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LA GÉNÉRALE (critique)

Dernière mise à jour : 7 déc. 2022

Premier film de la comédienne Valentine Valera, La Générale est un documentaire prenant place dans un lycée parisien. Touchant et politique, le film a beaucoup plu à Bénédicte Boucher. Voici ses impressions pour PETTRI.

La Générale, un documentaire politique

La Générale est un documentaire réalisé par Valentine Varela, qui offre au spectateur une immersion dans une classe d'élèves de seconde, du lycée Emile Dubois à Paris. La moyenne générale oscille entre 6 et 12/20 et chaque élève souhaite pourtant passer en première générale. Les premières secondes du film témoignent de la peine qu’ont les élèves à faire face à l’appréhension de certaines notions scolaires. L’immersion dans cette classe s'effectue par de jolis champs-contre champs entre le personnage principal, une élève très dissipée mais touchante, et Christine, la professeure de mathématiques et de SNV. Durant cette scène d’ouverture, on assiste au sarcasme de cette professeure et à l’insouciance de ces jeunes élèves. Le spectateur peut dès lors comprendre les enjeux qui se jouent au cœur de cette classe, de façon amusante. Une classe tenue par des héros, les professeurs de ce lycée. Leur défi quotidien : tenter d'éduquer les élèves au mieux, en fonction de leurs personnalités et de leurs vies respectives.


En effet, pour ces ces femmes et ces hommes, l'enjeu n'est pas de forcer le passage en première générale à tout prix, mais d'adapter l'orientation au cas par cas. Chaque élève espère pourtant décrocher ce "passeport" social, mais est-ce bien raisonnable ? Les professeurs s'interrogent et le film souligne justement ces interrogations. De nombreux gros plans sur les visages des professeurs, ainsi que ceux des élèves permettent d'illustrer ce choix si difficile. Choisir la filière générale reste utopique pour la grande majorité des élèves et l'ironie maniée à merveille par certaines professeures, ne suffit pas. Voici donc le dilemme auquel sont confrontés chaque professeur de ce lycée. Toutefois, l’ironie maitresse de nombreuses scènes fait sourire. Notamment telle que décrite dans le texte de La Chartreuse de Parme de Stendhal qui est étudié dans une scène du film. Ici les élèves semblent être des acteurs du film, ils ne sont plus dissipés mais concentrés par cette notion qui intrigue et suscite le débat.


C’est également le cas lorsqu’ils participent à l'atelier de musique baroque. À cet instant, leurs corps sont en mouvement. Ils occupent l’espace et semblent heureux d’être ici, en plus d’être soucieux de bien faire. Cette scène de vie où les corps dansent et les élèves chantent sérieusement, semble être pour eux un moment d’apaisement et d’évasion. C’est un moment que les élèves ne souhaitaient d’ailleurs absolument pas manquer, nous confie la réalisatrice Valentine Varela. Les gros plans filmés en mouvement, les professeurs qui déambulent dans les couloirs, les pas dans les escaliers, les bruits, les cris, les déceptions. Tout est retracé, la caméra suit les moindres faits et gestes de ces héros du quotidien qui, chaque jour un peu plus, accompagnent ces élèves. La caméra les suit même jusque dans leur bar/restaurant favori où le temps d’un déjeuner, ils en profitent pour échanger et débattre sur leurs pratiques et leurs appréhensions, sur ce milieu scolaire où les moins bons ne doivent jamais quitter le wagon. Mais à quel prix ? Finalement La Générale est un documentaire politique qui interroge et qui illustre brillamment le métier de professeur.

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