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NÉ UN 4 JUILLET (critique)

Pour notre rétrospective Tom Cruise, nous faisons une petite pause dans notre retour sur les Mission: Impossible, car l’occasion était trop belle. Aujourd’hui, c’est le Jour de l'Indépendance et il était impossible de passer à côté de l’occasion de parler d’un des films les plus marquants de l’acteur : Né un 4 Juillet.

Quatorze ans à peine après la fin de la guerre, Oliver Stone revient à nouveau sur les conséquences du Vietnam sur la psyché américaine. En effet, trois ans après le succès de Platoon, le réalisateur a carte blanche et décide de se pencher sur les mémoires de Ron Kovic, un vétéran avec lequel il coécrit le film. Les deux hommes nous livrent un nouveau pamphlet de la débâcle militaire et politique au Vietnam, au travers du portrait d’un jeune idéaliste patriote, qui laissa là-bas bien plus encore que (l’usage de) ses jambes. En 1978, un premier projet avait été mis en place avec Al Pacino dans le rôle de Kovic. Mais alors que les investisseurs se retirent peu après le début du tournage, Stone fait la promesse à son ami Kovic, qu’il fera tout pour produire le film une fois sa place faite à Hollywood. Et c’est après la réussite de son film sur le conflit vietnamien Platoon, où il a également servi on le rappelle, que Stone peut honorer sa promesse. C’est en 1989 que sort donc Né un 4 Juillet, film tout aussi important sur cette horrible guerre, par un auteur en parfaite maîtrise de ses moyens. Et quand on lui demande pourquoi se replonger dans ce sujet après une œuvre aussi définitive que Platoon, Stone répond humblement :

“Il y a eu L’Iliade et L’Odyssée. Il fallait ramener les guerriers chez eux. Ulysse a passé des années dans la nature à essayer de rentrer chez lui. Je m’y identifie beaucoup, mais il y a eu une autre guerre après Platoon. En rentrant, j’ai eu de vrais problèmes, tout comme beaucoup de vétérans. Je suis allé en prison et puis j'ai eu des problèmes personnels pendant plusieurs années à New York. On s’est retrouvés dans un pays qui n’était pas hostile aux vétérans, mais indifférent à la guerre.”

Un vétéran pour se raconter au travers de l’histoire d’un autre : voilà ce qu’est Né un 4 Juillet. Un film aussi perturbant qu’édifiant, sur la condition particulière qui est donnée à ces hommes, sacrifiés à l’autel du boom économique des trente glorieuses, remisés après avoir été utilisés. Le constat du film est clair : l’Amérique voit ses héros par le prisme de son idéologie, outrancière et capitaliste. Le propos politique d’Oliver Stone n’est plus à discuter, tant son cinéma tout entier est consacré à ces questions et points de vue, tantôt exemplaires, tantôt tendancieux. Mais le récit de cette détresse d’un héros ordinaire n’en reste pas moins un film important de son auteur. Aussi, il l’est pour son acteur principal Tom Cruise qui, au tournant de la fin des années 1980, décide de se pencher sur des rôles plus sérieux, et de racheter l’image créée par Top Gun. Considéré comme un film de propagande de la droite radicale, la première collaboration entre Tony Scott, Jerry Bruckheimer et Tom Cruise lisse en effet l’image de l’armée américaine, à une époque où la politique reaganienne n’en a pas réellement besoin. La même année, Stone fait l’exact opposé avec Platoon, avant que les deux hommes ne livrent le film qui nous intéresse ici.


Un grand film, porté par une belle partition inspirée de John Williams et une photographie qui l’est encore plus. C’est Robert Richardson qui l’a signe (collaborateur régulier de Stone, mais aussi de Scorsese et Tarantino) : de superbes images aux contres-jours orangés qui resteront gravés dans nos rétines, mais aussi de jolis plans cinétiques, où le mouvement vient montrer l’horreur de la guerre, et le quotidien déréglé des vétérans une fois rentrés à la maison. La mise en scène de Stone brille par son rythme sans pareille et sa propension à magnifier le travail de Cruise, électrique. Un film énervé et pourtant raisonné, qui envoie avec douceur et force, un uppercut dans la ruche de l’idéologie américaine. La puissance du film est telle, que Stone arrive à faire mieux que Platoon – parce que le film est plus foncièrement nuancé, beau et porteur d’espoir que son prédécesseur…

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