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Julien Lecocq

PREY (critique)

Dernière mise à jour : 26 août 2022

Disponible sur Disney+ depuis le 05 août, Prey est le nouveau film de l’univers Predator, cette fois situé au 18e siècle chez les Amérindiens. Julien Lecocq l’a vu et vous en parle sur PETTRI.

Quatre ans après le nullissime The Predator (2018), difficile de croire qu’un nouveau film se situant dans l’univers du Predator puisse à nouveau voir le jour, et pourtant. Prey (joli contre-pied du titre Predator) aurait pu être carrément casse-gueule, surtout de par ses ambitions, situant l’action en Amérique précoloniale, côté amérindien.


Nous sommes donc en 1719, dans la région américaine des Grandes Plaines, et nous suivons Naru, une jeune Comanche, experte en guérison, mais aspirant à devenir chasseuse. Elle parvient néanmoins à taper l’incruste dans le boys-club de chasseurs de sa tribu, mais voilà, patatra, c’est le drama, y a le Predator qui débarque. Le résumé s’arrête ici pour éviter tout divulgâchement des plus incongrus.


Pour évoquer le film à sa juste valeur, il faut absolument parler de la forme. Il a été tourné essentiellement en extérieur, et c’est une belle réussite : les paysages sont magnifiques ! Il y a aussi de belles compositions de plans.


Les scènes d’action sont particulièrement réussies, évitant la caméra à l’épaule tremblante, on profite réellement des combats. Les scènes avec le Predator sont géniales, avec des gadgets intéressants qui restent cohérents avec la franchise. De plus, le Predator du film a un look un peu "préhistorique", ce qui est surprenant mais donne un aspect old school cohérent à l’alien, puisqu’il s’agit peut-être de la première visite de ces prédateurs. Un bémol malgré tout, c’est que l’action met du temps à arriver, mais une fois que ça arrive ça ne s’arrête plus !


On évoquait plus tôt le pari risqué de placer l’action chez les Amérindiens, qu’est-ce que cela donne du coup ? Alors, malgré quelques phrases ici et là en comanche, les personnages parlent en anglais. Dommage me direz-vous ? Eh bien pas tant que ça. Car on a aussi affaire à des personnages non-amérindiens, des trappeurs européens. Mais pas n’importe quels Européens : des Français ! Alors bien sûr il n’est pas question de fanfaronner par pur chauvinisme, mais plutôt de souligner l’intelligence du film. Car il montre une vraie barrière linguistique entre Amérindiens et Européens, sauf que les Amérindiens parlent anglais, et que les Européens parlent le français (québécois bien sûr, pour notre plus grand plaisir !). La séquence la plus jouissive du film étant évidemment lorsque les Franco-pas-encore-Québécois gueulent et pétaradent dans tous les sens, chassés par le Predator. Je n’en divulgâche pas plus!

Cela étant dit, il faut tout de même s’attarder sur la protagoniste du film. Malgré un postulat de base intéressant, à savoir un personnage qui souhaite se dépasser et s’extirper de sa condition sociale (un peu comme Mulan d’une certaine manière), le personnage de Naru est très mal écrit : on est juste en plein féminisme superficiel, constamment dans la posture. Vous pensez que j’exagère ? Lorsqu’on lui demande pourquoi elle s’entête à vouloir faire la chasse, elle répond que c’est parce que ce n’est pas ce qu’on attend d’elle. Et non parce qu’elle veut tout simplement chasser. Êtes-vous convaincus ? Autre exemple : Naru, s’entraînant seule en tout clandestinité pour la chasse, confectionne une arme particulière : elle accroche une corde à sa hache, ce qui fait qu’elle peut la lancer et la ramener vers elle, une invention intéressante en soi. Eh bien, découvrant son gadget, les boys de la chasse se foutent gratuitement d’elle, parce que son invention serait débile. Sauf qu’en vrai, en tant que chasseurs, ils auraient dû trouver son arme intéressante, au lieu de la trouver nulle, parce que venant d’une femme. Un peu forcé le patriarcat, là. Non parce que pour aller plus loin dans ce cas-là, les boyz auraient pu carrément s’approprier son invention, reconnaissant son potentiel, mais refusant à une femme son génie, comme cela a été trop souvent le cas dans l’Histoire. Je sais que j’extrapole, mais ce trait forcé a quelque peu diminué mon enjouement du visionnage. Et c’est dommage, parce que la base du personnage correspond à une réalité, les femmes comanches n’avaient pas le droit de partir à la chasse, c’était le rôle des hommes. Il aurait fallu donner plus de profondeur au personnage et à ses motivations pour qu’elle soit réellement intéressante, au lieu de lui donner un discours de surface. On est un peu trop dans la gênance.


Passé ce cap, Prey est un bon film, mais surtout un très bon film Predator ! La bestiole en question pète la classe, les scènes d’action sont super réussies, et le rythme s’emballe une fois passé le premier tiers. D’ailleurs, on ne s’ennuie pas : le film dure 1h40. Une belle réussite ! Honteux qu’il ne soit pas sorti au cinéma !

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