À l'occasion de la semaine dédiée à Halloween sur PETTRI, Sophie Le Gallo ouvre les festivités avec ses conseils de lecture incontournables dédiés aux livres de Stephen King !
Il n’y a pas si longtemps, j’ai évoqué chez PETTRI ma passion pour Stephen King, grand artiste de la terreur qu’on ne présente plus. Avec Halloween, l’occasion est toute trouvée pour m’attarder une fois encore sur ce portraitiste de l’horreur aux multiples visages : l’horreur surnaturelle, l’horreur maléfique, mais aussi l’horreur ordinaire. Celle qui se terre au fond de notre inconscient, celle que certain·es dissimulent pour mieux la dévoiler à qui aura le malheur de s’approcher d’eux. L’horreur dépasse l’entendement et la rationalité, ce que Stephen King a très bien compris et n’a cessé de montrer dans son œuvre. Entre romans, nouvelles et essais - sans compter les adaptations qui en ont découlé - celle-ci est vaste. Autant dire que choisir n’a pas été aisé !
Shining (1977)
Jack Torrance tente de reconstruire sa vie et de subvenir aux besoins de sa famille en acceptant un poste de gardien. Le bâtiment qu’il doit surveiller n’est autre que l’Overlook, hôtel luxueux des Rocheuses fermé l’hiver. Ce qui implique pour les Torrance d’y vivre quelques mois coupés du monde par la neige et le froid. Jack y emmène donc sa femme, Wendy, et leur jeune fils, Danny, en espérant renforcer leurs liens. Les parents de Danny ignorent que leur enfant possède un don : le “Shining”, qui le rend sensible aux forces surnaturelles. Or, à l’Overlook, Danny assiste à d’étranges phénomènes. Le passé de l’hôtel se révèle, entre fantômes et visions d’horreur. Une présence malveillante se tapit dans les chambres de l’Overlook, et s’attaque à la famille Torrance…
Avec Carrie, Shining a fait partie de mes lectures marquantes à l’adolescence. Je me souviens des montées d’angoisse qui me prenaient en accompagnant Danny dans les couloirs de l’Overlook. Aujourd’hui encore, quand j’entre dans une salle de bain, si le rideau de la baignoire est fermé, j’y réfléchis à deux fois avant de regarder derrière…
La petite fille qui aimait Tom Gordon (1999)
Suite au divorce de ses parents, Trisha McFarland se retrouve à supporter les disputes de son frère et de sa mère. C’est exprès qu’elle se laisse distancer, au cours d’une excursion sur un sentier des Appalaches. Mais la petite fille se perd dans la forêt et se retrouve seule à affronter la faim, le froid, la nuit. Et ce qui se cache dans la nature… Chassée par la Chose, Trisha tâche de survivre pour retrouver son chemin. Son allié ? Un baladeur grâce auquel elle peut suivre les exploits de son joueur de baseball fétiche, Tom Gordon, le seul qui pourra la sauver.
Ce roman est une bonne initiation à Stephen King, à faire lire à votre enfant ou ado de compagnie. Mais prenez garde lors de vos prochaines promenades.
Ça (1986)
Un grand classique pour les connaisseurs. Une bande d’enfants se retrouve à lutter contre l’horreur qui secoue la petite ville de Derry. Devenus adultes, suite à l’appel de l’un d’entre eux, ils reviennent sur les lieux de leur enfance : Ça, cette chose épouvantable qu’ils ont affrontée, se déchaîne de nouveau et sème l’horreur à Derry…
Ainsi Stephen King raconte la fin de l’enfance face aux monstres, symboliques et réels, l’amitié face au pire, et nos peurs enfouies, prêtes à ressurgir quand on croyait en avoir fini avec elles. Une œuvre dense, à lire et à relire.
Jessie (1992)
L’histoire d’une femme, celle de Jessie, lasse des fantasmes et des jeux sexuels de son mari auxquels elle s’est prêtée. Alors qu’elle est menottée au lit, Jessie résiste et se débat, ce qui entraîne par accident la mort de son époux. Attachée, nue, un cadavre près d’elle, Jessie est seule dans une maison loin de tout.
Je n’en dis pas plus, l’histoire ne fait que commencer. Un récit hanté par une seule et même question : Jessie va-t-elle s’en sortir ?
Je recommande également l’adaptation cinématographique sortie en 2017, où Carla Gugino incarne une Jessie admirable.
Rose Madder (1995)
Une autre sorte d’horreur, trop familière : celle des violences conjugales. Rose décide de les fuir après quatorze ans de mauvais traitements. Malgré la crainte de voir ressurgir son mari, flic et psychopathe déterminé à la retrouver, Rose veut se reconstruire, cherche un refuge. Se présentent un foyer pour femmes battues, ainsi qu’un bien étrange tableau…
Ce roman-ci a été un coup de cœur. J’aime les personnages féminins de Stephen King, et Rose Madder y a beaucoup contribué. Cet hymne à la sororité et à la puissance des femmes se pare d’une touche de fantastique envoûtante. Le thème que l’écrivain explore, celui des féminicides et des violences faites aux femmes, rappelle que les monstres ne sont jamais très loin.
Misery (1987)
Et voici l'horreur sans artifice aucun. Paul Sheldon se réveille après un grave accident de la route. Rendu célèbre grâce à sa série de romans à l’eau de rose, il a décidé d’y mettre fin en faisant mourir son héroïne, Misery. Prêt à se lancer dans des projets littéraires plus personnels, il se retrouve les jambes broyées, dans un coin perdu du Colorado. À son chevet, Annie Wilkes, infirmière et grande admiratrice. Qui ne lui pardonne pas la mort de Misery. L’enfer ne fait que commencer.
Un huis clos prenant, porté à l’écran par Rob Reiner (avec l’excellente Kathy Bates en Annie Wilkes) en 1991. Plus de trente ans après, Misery résonne étrangement avec les relations parasociales à l’ère des médias sociaux : qu’arriverait-il aujourd’hui à une célébrité à la merci d’un fan délirant, persuadé de lui vouloir du bien ?
Crédit photo : Eduardo Islas
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