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PETTRIVIEW #16

Le PETTRIVIEW de cette semaine vagabonde entre une recherche dans le paysage rap FR, une redécouverte de l’objet-livre, la meilleure série du monde qu’elle est française cocorico, et un petit bonbon indé côté JV. Bonne pioche pour ce second PETTRIVIEW de mon cru.


Musique : Trinity, Laylow

Après Orelsan, je continue petit à petit mon exploration et ma découverte du rap français. J’ai testé Lomepal, Népal, pour ceux que j’ai aimés, Vald, PNL pour les autres (à creuser dirons-nous). Puis je suis tombé sur Trinity. Et là je suis resté bouche bée, en fait. Comme pour le Caenais (et puisque ça semble être mon mode opératoire), je reste scotché à l’album depuis deux semaines. Je vis et revis chaque titre comme la première fois à chaque écoute, que ce soit à la salle, sur la selle, ou à la selle. Il me suit partout. Chaque morceau de cet album est une masterclass, ni plus ni moins. Un univers à part entière dans lequel glisse la persona flamboyante, distinguée, névrosée, colérique, mélancolique d’un rappeur déjà légendaire pour moi. Laylow a une manière unique de vivre sa musique, une incarnation spontanée et franche comme je l’entends assez rarement. Après la première écoute, j’ai su qu’il se hissait très haut parmi mes albums préférés. Il a tout bouffé c’était pas prévu.


Livre : La Place, Annie Ernaux

Après avoir vu une vidéo traitant des transclasses, un terme de philo-socio un brin pompeux qui désigne ces personnes changeant de classe sociale au cours de leur vie, j’ai eu une idée saugrenue qui ne m’était pas arrivé depuis quelque temps : lire un livre. On va arrêter de faire semblant, t’as lu le titre. Bah c’est exactement de ça que traite Annie Ernaux, elle qui est née de parents commerçants, anciennement ouvriers, et qui a vu son niveau de vie s’élever après avoir passé le capes de lettres. Ce qu’elle raconte, c’est une fracture sociale, des modes de vie fondamentalement différents mais toujours liés par l’habitude et la fierté de ses origines, qu’elle porte volontairement comme un étendard, tout en ayant parfaitement conscience de vivre une aliénation, une distance sociale profondément ancrée dans les fondements même des classes. C’est tout le drame des personnes s’élevant socialement (et qu’on retrouve dans cette expression absolument atroce, d’ailleurs). Un mot quand même sur le phrasé d’Annie que je n’avais jamais lue : j’ai été happé par l’espèce de courant de conscience qui nous fait passer d’un personnage à un autre sans préparation, mêlant discours rapporté, narration informative, passé, présent, etc., dans une nervosité toujours prenante et jolie.


Série : Drôle, Fanny Herrero

Ça va commencer à se voir que je suis dithyrambique sur ce PETTRIVIEW, mais je considère Drôle comme l’une de mes (si ce n’est la ?) séries préférées. Des personnages attachants, crédibles, extravagants, des dialogues savoureux qui me rappelle mon doux Klapisch, et cette science si rare de l’infraordinaire, des détails microscopiques (un silence, un regard gêné, un changement brutal de sujet) qui renforcent et personnifient des relations déjà exemptes des stéréotypes qu’on a l’habitude de voir quand on pense minorités. Ouf, elle était longue cette phrase. Bref, c’est tout ce que j’aime dans l’art, dans la narration. Je veux des histoires qui ne parlent de rien, si ce n’est de l’humain. Mais attends, attends, c’est pas tout ! Par-dessus tout ça, il y a aussi une écriture juste, qui oscille sans cesse entre le touchant et le comique, qui aborde mille sujets sociaux d’actualité sans jamais décevoir ni être grossière… qui sait quand un non-dit, un cadrage, une musique en dit plus que le verbe. Et dieu sait que c’est compliqué de trouver le juste curseur. Et puis la qualité de jeu de quasiment tou.te.s les acteur.rice.s ! Bon ok, je m’arrête là. Un amour, cette série. Juste une dernière chose quand même : va bien te faire foutre, Netflix.


Jeu vidéo : Everhood, Chris Nordgren, Jordi Roca

Début d’année timide vidéoludiquement parlant (excepté le raz-de-marée Elden Ring of course). Quelques titres par-ci par-là, des expériences sympas sans plus. The Stanley Parable: Ultra Deluxe quand même, bonne surprise, oui, mais se reposant sur un succès vieux de presque dix ans. Puis je me souvenu d’un jeu de rythme assez cool sorti il y a peu, avec des graphismes minimalistes (pas un problème pour moi) mais un univers osé, franc, avec paraît-il une grosse vibe Undertale. J’ai craqué, j’ai acheté Everhood et, oui, il a une très grosse vibe Undertale. L’humour, le graphisme, la place prépondérante de la musique, les effets de suspense sans cesse décrédibilisés, le brisage de quatrième mur, la sensation d’enchaîner des tableaux aux PNJ toujours plus loufoques… L’inspiration est claire, revendiquée. Mais Everhood parvient quand même à distiller une personnalité forte, via son OST splendide, ses personnages attachants, son twist classique mais convainquant, parce qu’inscrit au sein d’une ambiance douce-amère, et ses mécaniques se renouvelant sans cesse. Assurément une petite pépite.

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