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PROMISING YOUNG WOMAN (critique)

Dernière mise à jour : 25 oct. 2021

Après avoir obtenu plusieurs récompenses prestigieuses, dont l'Oscar du Meilleur Scénario Original pour sa réalisatrice-scénariste, Emerald Fennell, Promising Young Woman débarque dans les salles françaises. Et c'est immanquable. (critique garantie sans spoilers)

Après avoir abandonné ses études de médecine, Cassie est revenue vivre chez ses parents et travaille dans un café le jour. La nuit, elle part en mission dans les boîtes de nuit, et ce qu’elle fait semble être lié à un événement survenu à l’université. C’est tout ce dont vous avez besoin de savoir. En effet, on vous conseille de vous renseigner le moins possible avant de voir ce long-métrage (l’excellente bande-annonce en dévoile d’ailleurs peu et c’est tant mieux).


Tourné en un temps très court (23 jours), ce film indépendant navigue intelligemment entre plusieurs genres : film de vengeance, thriller, comédie noire et comédie romantique. Tout cela sans jamais perdre son propos : soit un discours féministe dénonçant la culture du viol (voir définition ci-dessous*), qui concerne tout le monde, hommes et femmes. On n’est pas du tout dans une opposition hommes-femmes, mais bien dans la critique d’un système (et de personnes des deux sexes) qui protège les agresseurs. Ainsi, Promising Young Woman est la parfaite incarnation de l’ère post #MeToo, il interpelle et pose les bonnes questions, remet les pendules à l’heure. Plus porté sur la psychologie que sur la violence, le film est destiné à tout le monde et se veut au plus proche de la réalité de notre société. Remarquablement construit et à la bonne distance de son sujet, il reste original et inattendu tout du long, avec une fin brillante. L’Oscar du scénario original remis à Emerald Fennell (également actrice dans Call the midwife et The Crown) est absolument mérité (même si on a aussi beaucoup aimé l’écriture du film Les 7 de Chicago d’Aaron Sorkin).

La réussite du long-métrage tient également dans sa réalisation extrêmement soignée, notamment ses cadrages extrêmement composés et presque trop parfaits, lisses et jolis, pour montrer l’hypocrisie et les apparences. La photographie est aussi très travaillée, avec une palette de couleurs pastel (à tendance rose et bleue) qui vient renchérir cette idée. L’ironie vient aussi de son excellente bande-originale très féminine, voire girly : on pense en particulier à une scène sur du Paris Hilton ou la reprise au violon de Toxic de Britney Spears.

Les cinq couleurs sur les ongles de Cassie représentent les différentes facettes de sa personnalité. Pour incarner ce personnage difficile, froid, déterminé tout en restant très féminin dans son apparence, il fallait une grande actrice et Carey Mulligan est vraiment incroyable. On aurait aimé qu’elle remporte enfin son premier Oscar pour cette performance mémorable (la récompense est allée à Frances McDormand pour Nomadland). A ses côtés, on a aussi adoré Bo Burnham (connu pour ses chansons humoristiques, puis pour son premier film en tant réalisateur, Eighth Grade) qu’on espère retrouver très vite devant la caméra. Tous les autres rôles, mêmes jusqu’aux plus petits sont excellents (voyez plutôt la liste de gens sympas) : Alison Brie, Chris Lowell, Max Greenfield, Christopher Mintz-Plasse, Adam Brody, Connie Britton, Alfred Molina, Laverne Cox, Clancy Brown, et même Jennifer Coolidge en mère inquiète.

Fort, dérangeant et nécessaire, Promising Young Woman ne laisse pas indifférent et vous aurez très certainement besoin d’en discuter en sortant de la salle. Faux Kill Bill, vraie claque, l’un des meilleurs films de l’année pour nous. C’est un euphémisme de dire qu’on attend le deuxième long-métrage d’Emerald Fennell avec impatience.


*Culture du viol : définition : Ensemble de comportements qui banalisent, excusent et justifient les agressions sexuelles, ou les transforment en plaisanteries et divertissements. Le corps des femmes y est considéré comme un objet destiné à assouvir les besoins des hommes. Les commentaires sexistes abondent et ils créent un climat confortable pour les agresseurs. Dans une telle culture, la responsabilité de l’agression repose sur la victime, dont la parole est remise en cause.



Pour en savoir plus : 16 façon de lutter contre la culture du viol (ONU Femmes/UNWomen) : https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2019/11/compilation-ways-you-can-stand-against-rape-culture




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