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MOONAGE DAYDREAM (critique)

Après un Radio-PETTRI hier, PETTRI continue à célébrer la figure de David Bowie. Pauline Lecocq vous parle aujourd’hui de l’incroyable documentaire dédié à l’artiste intitulé Moonage Daydream, sorti en salles il y a quelques mois.

Moonage Daydream, titre d’une chanson de Bowie, est un documentaire non conventionnel sur l’icône musicale. Présenté au festival de Cannes en mai dernier, il a ensuite bénéficié d’une sortie en salles en septembre dernier. Le réalisateur n’en est pas à son premier coup d’essai de documentaires sur des personnalités artistiques puisque Brett Morgen a notamment mis en scène les grands films que sont The Kid Stays in the Picture (2002) (sur le producteur de cinéma Robert Evans) et Kurt Cobain: Montage of Heck (2015). Il a fait le film avec l’accord de la famille, donc en ayant accès à des archives inédites qu’il a fallu trier et restaurer. Il a aussi pu accéder aux tableaux et poèmes de Bowie. Puis, entre 2018 et 2022, il passe quatre ans à monter les plans, et ensuite un an et demi à créer l’univers sonore, l’animation et la colorimétrie du film. Il y a en effet un énorme travail sur l’image, avec une trituration poussée, un patchwork, une expérimentation visuelle et sonore, qui en font une véritable expérience de cinéma, en plus de son aspect sonore.

Bien qu’un peu long, notamment dans sa deuxième moitié (il dure 2h20), le documentaire est organique, vivant, une véritable expérience de cinéma, avec un son remasterisé et un énorme travail de montage sonore vibrant. L’équipe chargée du son a remixé les chansons de l’artiste spécialement pour une projection en salles optimum (en 12.0 et 5.0 Atmos, et en 7.1 et 5.1). On aime particulièrement la première partie qui est bouillonnante et rend compte de la Bowie mania des débuts (notamment la période Ziggy Stardust et Aladdin Sane), avec un générique sur la chanson "Hallo Spaceboy", dans une nouvelle version remixée avec la participation des Pet Shop Boys. Le documentaire est ainsi très concentré sur la musique. On entend en effet des extraits d’interviews de l’artiste en audio, mais on les voit rarement à l’image, sans doute pour se concentrer plus sur l’apport et l’impact de sa musique sur l’industrie musicale et le monde de façon général, et son influence jusqu’à aujourd’hui. Reste aussi les morceaux bien évidemment, dont la sélection a dû être difficile mais on a droit aux chansons incontournables et à d’autres peut-être légèrement moins connues ("Absolute Beginners" ou le titre éponyme par exemple).

Pourtant, dans ce foisonnement, le film déroule la carrière de l’artiste dans l’ordre chronologique, sans trop s’appesantir sur certains aspects de sa vie, et choisissant au contraire de se concentrer un peu plus sur certaines étapes ou périodes de sa carrière. On apprécie particulièrement la partie à Berlin, période très créative et de remise en question de Bowie, avec l’impact prépondérant du producteur Brian Eno, qui va devenir l’un des plus importants de l’industrie musicale. La fin de sa vie, marquée par la maladie, est abordée de façon suffisamment pudique et cosmique pour ne pas être dérangeante.

Comme un prolongement à l’exposition "David Bowie is" de 2015, il apparaît que le musicien était un artiste total et voulait passer chaque jour à créer. En plus de la composition musicale, Bowie était un acteur convaincant. Plusieurs extraits de ses films sont ainsi inclus, entre autres : L’homme qui venait d’ailleurs, Les Prédateurs, La Dernière tentation du Christ, Furyo, Labyrinthe, Le Prestige. On s’attarde également sur sa peinture, plutôt abstraite, qui est tout à fait intéressante. L’homme était dans une recherche et une réinvention permanentes et c’est fascinant à voir. Tout comme ses costumes, primordiaux dans la première moitié de sa carrière, dont le psychédélisme a influencé la mode et inversement.


Moonage Daydream est donc une invitation au voyage dans la vie de David Bowie, cette créature venue d’ailleurs, dans un trip volontairement musical, spatial, de science-fiction, cosmique, mystique et plus encore ! Véritable odyssée dans l’œuvre et la vie de cet artiste total, le documentaire de Brett Morgen est une ode à sa musique, à son art et à sa persona, un film furieusement et absolument sonore et visuel, d’où l’expérience unique en salles qu’on vous recommande si vous en avez l’occasion.


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