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ROULEZ JEUNESSE (critique)

Disponible dès aujourd'hui sur OCS, Roulez jeunesse est le premier film de Julien Guetta, qui a signé Les Cadors, sorti ce mois-ci en salles. Un bon moyen de (re)découvrir ce film avec Éric Judor.

Après avoir signé Problemos, alias la meilleure comédie française depuis sa sortie en 2017, Éric Judor est à l’affiche cette fois d’un premier film, et exit la comédie pure, on est ici bien plus doux-amer. Dans Roulez Jeunesse, il interprète un dépanneur quarantenaire qui, après un concours de circonstance, se retrouve avec trois enfants sur les bras. De ce postulat finalement assez classique, Julien Guetta (scénariste de Joueurs, sorti il y a quelques semaines) tire une comédie dramatique à la fois bien menée et touchante. Comédie initiatique où un homme-enfant doit apprendre à s’émanciper pour lui-même s’occuper d’enfants, Roulez Jeunesse est également un film conscient des limites d’un système social faillible, où la raison prédomine constamment sur le cœur. Mais le jeune cinéaste arrive à imposer son regard sociétal sans être barbant, grâce à un ton justement dosé être les élucubrations typiques de Judor et convoquant de chaudes larmes de ses comédiens, dont Judor, comme nous l’avions jamais vu. Et la force principale du film est là, dans cette balance constante entre la comédie et le drame, qui oscille toujours, sans jamais tomber dans le ridicule, vite arrivé dans ce genre d'entreprise périlleuse.


Malgré toutes ses qualités tonales, le film souffre un peu d’une linéarité narrative un peu attendue et déjà vue, mais cela reste néanmoins accessoire, tant le film séduit, car très lumineux, chaud, bien éclairé et qui est mis en scène avec élégance et simplicité, avec des choix musicaux bien sentis. Dans le garage où travaille notre protagoniste principal, on a le droit à une batterie de seconds rôles, tantôt poussifs tantôt pas assez, et ce malgré un Philippe Duquesne qu'on retrouve quelques semaines à peine après Au Poste !. Et outre les enfants, très bons, on retrouve aussi avec plaisir la géniale Laure Calamy, qui l’était tout autant l’an dernier dans Ava, qui dans un rôle maternel minimaliste et rancunier, est la parfaite balance de la force comique brute de Judor. Quant à ce dernier, il a donc ici le droit à un rôle très différent de ceux qu’il interprète usuellement, partant d’un rythme comique effréné en début de film pour arriver à une magnifique scène finale, loin du happy end habituel. On le sent impliqué à 110%, proposant même des moments de comédie assez prodigieux, et une justesse inattendue de sa part lorsqu’il s’agit d'être plus sérieux.


Au rythme des Nights in White Satin des Moody Blues ou de Day is Done de Nick Cave (excusez du peu !), on découvre in fine un film drôle et émouvant, mettant en lumière le talent versatile d’un acteur définitivement excellent et celui, naissant, d’un jeune auteur prometteur. Et qu’importe que la trame soit si classique, car on quitte la salle avec l’étrange impression d’avoir vu une jolie tranche de vie, car le traitement, lui, est simple, juste et ne choisit que rarement la facilité.

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