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Pauline Lecocq

RETOUR SUR LA 46e CÉRÉMONIE DES CÉSAR (12/03/2021)

Dernière mise à jour : 25 oct. 2021

Attendue au tournant après le scandale de l’année dernière (Roman Polanski obtenant le César du meilleur réalisateur, récompense provoquant la sortie de plusieurs artistes dont l'actrice Adèle Haenel), l’Académie avait fait peau neuve avec réformes et changements. La cérémonie des César 2021, se tenant le vendredi 12 mars, se devait donc de se mettre à jour. Alors, pari réussi ?

L’actrice Marina Foïs (qu’on adore) avait la lourde tâche d'assurer la présentation, épaulée pour l’écriture par les talentueux Blanche Gardin et Laurent Lafitte. Elle a plutôt réussi son discours d’ouverture, invectivant le gouvernement et ses choix politiques paradoxaux vis-à-vis de la culture, mais ensuite, entre vannes pipi-caca et revendications politiques, l’humour n’était pas très présent ou ne marchait pas (via quelques happenings embarrassants) et c’est dommage. Le personnage de râleuse sans filtre qu’incarnait la présentatrice n’a pas aidé et a pour nous malheureusement ajouté à la froideur de l’ambiance (c’est aussi une question de goût et d’humour), même si elle a su trouver les mots pour parler de certains disparus, dont Jean-Pierre Bacri, et pour exprimer le besoin de retourner en salles et de retrouver le public.


Peu de légèreté et beaucoup de revendications (aussi justifiées soient-elles, avec l’image de Corinne Masiero qui va rester) n’ont donc pas rendu la cérémonie très festive. Néanmoins le moment le plus enjoué pour nous a été le César de l’anniversaire (nouvelle catégorie inattendue) remis à la troupe du Splendid pour célébrer les 40 ans de sa création. Michel Blanc, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte (qui avait renfilé le fameux costume de son personnage de Pierre du Père Noël est une ordure pour l’occasion !), Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot et Bruno Moynot se sont donc succédé.es au micro et gentiment interrompu.es. C’était un joyeux bordel et ça faisait du bien ! Valérie Lemercier et sa candeur ont un peu détendu également.

D’un autre côté, la cérémonie a été vraiment émouvante, avec de beaux hommages rendus aux acteurs Jean-Pierre Bacri, Michel Piccoli et Claude Brasseur, aux scénaristes Jean-Claude Carrière et Jean-Loup Dabadie, et au compositeur Ennio Morricone (qui a fait la musique des films français Le Clan des Siciliens et Le Professionnel), avec des magnétos calés au moment des catégories. On regrette toutefois qu’un hommage plus appuyé n’ait pas été fait pour Tonie Marshall (sans un extrait pour Vénus Beauté Institut alors qu’elle est la seule réalisatrice primée de toute l’histoire de la cérémonie) et aux acteurs Michael Lonsdale et Robert Hossein. Mais il est vrai que la liste des personnes du cinéma parties en 2020 étaient malheureusement très longue, et cette hécatombe nous a rendu vraiment, vraiment tristes. On avait oublié ou on ne savait pas pour les acteurs Philippe Nahon, Didier Bezace et Caroline Cellier par exemple, et ça nous a encore plus abattu. On pense à Alain Chabat qui doit se sentir bien seul après que ses deux acteurs principaux de Didier sont partis à quelques semaines d’intervalle.

On reste du côté des points positifs avec plusieurs autres bonnes idées et moments :

- remettre le César des lycéens pendant la cérémonie

- enlever le César du public (catégorie très controversée qui récompensait le film ayant fait le plus d’entrées au box-office français)

- avoir des artistes techniciens remettant certaines catégories (Philippe Rousselot pour la photo, Yann Dedet pour le montage, Yolande Zauberman pour le documentaire…)

- mettre des images des films dont les sorties ont été repoussées et qu’on attend avec impatience (Bac Nord, Comment je suis devenu un super-héros, Amants, Le Discours, Cinquième set, Gagarine et tant d’autres…)

- représenter via l’animation des spectateurs dans une salle vide

- donner un César d’honneur posthume à Jean-Pierre Bacri

- pendant l’hommage aux disparu.es, au lieu des portraits en noir et blanc défilant, on a eu des polaroïds en couleur ou en noir et blanc, avec parfois des extraits de films, sur « Que reste-il de nos amours » chanté par Benjamin Biolay accompagné d’un orchestre, et c’était beau.

- la qualité des extraits choisis pour les divers magnétos

- Jean-Louis Trintignant en vidéo

- le discours élégant de Laure Calamy (César de la meilleure actrice pour Antoinette dans les Cévennes)

- l’orchestre et Benjamin Biolay qui a beaucoup aidé pour la partie musicale, présent au piano et au chant

- Catherine Ringer et Alain Souchon sont aussi venu.es chanter (la cérémonie avait lieu à l’Olympia après tout), et c’était bon de profiter d’un peu de musique live.


Voilà notre ressenti à chaud pour l’atmosphère, maintenant parlons du palmarès.

Adieu les cons est le grand vainqueur de cette cérémonie avec pas moins de 7 récompenses (film, réalisation, scénario original, second rôle masculin, photographie, décors, César des lycéens) ! On pense en passant que l’Académie a dû modifier sa règle de ne pas avoir un film récompensé à la fois dans les catégories film et réalisation. Le film d’Albert Dupontel (absent hier soir) est sorti seulement 9 jours en salles en octobre dernier. La presse et les spectateurs avaient adoré, on a donc hâte de le voir lors de sa ressortie en salles au moment de leur réouverture (qu’on espère bien sûr très proche) !

L’autre grand gagnant de la soirée est le très beau documentaire Adolescentes de Sébastien Lifshitz qui repart avec pas moins de 3 récompenses (documentaire, montage et son) !

Les Choses qu’on dit les choses qu’on fait (film le plus nommé : 14 fois !), Deux, La Fille au bracelet, La Bonne Épouse, Un fils, Mignonnes, Antoinette dans les Cévennes, Tout simplement noir, La Nuit venue ont tous reçu un prix, ce qui est une belle façon de les mettre en avant et de montrer un cinéma français divers et en forme. En revanche, on est déçu pour François Ozon et son Eté 85, pas son meilleur film pour nous, mais un long-métrage réussi, à la fois solaire et morbide, qui aurait mérité d’être salué, notamment pour son couple d’acteurs (Félix Lefebvre et Benjamin Voisin). ADN et De Gaulle sont aussi repartis bredouille. Drunk (de Thomas Vinterberg) a obtenu le César du meilleur film étranger, et Josep (du dessinateur de presse Aurel) celui du meilleur film d’animation. Quant au court-métrage, la récompense est revenue à Qu'importe si les bêtes meurent (de Sofia Alaoui) et celle du Meilleur court métrage d'animation a été attribuée à L'Heure de l'ours (d'Agnès Patron).


Une cérémonie donc en demi-teinte pour nous à cause de son atmosphère lourde, mais tout de même émouvante, avec de belles idées et un chouette palmarès.

A l’année prochaine ! D’ici là rattrapons ces films et croisons les doigts pour la réouverture des salles de cinéma !


Voici le palmarès (avec les nommés entre parenthèses) ci-dessous :


Meilleur film : Adieu les cons d'Albert Dupontel

(étaient nommés : Adolescentes de Sébastien Lifshitz, Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait de Emmanuel Mouret, Été 85 de François Ozon)


Meilleure réalisation : Albert Dupontel pour Adieu les cons

(étaient nommé.es : Maïwenn pour ADN, Sébastien Lifshitz pour Adolescentes, Emmanuel Mouret pour Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, François Ozon pour Été 85)


Meilleure actrice : Laure Calamy pour le rôle d'Antoinette dans Antoinette dans les Cévennes

(étaient nommées : Martine Chevallier pour le rôle de Madeleine dans Deux, Virginie Efira pour le rôle de Suze Trappet dans Adieu les cons, Camélia Jordana pour le rôle de Daphné dans Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Barbara Sukowa pour le rôle de Nina Dorn dans Deux)


Meilleur acteur : Sami Bouajila pour le rôle de Fares dans Un fils

(étaient nommés : Jonathan Cohen pour le rôle de Frédéric dans Énorme, Albert Dupontel pour le rôle de JB dans Adieu les cons, Niels Schneider pour le rôle de Maxime dans Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Lambert Wilson pour le rôle de Charles de Gaulle dans De Gaulle)


Meilleure actrice dans un second rôle : Émilie Dequenne pour le rôle de Louise dans Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait

(étaient nommées : Valeria Bruni Tedeschi pour le rôle de Madame Gorman dans Été 85, Fanny Ardant pour le rôle de Caroline dans ADN, Noémie Lvovsky pour le rôle de Marie-Thérèse dans La Bonne Épouse, Yolande Moreau pour le rôle de Gilberte Van der Beck dans La Bonne Épouse)


Meilleur acteur dans un second rôle : Nicolas Marié pour le rôle de M. Blin dans Adieu les cons

(étaient nommés : Louis Garrel pour le rôle de François dans ADN, Benjamin Lavernhe pour le rôle de Vladimir dans Antoinette dans les Cévennes, Vincent Macaigne pour le rôle de François dans Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Édouard Baer pour le rôle de André Grunvald dans La Bonne Épouse)


Meilleur espoir masculin : Jean-Pascal Zadi pour son propre rôle dans Tout simplement noir

(étaient nommés : Félix Lefebvre pour le rôle de Alexis Robin dans Été 85, Benjamin Voisin pour le rôle de David Gorman dans Été 85, Alexandre Wetter pour le rôle de Alex dans Miss, Guang Huo pour le rôle de Jin dans La Nuit venue)


Meilleur espoir féminin : Fathia Youssouf pour le rôle de Aminata dans Mignonnes

(étaient nommées : India Hair pour le rôle de Lucie dans Poissonsexe, Julia Piaton pour le rôle de Victoire dans Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Camille Rutherford pour le rôle de Chloé dans Felicità, Mélissa Guers pour le rôle de Lise dans La Fille au bracelet)


Meilleur scénario original : Albert Dupontel pour Adieu les cons

(étaient nommé.es : Caroline Vignal pour Antoinette dans les Cévennes, Emmanuel Mouret pour Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Filippo Meneghetti et Malysone Bovorasmy pour Deux, Benoît Delépine et Gustave Kervern pour Effacer l'historique)


Meilleure adaptation : Stéphane Demoustier pour La Fille au bracelet, d'après le film Acusada de Gonzalo Tobal

(étaient nommé.es : Hannelore Cayre et Jean-Paul Salomé pour La Daronne, d'après le livre La Daronne de Hannelore Cayre, François Ozon pour Été 85, d'après le livre Dance on My Grave de Aidan Chambers, Olivier Assayas pour Cuban Network, d'après le livre Os Últimos Soldados da Guerra Fria de Fernando Morais, Éric Barbier pour Petit Pays, d'après le livre Petit Pays de Gaël Faye)


Meilleurs costumes : Madeline Fontaine pour La Bonne Épouse

(étaient nommées : Mimi Lempicka pour Adieu les cons, Hélène Davoudian pour Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Anaïs Romand et Sergio Ballo pour De Gaulle, Pascaline Chavanne pour Été 85)


Meilleure photographie : Alexis Kavyrchine pour Adieu les cons

(étaient nommés : Antoine Parouty et Paul Guilhaume pour Adolescentes, Simon Beaufils pour Antoinette dans les Cévennes, Laurent Desmet pour Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Hichame Alaouié pour Été 85)


Meilleurs décors : Carlos Conti pour Adieu les cons

(étaient nommés : Thierry François pour La Bonne Épouse, David Faivre pour Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Nicolas de Boiscuillé pour De Gaulle, Benoît Barouh pour Été 85)


Meilleur montage : Tina Baz pour Adolescentes

(étaient nommé.es : Chistophe Pinel pour Adieu les cons, Annette Dutertre pour Antoinette dans les Cévennes, Martial Salomon pour Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Laure Gardette pour Été 85)


Meilleur son : Yolande Decarsin, Jeanne Delplancq, Fanny Martin et Olivier Goinard pour Adolescentes

(étaient nommé.es : Jean Minondo, Gurwal Coïc-Gallas et Cyril Holtz pour Adieu les cons, Guillaume Valex, Fred Demolder et Jean-Paul Hurier pour Antoinette dans les Cévennes, Maxime Gavaudan, François Mereu et Jean-Paul Hurier pour Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, Brigitte Taillandier, Julien Roig et Jean-Paul Hurier pour Été 85)


Meilleure musique originale : Rone pour La Nuit venue

(étaient nommés : Stephen Warbeck pour ADN, Mateï Bratescot pour Antoinette dans les Cévennes, Jean-Benoît Dunckel pour Été 85, Christophe Julien pour Adieu les cons)


Meilleur premier film : Deux de Filippo Meneghetti

(étaient nommés : Garçon chiffon de Nicolas Maury, Mignonnes de Maïmouna Doucouré, Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi, Un divan à Tunis de Manele Labidi)


Meilleur film d'animation : Josep de Aurel

(étaient nommés : Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé, Petit Vampire de Joann Sfar)


Meilleur film documentaire : Adolescentes de Sébastien Lifshitz

(étaient nommés : La Cravate de Etienne Chaillou et Mathias Théry, Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi, Histoire d'un regard de Mariana Otero, Un pays qui se tient sage de David Dufresne)


Meilleur film étranger : Drunk de Thomas Vinterberg (Danemark)

(étaient nommés : La Communion de Jan Komasa (Pologne, France), Dark Waters de Todd Haynes (États-Unis), 1917 de Sam Mendes (États-Unis, Royaume-Uni), Eva en août de Jonás Trueba (Espagne))


Meilleur court métrage : Qu'importe si les bêtes meurent de Sofia Alaoui

(étaient nommés : Baltringue de Josza Anjembe, Je serai parmi les amandiers de Marie Le Floc'h, L'Aventure atomique de Loïc Barché, Un adieu de Mathilde Profit)


Meilleur court métrage d'animation : L'Heure de l'ours d'Agnès Patron

(étaient nommés : Bach-Hông d'Elsa Duhamel, L'Odyssée de Choum de Julien Bisaro, La Tête dans les orties de Paul Cabon)


César des Lycéens : Adieu les cons de Albert Dupontel

(étaient nommés : Adolescentes de Sébastien Lifshitz, Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait de Emmanuel Mouret, Été 85 de François Ozon)


César d'honneur : Jean-Pierre Bacri (posthume)


César anniversaire (nouveau prix) : la troupe du Splendid pour fêter le quarantième anniversaire du café-théâtre Le Splendid, fondé en 1981. Sont donc récompensé.es les actrices et acteurs membres fondateurs de cette troupe : Josiane Balasko, Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Bruno Moynot.



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