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RAIN MAN (critique)

Ce film a 35 ans cette année. C’est un des films les plus emblématiques des carrières (plus que prolifiques) d’à la fois Tom Cruise et Dustin Hoffman. C’est aussi un des films marquants de son réalisateur, le mésestimé Barry Levinson. Ce film, c’est Rain Man.

Après ces films teen en début de carrière (Losin’ It, All the Right Moves, Risky Business, The Outsiders) et les succès avec les frères Scott (Legend avec Ridley, Top Gun avec Tony), Tom Cruise continue de traverser les années 1980 avec de grands noms. On a déjà parlé de La Couleur de l’Argent, réalisé par Martin Scorsese, mais aujourd’hui, c'est Barry Levinson qui nous intéresse. Vous allez me dire « plait-il ? », mais voilà encore un grand nom à ajouter à la liste (loin d’être dégueu) de monsieur Croisière. Levinson a alors signé des films géniaux tels que Diner, Le Secret de la Pyramide, Tin Men ou Good Morning Vietnam, puis fera plus tard Avalon, Des Hommes d’influence, Sleepers ou Panique à Hollywood. C’est un vieux de la vieille avec du talent, de la gouache, de la versatilité, et il est encore en activité aujourd’hui ! Ah oui, il a aussi enfanté Sam Levinson, créateur d’une certaine Euphoria, mais aussi de Malcolm & Marie et de la série-phénomène du moment, The Idol. Bref, Barry Levinson est un auteur à réévaluer, au même titre qu’un George Roy Hill, comme je l’ai dit dans mon papier sur L’Arnaque.

« Oh-oh… »

Encore une fois, Tom Cruise incarne dans ce film un as des as : un importateur de grosses cylindrées étrangères qui connaît un peu le creux de la vague. Lorsqu’il apprend le décès de son père, avec lequel il n’entretenait plus de rapports depuis l’adolescence, il se retrouve à devoir faire avec un grand frère autiste dont il ignorait l’existence, s’il veut voir un tant soit peu de l’héritage du paternel. Ce frère plus âgé, c’est évidemment le légendaire Dustin Hoffman (Le Lauréat, Tootsie), qui porte le film de bout en bout, assisté d’un Cruise somme toute très bon, sur une partition très classique pour lui, surtout à cette époque, et plutôt plus terre-à-terre en comparaison à son partenaire de jeu. Les deux hommes embarquent dans un road-movie initiatique où ils vont devoir apprendre à se connaître, alors que tout les oppose. Si Charlie est un jeune branché et fougueux à tendance un peu douchebag, alors que Raymond est régi par des rites et vit dans son monde, mais cache des capacités dingues - il est juste différent. Les deux sont brillants.

Rain Man est donc un simple récit de deux frères adultes qui apprennent à composer à deux. Le côté fish out of the water fonctionne parfaitement et les deux comédiens semblent s’amuser, dans un film de comédie sentimentale et parfois dramatique. Si le style de Levinson est ici plutôt académique, il n’en est pas moins efficace. Plus encore, il en est d’autant plus fort qu’il est dépouillé de tout artifice. L’humble capacité de filmmaking prime ici, et trouve son paroxysme dans un geste tendre, un mouvement de caméra léger et des répliques épurées. En effet, dans la conclusion du troisième acte, juste avant un épilogue déchirant, Dustin Hoffman et Tom Cruise se font face, front contre front, pour nous confier avec leurs mots leur attachement fraternel. Un long et lent travelling avant sur le visage des deux acteurs, les douces notes d’un Hans Zimmer tout en flûtes, percussions et synthés en fond sonore, et des dialogues plus qu’émouvants. Rien de plus. Besoin de rien d’autre, au final : l’humilité et la force du cinéma, dans son plus simple appareil.


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