top of page

THE CHEF (critique)

The Chef (Boiling Point) est un film britannique tourné en plan séquence se déroulant dans un restaurant durant un service. C’est en salles françaises dès aujourd’hui et Jofrey La Rosa l’a vu pour PETTRI.

Thriller dans le milieu de la restauration, The Chef a pour titre original Boiling Point, soit le point d'ébullition, quand un liquide est à sa limite entre deux états. Un parfait titre pour un thriller basé sur ses personnages tendus, d’autant plus dans ce contexte culinaire. Mais ce n’est pas la seule chose qu’a bien fait ce film. Son casting, en premier lieu. Outre Stephen Graham et Jason Flemyng, qu’on connaît notamment des productions Ritchie/Vaughn (Snatch), tous les deux excellents, on a affaire à toute une brigade de seconds couteaux vraiment géniaux : Vinette Robinson, Alice Feetham, Ray Panthaki, Hannah Walters, Izuka Hoyle… Une troupe parfaite, assortie et complémentaire, d’autant plus que le terme de troupe n’est pas choisi au hasard, tant le film paraît théâtral, dans le très bon sens du terme. Parce qu’en effet, le film use d’un procédé technique qui découle d’une volonté optimale pour son sujet : le plan-séquence. Tourné en une prise de 92 minutes, le film se déroule dans un bon restaurant mené par Andy (Stephen Graham), un chef endetté et alcoolique, le soir le plus chargé de l’année. Nous suivons d’abord le contrôle d’hygiène, avant que le service ne commence enfin, entre les querelles internes, les clients récalcitrants et la pression qui monte peu à peu… jusqu’au point de non-retour.


Le choix de faire ce film en plan-séquence n’est en aucun cas innocent. À l’heure du numérique, le procédé n’impressionne plus tellement, là où Hitchcock instaurait une tension théâtrale de huis-clos dans son faux plan-séquence dans La Corde. Avant, la durée d’une pellicule forcait une coupe au moins toutes les 10 minutes, mais maintenant, plus besoin de coupe forcée, avec le numérique permettant de tourner à l’infini. Victoria (2015) ou Utøya, 22 juillet (2018) avaient déjà tenté le tournage entièrement en plan-séquence, alors que 1917 (2020) et Birdman (2014) lui préféraient des coupes cachées dans une suite de longs plans. The Chef fait partie des premiers. Quatre prises ont été tournées sur deux soirs en mars 2020, la troisième étant le film fini (sur huit prévues à la base - une petite pandémie mondiale ayant compromis les deux dernières soirées de tournage). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le film est une réussite en tout point, tant le procédé technico-artistique élève le propos et la tension de ce thriller lo-fi où chacun des personnages, même les plus petits, ont le droit à leur dose d’attention dramatique.


The Chef trouve un ton et un rythme assez passionnants au cours d’un récit tendu et maîtrisé, parfois un peu attendu certes, mais si bien guidé par un plan séquence se détachant parfois, pour mieux magnifier ce microcosme fascinant. Avec ses grosses têtes aux grands soucis et ses petites mains aux digressions bienvenues, le film est tantôt attirant, tantôt répugnant, et fonctionne aussi bien grâce à ses interprètes que via son procédé de mise en scène, rudement mené par le souffle du cadreur presque hypnotique, tel un personnage à part entière, omniscient et donnant tout son sel à ce plat de grand maître, dont on attend désormais le prochain méfait de son auteur-réalisateur, l'acteur Philip Barantini, avec attention.

留言


bottom of page