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Jofrey La Rosa

MEN (critique)

Après Ex Machina et Annihilation, Alex Garland revient aux affaires avec Men, un long-métrage traitant de la masculinité toxique. Encore un strike de la part du scénariste de Sunshine ? La réponse est bien évidemment sur PETTRI.

Le Mal par le Mâle

On connait Alex Garland des scénarios qu’il a écrit pour des films de Danny Boyle tels que Sunshine ou 28 Days Later. Depuis, il est lui aussi passé à la réalisation avec deux coups de maître à la suite : Ex Machina (2015) et Annihilation (2019). On a pu aussi voir son travail dans la série Devs en 2020, qu’il a écrite et réalisée. Mais il revient cette année au cinéma avec Men, accompagné à la production par la fameuse bannière indée A24, et creuse le sillage de ce qui fait son cinéma : les femmes, les hommes et des allégories. Dans ce film se déroulant dans la campagne britanique, Harper (Jessie Buckley) est une femme urbaine qui vient cherhcer un peu de calme pour se reconstruire après un drame. Elle y loue une grande maison à un certain Geoffrey (Rory Kinnear), pensant pouvoir prendre le temps de se remettre du suicide de son mari (Paapa Esseidu). Mais elle est vite embêtée par un individu nu qui la suit partout…


Sur le papier, Men est un drame plus simple, moins SF de la part d’un spécialiste du genre, mais il déploie au compte-goutte son récit d’une femme brisée, aux mains d’une malédiction qui s’abat sur toutes ses semblables : l’homme. Le titre du film n’est en effet pas innocent, tout comme ceux que Garland décrit comme un Mal plus génétique que systémique, qui gangrène celles que son héroïne représente. Abusée, maltraitée, humiliée, culpabilisée, elle tente de se remettre tant bien que mal, de retrouver une vie normale, mais en est empêchée par des personnages masculins, qui ont tous les traits du même homme, ce dont le personnage ne semble pas remarquer. Le Mâle comme Mal, comme s’il était inscrit dans le gène Y, se propage, tentant même de s’installer dans le XX, avec (encore une fois) une symbolique forte d’innocence pollinisatrice : les akènes du pissenlit, qui fait à la fois figure de propagation et de beauté.


Si Men est un récit peu subtil et somme toute un peu trop prévisible, c’est aussi une jolie tentative d’elevated horror, couplée d’un drame psychologique efficace. Mais à trop vouloir en faire niveau allégories, il en devient vite pompeux, présomptueux et un chouia rance. Dommage parce que le parti-pris est passionnant et plutôt bien exécuté, avec un côté visuel organique, terrien, aux couleurs toujours appuyées et aux cadrages soignés. Toutefois, il arrive à étonner à plusieurs reprises, à grands coups de body horror et de procédés techniques audacieux. Mais comme souvent dans le cinéma (qui devient) très codifié d’A24, on voit vite les rebondissements arriver et le propos se dessiner, tant que le film vient trop tard confirmer ce qu’il voulait commenter avec subtilité - et devient lourdaud. Le résultat est donc nuancé, même si le film a “les couilles” de mettre les pieds dans le plat, et de proposer une fable morale tantôt belle, tantôt redondante, mais dotée de partitions géniales de ses interprètes principaux, Jessie Buckley et Rory Kinnear.

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