parfaitement à Titanic : les images sous-marines sont impressionnantes de réalisme. Et le naufrage ne s'en fait que d'autant plus terrifiant et à couper le souffle. Le film semble presque avoir été conçu pour cela. C'est donc tout naturellement qu'il nous tarde chez PETTRI de courir en salle pour revoir ce chef-d’œuvre, toujours en 3D, mais cette fois-ci en 4K.

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