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THE FRENCH DISPATCH (critique)

Le très attendu nouveau film du très populaire cinéaste Wes Anderson arrive enfin en salles. The French Dispatch est un des grands événements ciné de l’année, auréolé d’un casting 5 étoiles et (cocorico) tourné en France. Jofrey La Rosa l’a vu pour PETTRI et vous donne ses impressions.

Et si le nouveau film d’un des auteurs à l’esthétique la plus radicale était brouillon ? C’est le cas de The French Dispatch, véritable œuvre nombriliste et agitée, qui ferme les portes même aux plus fervents défenseurs de Wes Anderson. Le cinéaste indé le plus (re)connu du monde, à l’esthétique si reconnaissable, n’est que l’ombre de lui-même, dans un film foutraque, où il amoncelle poncifs et redites de son cinéma, qu’il déploie maintenant depuis 25 ans. Un quart de siècle qu’Anderson radicalise un formalisme toujours plus pointu, mais à l’automatisme qui trouve sa limite ici, alors qu’il a le confort d’un budget « du milieu », sans en avoir les impératifs commerciaux (parce qu’il a une fanbase - le public et avec des acteur.rice.s bankables). Avec Moonrise Kingdom, on avait remarqué un virage beaucoup plus foisonnant, pop et un peu friqué, qu’il continua avec The Grand Budapest Hotel. Mais il ne faisait que déployer avec plus de moyens un spleen qui lui ressemblait, évidemment encore plus jusqu'au-boutiste qu’auparavant, mais encore digeste et agréable.


The French Dispatch, la fin d’une époque ? Sûrement pas. Mais le terme d’une formule qui s’essouffle, parce qu'auto-réflexive jusqu’à la moelle, à la fois très généreuse et ultra fermée. Le film nous raconte, par quatre histoires parallèles et à la narration (trop) complexe, la dernière parution d’un magazine dont le rédacteur en chef (Bill Murray) meurt. Au fil de ces récits indépendants les uns des autres, Anderson peut ainsi filmer l’histoire (d’amour) d’un artiste fou, la révolte fougueuse de jeunes gens tout droit sortis d'un Roméo & Juliette de la Nouvelle Vague et le kidnapping d’un enfant sauvé par son père flic et un cuisinier prodige. Le tout dans la ville d’Ennui-sur-Blasé, mix bizarre de petite ville française mais aussi mégalopole cosmopolite. La multiplication des personnages, des histoires sans queue ni tête, de l’esthétique qui part dans tous les sens, font de The French Dispatch une épreuve quasi claustrophobe tant c’est bouché de partout.


L’émotion d’abord. Aucune. Le mantra du rédacteur en chef du magazine, répétée plusieurs fois en cours de métrage : « No crying » comme si Anderson, par une malhabile mise en abyme, ne permettait pas d'émotions à son spectateur. Et ça marche. Plus, comme son statut de film à sketches le laissait présager, on se met à en comparer les segments, la qualité desquels va en déclinant. En résulte un film confus au casting dingue, trop même, tant chaque réplique est interprétée par une star, qu’on nous impose au chausse-pied. Une liste des acteur.rice.s ? Si vous voulez :

Benicio del Toro Adrien Brody Tilda Swinton Léa Seydoux Frances McDormand Timothée Chalamet Lyna Khoudri Jeffrey Wright Steve Park Bill Murray Owen Wilson Christoph Waltz Jason Schwartzman Mathieu Amalric Liev Schreiber Elisabeth Moss Edward Norton Willem Dafoe Saoirse Ronan Cécile de France Guillaume Gallienne Henry Winkler Bob Balaban Hippolyte Girardot Anjelica Huston Fisher Stevens Denis Ménochet

Benjamin Lavernhe Félix Moati Damien Bonnard

Ces caméos sont gratuits et inintéressants, et nous sortent encore davantage du film. Même si c’est sûrement grâce au prestige de son auteur et de ses productions, un tel casting nous fait tout de même penser à un budget bien trop élevé pour ce scénario, qui est servi par une effervescence d’idées visuelles, dans un trop-plein mal rythmé, au montage brouillon et la mise en scène certes douée et faite avec beaucoup de savoir-faire. Juste que l’innocence et la virtuosité de Wes Anderson sont désormais altérées par des redites formelles d’un côté, une froideur qu’on ne lui connaissait pas de l’autre. Parce que outre une superbe ellipse temporelle, licencieuse, osée, poétique et tragique, The French Dispatch est bien plus maniériste que formaliste, et c’est bien dommage.

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