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LE SEIGNEUR DES ANNEAUX – LE RETOUR DU ROI (critique)

Nous arrivons déjà à la fin de notre rétrospective de la trilogie Le Seigneur des Anneaux par Peter Jackson, et ce alors que la diffusion de la série Les Anneaux de Pouvoir poursuit sa diffusion sur Prime Video. Place au grand final : Le Retour du Roi.

Pour le grand final de cette immense saga, on peut dire que Peter Jackson a vu les choses en grand. En très grand même. Sorti en 2003 en grande pompe après le succès colossal des deux premiers volets, c'est le second film après Titanic à dépasser la fameuse barre du milliard de dollars de recettes, avant de venir rivaliser une fois de plus avec le film de James Cameron aux Oscars, en raflant lui aussi le nombre record de 11 statuettes, que les deux films partagent avec Ben-Hur.

Si Les Deux Tours avait un rythme bien moins frénétique que La Communauté de l'Anneau, ce troisième volet conserve un rythme narratif global plus posé, sur une durée de métrage impressionnante (et effrayante?) de 4h23, pas moins. Une fois passé une première moitié de préparation au combat, le film se meut dans un déferlement de batailles immenses et de conflits intimes, déployant des échelles de valeurs folles, pouvant par exemple aller d'un mega plan large en mouvement impossible in camera (le plan fou au dessus de la tour de Saruman) à un simple gros plan sur le visage de Gandalf. En effet, si le spectacle est toujours soigné et dingue, Jackson n'en oublie pourtant jamais ses personnages, et particulièrement ceux qui l'ont passionné jusqu'à maintenant : le triangle Frodon-Sam-Gollum d'un côté et l'amour sans limites d'Aragorn et Arwen. Mais il s'attarde aussi sur le cas de Denethor (John Noble), l'intendant du Roi du Gondor, et de son fils Faramir (David Wenham), qui peinent tous les deux à traverser le deuil de leur fils/frère Boromir (Sean Bean), mort en héros à la fin du premier volet.


Sans cesse étonnants, les effets spéciaux numériques arrivent à conserver leur magie encore 15 ans après, grâce à une maîtrise sans faille des outils créés par Weta Digital, devenu en l'espace de trois films un géant indispensable dans leur domaine. Sans doute pas sans mérite non plus, le directeur de la photographie Andrew Lesnie continue d'éclairer magnifiquement les aventures de toutes ces figures héroïques dans un écrin de dark fantasy à la fois pointu et assez grand public pour plaire au plus grand nombre. Parce que le récit conserve en effet tous les codes de l'éternel parcours du héros sacrificiel, mais donnant néanmoins plus de place à son second, Sam, qui s'avère être plus que le simple sidekick, seconde main du héros, pour devenir le réel sauveur de la Terre du Milieu, poussant Frodon jusqu'à son but, avec une volonté telle, qu'elle permet au film de finir sur lui, de retour à la Comté, entouré de sa femme et de ses enfants, dans un plan finissant sur sa porte ronde qui se referme derrière eux. Parce que Sam serait le réel héros, humain et faillible, qui devait aider une sorte de demi-dieu (le départ final de Frodon pour Valinor est traité avec une grâce et une extase proche d'une mort divine) qui devait accomplir un destin qu'il n'était pas capable d'accomplir seul, parce que trop faible, à bien des sens. La bonhomie de Sam n'a d'égal que son bon esprit – il a compris depuis bien longtemps les enjeux du pouvoir de l'Anneau, bien trop puissant pour lui, qui ne s’intéresse qu'à la santé de son ami Frodon. Il prend tellement sa mission à cœur qu'il paraît parfois naïf, mais c'est justement cette naïveté qui fait de lui le Bien pur de cette histoire, jamais inquiété par Sauron ou par son Anneau de malheur. Gollum est ainsi l'antagoniste direct de Sam, un être qui s'est complètement abandonné au pouvoir de l'Anneau, reproduisant immédiatement le crime originel de Caïn sur son frère Abel dans un flashback introductif nous montrant Smeagol (Andy Serkis en chair et en os) tuant son cousin Déagol à peine a-t-il trouvé l'Anneau.

Le groupe impressionnant d'acteurs est mené par un Elijah Wood de plus en plus bon, d'un Sean Astin tout aussi adéquat et d'un Viggo Mortensen précis et autant physique dans les scènes d'action que juste dans les moments d'émotion. Il faut évidemment saluer le travail toujours dantesque de Serkis, qui crée avec Weta Digital un personnage numérique tout à fait bluffant, comme ils réitéreront ensemble l'exploit plus tard avec Caesar dans les préquels de La Planète des Singes ou avec King Kong et Les Aventures de Tintin. Mais on oublie pas de mentionner Billy Boyd (Peregrin Touque), qui trouve dans ce film de vrais moments d'héroïsme, tout comme son comparse Merry (Dominic Monaghan). Si Orlando Bloom et John Rhys-Davies déploient à nouveau leur dynamique de comédie entre Legolas et Gimli, c'est Ian McKellen qui tire son épingle du jeu, à la fois imposant et juste, il est Gandalf, on le perd dans ce Magicien de légende, bon et paternel. Mais le personnage de premier plan oublié, et pourtant tellement réussi et riche, c'est la musique originale d'Howard Shore, toujours sublime, pleine de thèmes, de leitmotivs et de variations tout bonnement incroyables, prenant peu à peu de plus en plus de place, jusqu'à ce final superbe, découpé entre les visages illuminés de nos héros et la musique majestueuse recouvrant quasiment tout l'espace sonore du film.


La conclusion énorme de l'histoire de Tolkien porte en elle cette dimension allégorique sur la guerre et la religion, et ce même si Tolkien le réfute. Écrite dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, on voit bien, notamment dans ce volet, les traces d'un conflit total, sur plusieurs fronts, entre des Hommes de l'Ouest venant combattre des Forces du Mal. On s'attendait à s'émouvoir, à rugir, à frissonner, pour les dernières aventures et la conclusion du parcours de nos héros, un groupe éparpillé dans toute la Terre du Milieu, Le Retour du Roi ne déçoit pas, loin de là, même si on peut lui reprocher un épilogue qui s'étire. Avec autant de personnages à traiter, arriver à conclure autant d'arcs dans une conclusion concise relevait ainsi du miracle. Mais c'est vraiment pour être tatillon, tant la générosité et la qualité même du film en font un véritable chef d'œuvre, à la fois brillamment exécuté et foncièrement beau et épique, comme rarement on a vu au cinéma, cet art total et transcendantal, dont Le Retour du Roi est un illustre exemple, ainsi que la conclusion rêvée pour une saga grandiose.


NB : pour cette rétrospective sur Le Seigneur des Anneaux, nous avons revu les versions longues, quasi indispensables si l'on apprécie un tant soit peu la trilogie.

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