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PETTRIVIEW #4

Dernière mise à jour : 6 nov. 2021

Pour ce nouveau PETTRIVIEW, Jofrey La Rosa vous propose quatre œuvres culturelles, plus ou moins récentes, pour lesquelles il a eu un coup de cœur : un livre, un film, une série et un album musical !

Livre : Once Upon A Time In Hollywood - A Novel, Quentin Tarantino

Pas vraiment une novélisation, pas du tout un scénario romancé, mais plutôt une version alternative de l’uchronie hollywoodienne de Tarantino, dont on découvre l’écriture au-delà des dialogues, voilà ce qu’est ce bouquin réjouissant, découvert en anglais. Et si le film était déjà un sommet, QT arrive ici à trouver un terreau encore plus fertile pour son art du foisonnement. Il rejoue des scènes dans un ordre, des lieux et contextes différents, change de direction en cours de route. Son écriture, passionnée et passionnante, virevolte dans un amas d’informations et de descriptions brillantes. Comme décrire longuement Cliff, le personnage encore plus complexe de Brad Pitt dans le film, par le prisme de sa cinéphilie, et ce dès le deuxième chapitre. Les fans de son film n’en seront que plus bousculés, malmenés, surpris, pour un rendu plus qu’enthousiasmant, qui captive tout autant que le film, sinon plus. Une prouesse.


Film : The Swimmer

Film assez méconnu avec Burt Lancaster, The Swimmer (Le Plongeon en VF) est réalisé par Frank Perry (lui aussi grand cinéaste peu connu, look it up), l’acteur a toujours dit que c’était son plus grand film et son plus grand rôle, malgré l'insuccès du film (et sa filmo monumentale). Son personnage réapparaît dans la piscine d’amis après une longue absence, décidant sur une révélation mystique qu’il peut nager de piscine en piscine jusqu’à chez lui. Allégorie de la vacuité de l’Amérique modèle, de la cécité d’une bourgeoisie WASP fermée et horrifique, l’esthétique du film ressemble aux travaux picturaux que fait au même moment David Hockney, tout en créant un torrent émotionnel fort et complexe. Le film se passe dans un bouche à oreille discret dans les cercles cinéphiles, alors voilà c’est cadeau.


Série : Reservation Dogs

Disponible en France sur Disney+, cette série nous a été vendue comme une comédie, mettant en scène des ados rebelles au sein d’une réserve amérindienne. Mais ce n’est pas tout à fait ce qu’on a pu y voir. Créée par l’amérindien Sterlin Harjo (Barking Water, Mekko) et par le métisse maori-ashkénase Taika Waititi (Thor Ragnarok, Jojo Rabbit), Reservation Dogs va en effet beaucoup plus loin d’une certaine idée de la normalité inclusive dans l’Hollywood contemporain. Évidemment et heureusement, tous les acteur.rice.s sont amérindiens, c’est tourné dans une réelle réserve, comme l’avait déjà fait Harjo dans ses projets précédents, mais la comédie est sans cesse rattrapée par le désir de ces quatre jeunes un peu paumés de partir pour la Californie, terre promise fantasmée. Aussi, ils sont en plein deuil alors qu’on fait leur connaissance, un cinquième larron s’étant ôté la vie il y a de ça un an. Et le portrait de cette communauté - dont on connait finalement que trop peu les croyances, les conditions de vie et la mentalité - s’en trouve que plus riche, sur un fond thérapeutique, et un ton toujours au bord de la rupture. Un exercice d’équilibriste réussi pour une troupe qu’on a hâte de retrouver en saison 2.


Musique : Certified Lover Boy, Drake

On peut dire ce qu’on veut de Drake, il est actuellement non seulement au sommet d’un rap game pointu et divers, mais réussit également l’exploit d’être aussi versatile que sacrément génial sur des variantes plus pop, évidemment marketing, mais diablement efficace. Et ce mot résume assez bien l’état du talent de l’homme de Toronto : l’efficacité. Son dernier opus, longuement teasé, le confirme avec un aplomb dingue. Certified Lover Boy (CLB pour les intimes) a été maintes fois décalé, puis sorti à la suite (et en opposition) d’un Donda de Kanye West qui divise plus que jamais. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les productions sont toujours aussi soignées, menées par le génie inimitable Noah “40” Shebib et par un Drake en grande forme, retrouvant des élans de Nothing Was The Same tout en ne perdant en rien le public qu’il a constitué au fil de ses tubes plus r’n’b ou afro-caribéens. Les featurings, tous au moins convaincants (voire carrément brillants), se bousculent pour se mesurer à un artiste qui n’a plus rien à prouver, mais qui le fait toujours avec un aplomb certain.

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