top of page
Noémie Contant

TEGAN AND SARA - CRYBABY (critique)

Une série télé et un album : gros mois d’octobre pour le groupe de pop canadienne Tegan and Sara. En attendant de pouvoir parler de la série, Noémie Contant vous dit tout sur leur dernier album, Crybaby, sur PETTRI !

Background personnel : je suis fan de Tegan and Sara depuis que j’ai entendu le morceau Back in your head, issu de leur album The Con de… 2007 ! Ce groupe constitué des sœurs jumelles canadiennes Tegan et Sara (vous l’auriez deviné) Quin a accompagné une grande partie de ma vie, que ce soit avec les débuts folk-rock de Under feet like ours, le carrément rock If it was you, l’expérimental Sainthood, la pop de Love you to death ou bien le grand tube, Everything is awesome, dans le film Lego (eh oui).


Et si Tegan and Sara représente une grande partie de mon adolescence, elles-mêmes se sont replongées dans la leur depuis quelques années, écrivant l’autobiographie High school en 2019, puis sortant la même année le très sympa album Hey, I’m just like you qui reprenait des morceaux écrits durant cette période. Cette année encore nous avons un combo avec la sortie sur Amazon Freevee de la série adaptée de High school, réalisée par Clea DuVall (réalisatrice notamment de la rom-com lesbienne de Noël 2020, Happiest season), accompagnée du nouvel album, Crybaby.


Cette fois ci cependant, pas de maquettes de leur jeunesse : nous avons des morceaux écrits par les Tegan et Sara quadragénaires (j’ai mal en l’écrivant), qui n’ont pas vraiment chômé ces dernières années malgré le covid. Certes, pas de concerts depuis 3 ans : mais outre l’écriture de High School (et du roman graphique Junior High à paraître en mai 2023) et la participation à la production de la série, ces dernières années ont vu arriver des bouleversements importants dans leur vie. Sara est en effet devenue maman depuis quelques mois, Tegan aussi… Mais d’un border collie. Ces thématiques de prendre un peu le temps de vivre après avoir été sur la route pendant plus de 20 ans, de se refléter sur sa vie etc., bordent Crybaby.


Depuis quelques années également, les sœurs manifestent leur envie d’aller vers un son un peu plus pop. Le milieu n’était pas forcément prêt pour elles à leurs débuts en 1998 : étant toutes deux lesbiennes out, on peut hélas imaginer toutes les remarques sexistes et homophobes qu’elles ont essuyé durant leur début de carrière. Si le milieu de la pop n’est pas encore parfait, il s’est au fil des années bien plus ouvert, ce qui leur a notamment permis d’avoir un succès mainstream avec le hit de 2016 Closer. Et mené vers l’album très pop Love you to death en 2019, paru comme beaucoup de leurs albums sur le label Vapor Records, fondé par Neil Young mais également possédé par Warner. Dans ce disque, l’effet label se fait un peu sentir, avec une grosse production, très peu de guitares qui les avaient fait connaître, délaissées au profit des synthés.


Pour Crybaby cependant, adieu Warner : bonjour le label indépendant Mom + Pop music, label notamment de Courtney Barnett et Tash Sultana. Et le changement de label se sent : si la tonalité reste plutôt pop, les ambiances sont très différentes selon les morceaux, essaient plus de choses, plus d’instruments… On va justement parler un peu plus en profondeur des chansons !


On ouvre avec le banger absolu I can’t grow up, avec sa ligne de basse d’où est parti tout le morceau, son petit solo de guitare et sa batterie effrénée. C’est impossible de ne pas l’avoir dans la tête tellement il est catchy, avec ce petit côté ado clairement inspiré par ces années à reparler de leur adolescence.

Après le plus calme et introspectif All I wanted, place au premier single de l’album, F*****ing up what matters. Il marque aussi une vraie collaboration entre les deux sœurs, qui écrivent d’habitude séparément, permettant ainsi facilement de reconnaître les “morceaux de Sara” des “morceaux de Tegan”. Ici, si le morceau naît de l’impulsion de Tegan, l’écriture incorpore des paroles récupérées d’un ancien morceau de Sara non retenu pour un précédent album, et les voix s’entremêlent très aisément. Si le morceau ne dure que 2min52, il possède pas mal de samples et d’ambiances différents, voire un petit peu trop en aussi peu de temps.


Grosse utilisation de samples également sur le morceau suivant, Yellow, autre single notamment joué dans le Late night de Seth Meyers, autre preuve de leur arrivée dans un milieu un peu plus mainstream. Tout comme 100x dans l’album Love you to death parlait de leur relation pas toujours évidente, les deux sœurs se répondent sur Yellow et sur les blessures émotionnelles que l’on peut s’infliger et ne pas guérir, comme le refrain le rappelle : “This bruise ain’t black / It’s yellow / My sweet heart breaks, so be careful”.


Autre dialogue mais d’un tout autre genre sur la suivante, Smoking weed alone, et son clip en caméra subjective très très sympa (les cinq clips présentés jusque-là pour l’album valent tous la peine d’être vus). Adaptée d’un rêve où Tegan… fumait de l’herbe seule dans la forêt, le tout donne une chanson très fun taillée pour la scène, où le groupe est connu pour faire de nombreuses blagues et des banters (moments de discussion entre les morceaux) très longs.


Autre single (étrange idée d’ailleurs d’avoir mis quatre singles à la suite sur l’album), Faded like a feeling est également chanté en duo, mais dans une ambiance bien plus douce. Pendant au morceau acoustique de 2007 Call it off avec cependant une production moins épurée, Faded like a feeling ne se demande pas comme Call it off ce qui aurait pu advenir (Maybe you would have been something I’d be good at / Maybe I would have been something you’d be good at / But now, we’ll never know), mais décortique une relation qui peu à peu s’éteint : “I change like the seasons and you faded like a feeling”.


Mais haut les cœurs car arrive Under my control et son motto “I should start working on myself again”. Durant la dernière session d’enregistrement de l’album, Sara Quin a appris la grossesse de sa conjointe. À une chanson plutôt sur le manque de laisser-aller et le poids du stress, elle ajoute ces lignes : “I used to cry, like a baby / Tears slipping down, till you saved me”. Transformant le motto non pas en vœu pieux, mais en vrai souhait vers l’avenir.


Enfin, avant que Tegan Quin revienne nous briser le cœur avec This ain’t going well, autre chanson de rupture, rappelant là aussi Call it off dans ses thématiques : ce qui aurait pu être, les bons moments qui ont été et ne sont plus, et les regrets : “This ain’t going well, I wish that I had been a better version of me / But I can’t love somebody who doesn’t love the worst parts of me”. Heureusement que Sometimes I see stars vient nous consoler un peu, avec ses guitares et ses voix entremêlées procurant un étrange sentiment de liberté. Même si Whatever that was, qui clôt l’album, nous remet un petit brisage de cœur pour la route, tout en subtilité et en douceur cependant.


Que faut-il retenir de cet album ? Déjà, un bon gros paquet de tubes, des morceaux plus introspectifs et demandant sans doute un peu plus d’écoutes et plus globalement, un groupe qui a l’air revigoré par la multitude des projets menés ces dernières années et revient en force. Je ne peux pas encore me prononcer sur la série, mais je peux dire que du côté de la musique, Tegan and Sara fera une nouvelle fois clairement partie de mes incontournables de 2022.

Crédit photo : Eluvier Acosta

コメント


bottom of page