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Jofrey La Rosa

STAR TREK (critique)

Sorti il y a 12 ans aujourd'hui, ce premier volet du reboot made in J.J. Abrams mettait en avant un casting foufou et arrivait à redynamiser une saga en perte de vitesse. Boldly go !

Quand ce reboot de Star Trek sort en 2009, personne n'attendait grand chose ni d'un film de cette franchise vieillissante, ni d'un film de J.J. Abrams, qui avait uniquement réalisé le Tom Cruise vehicle qu'est Mission:Impossible III, qui en plus avait eu qu'un box office mitigé. Évidemment, le wonderboy binoclard a ses fans hardcore, amateurs d'Alias ou Lost, mais l'homme n'est pas encore le nouveau réalisateur de Star Wars. Il souffre de la dernière réticence des cinéphiles quant aux gens venant de télévision - à noter d'ailleurs qu'il signe ici une deuxième relance de sagas cinés, toutes deux tirées de séries télé. Abrams est ici accompagné de ses collaborateurs réguliers, eux aussi issus de la télévision, Bryan Burk, cofondateur de sa société de production Bad Robot, Damon Lindelof, cocréateur de Lost et ici producteur (et script-doctor) et le duo de scénaristes/producteurs Alex Kurtzman et Roberto Orci (ce dernier étant le seul véritable trekker de la bande). Tous ses joyeux larrons se réunissent pour un reboot avec un tout nouveau casting de jeunes acteurs, reprenant les personnages de la première série.

Le film a la dure responsabilité de relancer la franchise, d'attirer un nouveau public, mais aussi de trouver un jeune casting pour remplacer les acteurs originaux sans pour autant rebuter les fans de la première heure. C'est donc avec une prise de risque maximale que les auteurs abordent un angle d'attaque périlleux. Dans un soft reboot, ils créent donc une timeline alternative à la série et aux films originaux, pour pouvoir amener ces mêmes personnages là où ils veulent, sans restriction, tout en ne touchant pas à tout ce qui a été fait auparavant dans cette franchise. Il sera donc question dans ce film de voyage temporel, en plus de présenter de nouvelles versions des personnages historiques et d'assurer une aventure de rigueur pour tout bon film hollywoodien qui se respecte. Et il s'avère que Star Trek fait ça – et bien plus.

S'il y a quelque chose qu'on ne peut pas retirer à J.J. Abrams, c'est son incroyable capacité de casteur. Que ce soit dans ses séries et dans ses films, il trouve toujours les acteurs parfaits et découvre des pépites qui deviendront des stars. Ici, c'est Chris Pine (Kirk), Zachary Quinto (Spock), Zoe Saldana (Uhura), John Cho (Sulu), Karl Urban (Bones), Simon Pegg (Scotty) et le regretté Anton Yelchin (Chekov) qui reprennent les rôles historiques de l'équipage de l'USS Enterprise. Et ils sont accompagnés d'Eric Bana et de seconds géniaux comme Bruce Greenwood, Ben Cross, Winona Ryder, Clifton Collin Jr, Jennifer Morrison et même Chris Hemsworth qui décroche ici son premier grand rôle au cinéma ! Même si beaucoup de ces comédiens avaient déjà acquis une certaine reconnaissance à l'époque, Star Trek n'a fait que faire exploser leur carrières. Parce que ce film a été un gros succès, si bien qu'il sera suivi de deux suites : Star Trek Into Darkness, réalisé en 2013 par Abrams, puis Star Trek Beyond en 2016 par Justin Lin (mais toujours produit par Abrams, un peu occupé sur une autre saga spatiale).

Replacer Kirk dans un début au sein de Starfleet plus chaotique et marqué par la perte/l'absence de son père est une idée simple et symptomatique des obsessions d'Abrams, toujours enclin à des problématiques de filiation – les fameuses daddy issues présentes dans tout ce qu'il fait. Tant que même Spock devra faire face à la mort d'un parent (et de son espèce). Le principe même du time travel permet également à Abrams de se faire rencontrer deux générations d'acteurs dans le même rôle : c'est ainsi que Leonard Nimoy et Zachary Quinto peuvent partager une scène en guise de passage de relais. Le même relais qui se retrouve dans la musique de Michael Giacchino qui développe de nouveaux thèmes grandioses en plus de reprendre le thème principal d'Alexander Courage avec parcimonie. Il déploie une partition tout simplement géniale, probablement une de ses meilleures, à la fois épique et émotionnelle, pouvant aussi bien s'aventurer sur de simples cuivres discrets que dans des choeurs dantesques, créant une véritable symphonie dont l'image n'a rien à lui envier. En effet, avec de si beaux moments musicaux, il faut que les images et le son puissent suivre. Et là, avec le chef op Dan Mindel, d'un travail sonore de Ben « celui qu'on ne présente plus » Burtt et une direction artistique du feu de dieu, on assiste à un réel délice visuel, doté d'effets visuels magnifiques. L'esthétique du film, dont on lui a longtemps reproché l'excès de lens flares, est tellement aboutie, reconnaissable et propre qu'on ne peut que saluer le travail du génial Dan Mindel, dont la lumière ne cesse d'être belle et inventive, avec de belles couleurs vives, des clairs-obscurs, une vie sur les visages et les décors sans pareille. De plus, la mise en scène d'Abrams est ultra dynamique, à la cinétique au millimètre, aux trouvailles de montage précises et au rythme simplement parfait. On en manquerait de qualificatif... Pour résumer, on finira donc par dire qu'on a affaire ici à un véritable chef d'oeuvre pur et simple, aussi bien sur le plan technique que de la mise en scène, mais aussi scénaristique, car le tour de force de ce film est immense.

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