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PIECES OF A WOMAN (critique)

Dernière mise à jour : 24 oct. 2021

Le réalisateur hongrois Kornél Mundruczó, qu’on avait laissé avec La Lune de Jupiter en 2017, revient sur Netflix avec Pieces of a Woman, un film produit aux États-Unis.

Coup sur coup, le hongrois Kornél Mundruczó nous avait désarçonné avec un cinéma vraiment très intéressant, très allégorique et en recherche constante d’originalité. Parfois même jusqu’à l’overdose. Mais quand on a appris qu’il passait de l’autre côté de l’Atlantique, qui plus est produit par Martin Scorsese et Sam Levinson, on ne pouvait que se demander ce qu’allait donner un transfuge de son cinéma à l’américaine. Éléments de réponse avec Pieces of a Woman, drame bourgeois dans lequel le réalisateur et sa compagne-scénariste Kata Wéber évoquent un événement matriciel de leur vie. Le malheur, la tristesse, la stase, tout ne pouvait être écrit et mis en scène par des gens ayant vécu ce genre de chose. Et ce genre de chose, c’est terrassant : Martha et Sean sont un jeune couple amoureux. Elle va accoucher, à la maison, comme ils l'avaient prévu. Mais quand leur sage-femme se désiste, une autre vient à la rescousse et au terme d’un accouchement compliqué, l’enfant meurt. Et le film est aussi déchirant que ce genre d’événement peut l’être pour des parents.


Le point d’orgue de ce film est bien évidemment son actrice principale Vanessa Kirby, flamboyante et belle. Femme brisée, mère meurtrie, épouse distante. Son personnage, Martha, est écrit avec subtilité, et l'interprète avec une justesse forte, face à un Shia LaBeouf décidément dans un sans-faute récent (Honey Boy, The Peanut Butter Falcon). Il fait son manège habituel, mais le personnage s’y prête bien. La mère de Martha est interprétée par Ellen Burstyn, excellente, notamment dans une scène pivot. Notons aussi l'apparition remarquable de Benny Safdie, co-réalisateur de Good Time et Uncut Gems. Ce dernier était d’ailleurs produit par Scorsese, qui fait de même ici, au côté du prodige Sam Levinson, qui a réalisé la petite bombe Assassination Nation et créé Euphoria pour HBO, et dont on attend Malcolm & Marie avec impatience. Le point commun entre Levinson et Mundruczó était déjà leur chef opérateur Marcell Rév, remplacé ici par Benjamin Loeb (Mandy). Ici, la caméra est un personnage à part entière, toujours précise, circule, respire, va et vient, s’attarde sur des portions de peau, de corps, et repart douloureusement par la force du montage. Mundruczó applique donc une mise en scène à l’image de ce que ressentent ses personnages, parfois furieux, parfois atterrés, toujours endoloris. La douleur est indicible. Mais montrable. Et on s’applique à nous la montrer à tous les instants, en premier lieu sur le visage de son actrice, dont le film distille sa picturalité.

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