Pour ce troisième PETTRIVIEW, Pauline Lecocq a décidé de vous proposer quatre œuvres culturelles, plus ou moins récentes, pour lesquelles elle a eu un coup de cœur : une pièce de théâtre, une série, une chanson (et son clip) et un spectacle sur Netflix !
Théâtre : Papy fait de la résistance au Théâtre de Paris
40 ans après la création de la pièce au théâtre du Splendid et 38 ans après la sortie du film culte (qu’on adore), Papy fait de la résistance revient pour la première fois sur scène, avec Martin Lamotte, qui a co-écrit la pièce avec Christian Clavier, dans le rôle du papy éponyme. Il est bien secondé par Catherine Jacob, Karine Belly, Emma Bazin, Rémi Johnsen, Antoine Croset, Julien Jacob, Lionel Laget, toutes et tous formidables. On connaît l’histoire : Paris, 1943, la famille Bourdelle est obligée d’accueillir un officier allemand en pleine période d’Occupation et se retrouve à devoir loger dans la cave de leur propre maison, pendant que Super Résistant rôde. On s’amuse de beaucoup de choses, notamment des régulières citations de chansons, notamment la meilleure scène de la pièce pour nous sur « Je n’ai pas changé » de Julio Iglesias déclamé par un officier de la Wehrmacht pendant qu’en arrière-plan les acteurs s’étripent au ralenti. Il est aussi amusant de noter les différences entre la pièce et le film, que ce soit le personnage de Colette qui est plus développé que dans le film, ou celui de Michel Taupin, incarné par Christian Clavier au cinéma, qui a une destinée bien différente. Peut-être un peu limité par son huis clos de la maison en termes de situations, on s’amuse pourtant de voir que les portraits accrochés aux murs de la maison sont en réalité composés des visages de Clavier et de Lamotte avec des perruques ! Et le twist final reste un sommet de comédie critiquant le mythe résistancialiste. D’abord exceptionnellement diffusé sur France 2 en juin de cette année, la pièce a enfin pu être jouée en public en septembre-octobre, mise en scène de façon très efficace par Serge Postigo. Très drôle et rythmée, on vous conseille ce Papy fait de la résistance !
Série : Squid Game
La série phénomène sud-coréenne sur Netflix vaut-elle le coup ? Et bien, oui ! Proche du propos de La Casa de Papel (série espagnole diffusée sur la même plate-forme) dans sa dénonciation du capitalisme de notre monde, Squid Game allie Battle Royale et Hunger Games. En effet, le pitch est simple : des personnes surendettées vont participer à un jeu pour gagner des millions, mais chaque épreuve (des jeux d’enfants) voit les perdants se faire tuer. Et c’est une réussite sur plusieurs plans : son mélange des genres typiquement sud-coréen, son excellente réalisation (marquée par une grande violence), son esthétique maintenant reconnaissable partout (les couleurs, les décors, les costumes) et ses comédien.nes. Quelques incohérences font que narrativement la série ne tient pas toutes ses promesses et l’on regrette certains personnages qui sont un peu sacrifiés, mais la noirceur de l’humanité y est dépeinte avec une telle maestria que l’on comprend l’énorme succès (mérité à nos yeux) de cette série addictive de 9 épisodes et qu’on vous la recommande.
Chanson (et clip) : « Easy on me » - Adele
Adele est de retour avec ce magnifique titre piano-voix à la mélodie mélancolique entêtante dans lequel elle s’adresse à son fils. Une ballade minimaliste à la fois douce et déchirante qui parle de regrets et de pardon, avec une lueur d’espoir. Cinq ans après l’épique « Hello » et son clip réalisé par Xavier Dolan (oui, oui), le cinéaste québécois est de nouveau aux commandes de ce nouveau single et reprend là où « Hello » s’achevait (ainsi que les codes de son propre clip) : on a donc droit à un mauvais réseau téléphonique, du noir et blanc, Adele déambulant dans une vieille maison, et des gros plans sur la chanteuse et ses yeux maquillés d’eye-liner. Sauf que cette fois, il s’agit de départ et de renouveau donc on a droit à une balade en voiture. Et puis, un truc se passe dans l’image et c’est beau. Sortie le 15 octobre seulement, cette chanson a déjà battu le record du nombre de streams obtenus en une journée sur Spotify et AmazonMusic. L’album d’Adele, intitulé 30 (elle continue avec les chiffres à chaque nouvel opus), hyper attendu, sortira le 19 novembre. Dire qu’on a hâte est un euphémisme.
Spectacle : « Nanette » - Hannah Gadsby (Netflix)
L'humoriste australienne démarre son show par cette annonce : elle arrête la comédie. Et tout le spectacle consiste à nous expliquer pourquoi, en parlant d’histoire de l’art, de santé mentale, de perspective féminine et LGBTQ+, en incluant des thèmes comme le sexisme, la violence contre les femmes, l’homophobie et la xénophobie. Auréolé par de prestigieux prix, donc le Prix Peabody et l’Emmy Award de la meilleure écriture pour un « spécial », ce spectacle d’1h09 a complètement bouleversé ma perception de l’humour et mon regard sur certains artistes peintres (Picasso). Certain.e.s ont reproché à « Nanette » d’être un TedxTalk plutôt qu’un spectacle d’humour. Il est vrai qu’on ne s’esclaffe pas mais c’était aussi un moyen pour Gadsby (connue et reconnue dans son pays en tant que comique avant ce special, mais pas au-delà) de raconter son histoire et de nous faire réfléchir sur la comédie. Et c’est une grande réussite, ce qui explique son immense succès à l’international. Il est clair qu’il y a un avant et un après « Nanette » dans le monde des humoristes. Pourtant, Hannah Gadsby n’a en réalité pas arrêté : son dernier spectacle en date (et celui suivant « Nanette ») s’appelle « Douglas » et est disponible également sur Netflix depuis 2020.
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