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SMALL AXE (critique)

En cette fin d’année, Steve McQueen (Shame, Hunger, 12 Years A Slave, Widows) nous régale avec une collection de cinq longs-métrages.

Même si cette collection est vendue comme une mini-série, c’est bel et bien cinq films à part entière auxquels nous avons le droit. Et s’ils partagent tous la même communauté noire antillaise dans l’Angleterre des années 1960 à 1980, chacun des films a une histoire, des personnages et des comédiens qui lui sont propres. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le réalisateur anglais n’a rien perdu de sa pertinence, quand bien même il aurait pu diluer son propos sur près de 7 heures de programme. Il n’en est rien.


Mangrove (2h08)

Le harcèlement d’un commerçant noir de West London par la police blanche conduit une révolte puis un procès qui entra dans les annales du droit anglais. Mangrove raconte cette histoire vraie incroyable, avec une Letitia Wright impeccable et un Malachi Kirby assez incroyable. Un beau pamphlet émouvant mais un peu scolaire, qui démontre néanmoins la qualité indéniable de storyteller de McQueen.


Lovers Rock (1h08)

L’épisode un peu OVNI de la collection. Mon préféré également. Un petit bijou d’énergie pure, entre la violence raciste quotidienne et presque imperceptible que subit ce peuple noir courageux de West London, et leur joie mouvante. Lovers Rock est romantique, beau, subtil et sans fioritures. Nous suivons une nuit dans une fête, où un groupe de jeunes s’amusent, se séduisent, parlent, s’engueulent, fricotent et tombent amoureux. Le tout sur fond de reggae et de dancehall (la BO est extraordinaire), de danse lascive sensuelle (jamais vulgaire), dans un sublime ballet humain des corps et des voix. On ne connaissait pas McQueen fan de Mektoub My Love, mais il l’a vraisemblablement vu et apprécié. Reste un exercice de style qui réussit sur tous les points, le casting en tête. Amarah-Jae St. Aubyn et Michael Ward sont magnifiques, en plus d’être très justes. Un des plus beaux films de l’année.

Red, White & Blue (1h20)

Leroy (John Boyega) a toujours été harcelé par la police de son quartier, en majeure partie blanche. Son père aussi. Quand celui-ci est agressé par la police, Leroy, alors sous l’influence de sa belle-famille décide d’intégrer la police pour en changer leur racisme systémique de l’intérieur. On ne peut pas faire plus actuel comme propos. Les violences policières et le racisme sont en effet et malheureusement toujours des actualités brûlantes, et c’est ici parfaitement traité, avec un pessimisme effrayant. Boyega livre une prestation solide, tout comme Steve Toussaint, qui interprète son père.


Alex Wheatle (1h06)

Narré en va et vient entre son passé tourmenté et son séjour en prison, ce film raconte la vie d’Alex Wheatle, qui deviendra auteur de livres pour jeunes adultes. Mais dans ce film, s’il est emprisonné, c’est pour avoir participé à une révolte qui s’est tenue en plein Brixton en 1981. Peut-être le métrage le mieux construit de la collection, Alex Wheatle est une belle réussite, portée par un Sheyi Cole remarquable, avec de jolis moments de douceur musicale, avec du bon reggae dans les oreilles. Attention, accrochez-vous, les accents sont ici encore plus marqués.


Education (1h03)

Plus immédiatement simple, le propos de Education est plutôt beau et universel. Kingsley est un jeune garçon noir de 12 ans. Il adore les astronautes et les fusées. Un jour, il est sorti de sa classe pour être emmené dans une école pour enfants aux “besoins spéciaux”. Ses parents sont trop occupés par leurs travaux pour se rendre compte que c’est en réalité une ségrégation sous-jacente qui est mise en place, et qui empêche des enfants noirs de recevoir l'éducation qu’ils méritent. Un groupe de femmes antillaises va changer les choses. McQueen peut aussi être doux et revendicateur à la fois. Il le prouve avec cette jolie fable tournée en 16mm, et menée par le jeune et touchant Kenyah Sandy, assez bluffant.

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