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LICORICE PIZZA (critique)

Le nouveau film de Paul Thomas Anderson débarque enfin dans les salles françaises. Qu’en est-il de cette incursion nostalgique dans le coming-of-age 70’s ?

Une splendeur. Voilà ce qui résumerait le mieux Licorice Pizza. Un délice de tous les instants, qui vous greffera longuement un sourire aux lèvres, très longtemps après la fin de la séance. Et ce, sans jamais trop en faire. Enfin, si. Plus exactement en faisant simplement du cinéma, doux, amer, tendre, réflexif et amoureux. Amoureux de son médium, de l’époque qu’il dépeint mais n’en cachant pas les défauts (le sexisme, l'âgisme, les harcèlements, le contexte politique…). Paul Thomas Anderson, qui sort d’un enchaînement plutôt mineur (The Master, Inherent Vice, Phantom Thread) par rapport à son début de carrière stratosphérique (Boogie Nights, Magnolia, Punch-Drunk Love, There Will Be Blood), revient à son meilleur, avec un film intemporel et pourtant bien marqué dans sa période diégétique, et dans celle dans laquelle il le produit. Et dans ce film, il met autant de lui que de ses proches, ceux de son adolescence comme d’aujourd’hui. Le personnel comme universalité.


Dans le film, il fait interpréter son héroïne par la benjamine de la sororie Haim, le groupe de rock qu’il a clippé plusieurs fois. Il connaissait la mère de celles-ci depuis l’enfance, qui apparaît ici avec son mari dans le rôle des parents d’Alana, tout comme ses deux sœurs, Este et Danielle. Une histoire de famille. Tant que Paul Thomas Anderson invite sa femme Maya Rudolph pour un petit rôle, ses enfants, mais aussi ceux de plusieurs autres cinéastes (Ray Nicholson, Destry Allyn et Sasha Spielberg, Mick, Griff et Jamie Giacchino…) mais aussi parfois leur parents (George DiCaprio, père de). Et surtout, la trouvaille folle de ce film est Cooper Hoffman qui crève l’écran, le fils du regretté Philip Seymour Hoffman, grand acteur habitué des films de PT Anderson. Il interprete Gary, un adolescent de 15 ans débrouillard et beau parleur, avec ses rondeurs et ses boutons, mais qui en fait fi, qui flirte avec culot avec Alana, une jeune femme de 25 ans qui galère un peu, habitant toujours avec ses grandes sœurs chez leurs parents. On est dans la vallée de San Fernando en Californie, tout près de Los Angeles, en 1973. Gary et Alana se tournent autour, traînent ensemble, s'amourachent et s’éloignent, leur différence d’âge coinçant malgré une attirance certaine.

Licorice Pizza, c’est une bulle. Temporelle déjà, mais aussi émotionnelle, empilant les sous-intrigues au fil d’un récit très maîtrisé, entre les crushs de l’un et de l’autre, leurs business, leurs rencontres folles (Bradley Cooper, Sean Penn et Tom Waits). La relation entre les deux jeunes gens est au centre de tout, dans ce ballet de chansons géniales, de courses, de gros camions à l’envers, de matelas à eau, de flippers et de jalousies passionnées. Le rythme lancinant du film emporte le spectateur pour ne plus le lâcher, mais lui donne aussi l’envie qu’il ne se finisse jamais, dans un état extatique, le smile aux lèvres non seulement de bout en bout, mais aussi bien après le film. Licorice Pizza est bien nommé, entre la réglisse et la pizza, de la nourriture sucrée et/ou de réconfort, qui nourrit avec leur relents de malaise ; mais aussi le petit nom d’une galette noire alors nommée vinyle, symbole de la musique, mais aussi du pétrole, qui manque dans une séquence déjà culte du film.


On ne va pas y aller à demi-mot : ce film est un joyau. Plus, un chef d’œuvre. Le retour d’un cinéaste au top du top, grâce à une fiction en coming-of-age mettant en perspective sa nostalgie bien sentie, entre le teen-movie et la romcom. Un torrent d'émotions pures. La splendeur de l'Anderson (vous l'avez?). Courrez voir Licorice Pizza !

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