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Pauline Lecocq

MISSION: IMPOSSIBLE 2 (critique)

Dernière mise à jour : 27 juin 2023

Nous continuons notre rétrospective Tom Cruise aujourd’hui avec le deuxième volet de la saga Mission: Impossible, cette fois signé John Woo en 2000. Avis de Pauline Lecocq sur PETTRI.

Passé la froideur magnifiquement hitchcockienne de Brian DePalma qui signait un vrai film d’espionnage avec le premier opus, changement de fusil d’épaule avec ce nouveau volet des aventures d’Ethan Hunt. Plus qu’un espion, il est maintenant un quasi-superhéros, qui n’est touché par aucune balle et qui sauve le monde d’un virus tout en faisant des combats virevoltants.

Après les expériences américaines et les succès de Chasse à l’homme (avec JCVD), Broken Arrow et Volte/Face, John Woo est un réalisateur chinois alors au sommet (The Killer, Une balle dans la tête et À toute épreuve sont ses films d’action célèbres avant de venir aux Etats-Unis). Pour ce Mission: Impossible, il persiste et signe un ersatz des films d’action hongkongais de la fin des années 90, avec Tom Cruise en superstar et des cascades à couper le souffle, des gunfights et… des colombes au ralenti bien sûr !

Cruise-Wagner s’offrent les services de Robert Towne, grand scénariste (Chinatown, La Dernière Corvée) pour écrire le script. Il y a bien une histoire de virus et d’antidote créés par l’industrie pharmaceutique qui n’est pas inintéressante, mais bizarrement on ne craint jamais que le virus se répande. De plus, le scénario est un peu ambivalent quant au regard sur le personnage féminin, défendu par Ethan Hunt quand elle est insultée par le villain, mais qui ne reprend pas son boss quand il énonce quelques trucs bien sexistes. Anthony Hopkins a en effet seulement deux scènes et son personnage en balance une énorme : « c’est une femme, elle sait coucher et mentir, elle n’a pas besoin d’entraînement » (peut-être est-ce aussi une provocation, mais cela reste flou). Pourtant, le personnage de Nyah prouvera au fur et à mesure qu’elle est courageuse et prend beaucoup de risques, même si l’actrice Thandiwe Newton fait sans doute un peu trop jeune pour le rôle. L’alchimie entre elle et l’acteur-producteur ne fonctionne pas toujours et on a du mal à croire à leur coup de foudre et leur histoire d’amour.

Tom Cruise est toujours très bien et charismatique bien sûr, d’autant plus qu’il s’éclate avec ses cascades impressionnantes. Néanmoins, et peut-être que c’est dû à la coupe de cheveux de surfeur californien (pourtant on n’a rien contre eux), on n’est jamais inquiet pour son personnage. Il y a un véritable côté lisse qui instaure une distance. Tout cela s’effacera dans le troisième opus avec une histoire d’amour plus crédible et des enjeux plus forts.

En agent secret devenu terroriste, le comédien Dougray Scott (qu’on adore dans A tout jamais la véritable histoire de Cendrillon (Ever After)) prend un accent très bizarre, comme s’il était britannique au début puis virait… australien ou écossais ? En plus d’une blessure, le pauvre sera victime des nombreux retards de tournage et devra abandonner le rôle de Wolverine dans le premier film X-Men. Il sera remplacé au dernier moment par Hugh Jackman avec l’histoire qu’on sait. Il n’ira pas non plus auditionner pour le rôle d’Aragorn en Nouvelle-Zélande pour une autre saga, Le Seigneur des Anneaux. Un peu maudit par ce volet…

En second couteau tirant leur épingle du jeu, on retrouve Ving Rhames (Luther, personnage récurrent de la saga), et d’autres acteurs réputés et impeccables (Richard Roxburgh, Brendan Gleeson et Rade Šerbedžija, que Tom Cruise avait déjà croisé lors de son errance nocturne dans Eyes Wide Shut). On peut même apercevoir le cousin de Tom Cruise, William Mapother (héros du très beau film Another Earth).

La magnifique photographie de Jeffrey L. Kimball (qui a aussi signé celle des films True Romance et… Top Gun !) est un des points forts du film. Il retravaillera d’ailleurs avec John Woo sur le sous-estimé Paycheck. Sa mise en scène a un peu vieilli justement avec ses ralentis, ses colombes et ses scènes d’action too much. La musique a aussi pris un coup de vieux : pas le thème à la guitare électrique qui fonctionne toujours très bien, mais la musique techno-dance de la fin 90’s, ça pique un peu les oreilles !

Ce deuxième opus est donc une déception (même s’il n'est pas désagréable dans le genre), malgré quelques points forts, notamment une excellente utilisation des masques. Et puis, quelques séquences cultes quand même : Tom Cruise qui escalade une montagne à mains nues sans harnais (parodiée par Les Guignols de l’info, voir ci-dessous) et la course-poursuite à motos finale.

Malgré tout, on a l’impression de s’être trompé de saga, puisque tout rappelle l’univers d’un autre agent secret au matricule connu de tout le monde. En effet, on y retrouve la séduction, les gadgets, les cascades, l’humour faussement fin des dialogues, la frime. Comme si Mission: Impossible 2 voulait trop ressembler à un James Bond, et moins à un Ethan Hunt – et son équipe (oui, c’est là l’une des clés de ces films car la team est primordiale). De plus, il n’y a pas d'histoire liée au premier volet (ça encore, on peut comprendre), contrairement à ce qu'il se passera à partir du troisième opus pour le reste de la saga jusqu'à aujourd'hui. Et heureusement ce troisième volet emmènera la saga dans une autre direction, bien plus intéressante et propre à elle, et donnera les bases de ce qu’elle est formidablement devenue depuis. Jofrey La Rosa vous en parlera la semaine prochaine !


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