Pour ce nouveau PETTRIVIEW, Pauline Lecocq vous propose d'aller au théâtre, de (re)voir un film extrêmement actuel et de chiller devant Netflix. Soit 4 coups de cœur différents : un seul en scène, un one-woman show, une série et un film !
Théâtre : T-Rex- Les joies de l’open space
Alexandre, cadre dans une banque, se retrouve propulsé manager et doit gérer un chaos certain. Dans le même temps, le monstre de son enfance, le T-Rex, revient hanter ses nuits.
Ecrit par Alexandre Oppecini, qui a lui-même travaillé longtemps dans une banque, et mis en scène par Marie Guibourt, ce récit est porté par la performance d’Antoine Gouy (qu’on adore depuis la série Au service de la France, et que vous connaissez forcément grâce à Lupin) qui campe plusieurs personnages avec le talent qu’on lui connaît. Féroce, surprenant et émouvant, ce seul en scène tragicomique est une réussite totale et vient nous questionner sur notre humanité face au grand capital. A ne pas manquer au Lucernaire (jusqu’au 8 mai) !
One-woman show : Alexandra Pizzagali, "C'est dans la tête - Chapitre 1"
Autrice et metteure en scène de son propre spectacle, Alexandra Pizzagali campe un personnage de névrosée méchante, mais souvent drôle dans les horreurs qu’elle balance. Son humour noir affuté fait mouche, que ce soit dans son écriture au cordeau ou son excellent jeu de comédienne (quelle voix, et quel débit aussi !). La folie n’est jamais très loin d’ailleurs, et les spectateurs du premier rang peuvent en faire les frais. Son plus beau sketch à notre goût est peut-être celui d’une femme trompée qui demande des explications à son compagnon. On y alterne méchanceté, ironie et blessure, soit un très bel équilibre, drôle et émouvant à la fois, où l’on est suspendu à chaque bouffée de cigarette et à la prochaine réplique cinglante qu’elle va sortir. Alexandra Pizzagali vient de terminer ses dates à la Piccola Scala à Paris mais reprendra en septembre là-bas. Vous pourrez la retrouver au festival d’Avignon en juillet, et elle est également en tournée (prochaines dates à Toulouse et Bordeaux). Gageons également qu’elle écrira la suite de ce spectacle puisque le sous-titre n’est autre que « Chapitre 1 ». A la fois trash, noir et intelligent, on vous recommande ce spectacle !
Série : Les Chroniques de Bridgerton Saison 2
Bridgerton & Co est de retour et Lady Whistledown continue de faire des siennes. Moins sexe que la première saison, cette deuxième cuvée n’en est pas moins fun et réussie, bien qu’une sorte de soap en période de régence en Angleterre (pas toujours réaliste), on ne va pas se mentir. Le jeu du chat et de la souris entre la nouvelle arrivante Kate (Simone Ahsley, découverte dans Sex Education) et l’aîné des Bridgerton Anthony (le toujours intense et top Jonathan Bailey) est cependant un peu long (plein de almost kisses) et aurait mérité d’être plus condensé. Sinon, on adore toujours autant Lady Danbury et ses nombreuses punchlines, ainsi que la reine Charlotte. Benedict Bridgerton (l’adorable Luke Thomson) steale le show avec plein de mimiques en arrière-plan (ça tombe bien, la troisième saison se concentrera sur lui). On apprécie également toujours les reprises de morceaux célèbres dans des versions à cordes. De nouveaux personnages apparaissent (un cousin ayant fait fortune aux Amériques par exemple), d’autres reviennent (Marina). Une deuxième saison fun, bien que la surprise soit passée maintenant. On attend pourtant la troisième avec impatience (à noter que le créateur de la série passe la main, donc peut-être qu’il y aura des changements) !
Film : La Fracture
En pleine période post-électorale, quoi de mieux que de regarder un film sur le quinquennat qui vient de s’achever. Nommé 6 fois aux César cette année, le dernier film de Catherine Corsini (Un amour impossible, La belle saison) se concentre sur quelques personnages au service des urgences d’un hôpital, après une manifestation des Gilets Jaunes réprimée.
Le scénario, bien construit et malin, plante des graines par petites touches qu’il va réutiliser ensuite. On démarre ainsi plutôt sur un ton de comédie de mœurs avec le personnage de Valéria Bruni-Tedeschi (excellente en femme insupportable) qui doit aller aux urgences après une chute en poursuivant sa compagne (« Juliiiiiiie », campée par Marina Foïs, très bien) qui la quitte. Elle prend un cocktail de calmants là-bas et se met à délirer (et cela vaut de sacrées saillies de sa part). Blessé lors d’une manifestation ayant eu lieu quelques instants plus tôt, le personnage de Gilet Jaune incarné par le toujours parfait Pio Marmaï est un beau personnage, pris à la gorge entre son besoin de lutter contre le gouvernement et celui de garder son travail par tous les moyens. Enfin, Aissatou Diallo Sagna incarne ce qu’elle est dans la vie, une aide-soignante dévouée à son métier. D’une grande justesse, elle a été récompensée par le César du Meilleur second rôle féminin. La comédie sociale du début se transforme ainsi petit à petit en thriller hospitalier avec une tension constante qui monte en crescendo. Le constat, nécessaire, sur l'hôpital public est effrayant : l’hôpital s’effondre métaphoriquement et parfois littéralement dans ce long-métrage. Et cela fait froid dans le dos. Une franche réussite à (re)découvrir.
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