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LA PLUS BELLE POUR ALLER DANSER (critique)

Sorti la semaine dernière, La plus belle pour aller danser est un joli film sur l’adolescence, la famille et le masque, tout en rendant hommage à Marivaux et à La Boum. Avis de Pauline Lecocq sur ce premier film de Victoria Bedos pour PETTRI.

Synopsis : Marie-Luce Bison, 14 ans, est élevée par son père dans une joyeuse pension de famille pour seniors dont il est le directeur. C'est bientôt la soirée déguisée de son nouveau collège : son père ne veut pas qu'elle y aille... et de toute façon, elle n'est pas invitée. Mais poussée par Albert, son meilleur ami de 80 ans, Marie-Luce, s'y incruste, habillée en homme. Ce soir-là, tout le monde la prend pour un garçon… un garçon que l’on regarde et qui plait. Elle décide alors de s’inventer un double masculin prénommé Léo pour vivre enfin sa vie d’ado. Bien entendu, à la maison, la relation avec son père se complique.


Le thème du travestissement et du déguisement est une mine d’or pour le cinéma : Billy Wilder en est le maître incontesté, que ce soit dès son premier long-métrage avec Uniformes et jupon court (la fauchée Ginger Rogers doit se déguiser en petite fille pour voyager avec un billet de train demi-tarif) et plus tard son chef d’œuvre Certains l’aiment chaud (Tony Curtis et Jack Lemmon se déguisent en femmes pour échapper à la mafia à leurs trousses), mais on pourrait en citer d’autres (Ariane, Irma la douce etc.). Bref, vous l’aurez compris, en grande fan de Wilder, j’avais hâte de voir La plus belle pour aller danser grâce à sa thématique. Scénariste de La Famille Bélier, Victoria Bedos passe derrière la caméra pour la première fois et reprend cette thématique. Mais elle s’inspire moins du réalisateur Wilder que du dramaturge Marivaux et de son Jeu de l’amour et du hasard où les personnages se travestissent pour en apprendre plus sur l’être aimé en s’en rapprochant. C’est ce que va faire Marie-Luce, adolescente intelligente et timide de 14 ans nouvellement arrivée dans une classe qui la dénigre : elle tombe amoureuse d’Emile, nouveau venu comme elle, mais qui ne la remarque pas. La pièce de Marivaux est étudiée en classe et, en la lisant, elle décide d’adopter le même stratagème que les personnages. Le temps d’une fête, elle se déguise en Léo, qui va se rapprocher d’Emile, peut-être plus que Marie-Luce l’espérait. D’où une double identité qui va naître…

Disons-le tout de suite, le long-métrage effleure la question du genre mais ce n’est pas sa thématique principale : il s’agit en effet ici de parler d’adolescence, d’amour, de masque, de deuil et de famille. La question de l’identité n’est à mon sens pas tout à fait centrale, ou en tout cas traitée plus superficiellement que les thèmes énoncés ci-dessus, déjà nombreux.

Joliment photographié, le film ne brille pas par sa mise en scène, quelque peu scolaire, mais son scénario en forme de récit d’initiation fonctionne bien (et on pense bien sûr au teen movie français par excellence, La Boum) avec des situations de comédies vraiment drôles ponctuées de moments plus graves. Ce n’est certes ni un grand film, ni un film parfait (on y trouve quelques maladresses, longueurs ou péripéties attendues), pourtant j’ai pris beaucoup de plaisir en le voyant.

De plus, ce type de longs-métrages reste dans les mémoires si la fin est réussie, et elle l’est ici. J’avais en effet très peur que « tout rentre dans l’ordre », mais la conclusion convenue est évitée et la fin trouve en réalité un bel équilibre (que je ne vous révèlerai pas, bien entendu).

Dans le rôle principal, la solaire Brune Moulin est une véritable révélation et porte le long-métrage sur ses épaules. Elle a justement été récompensée par le prix d'interprétation féminine au festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez cette année, on espère donc la revoir très vite. On retient aussi Loup Pinard, convaincant dans le rôle d’Emile. Philippe Katerine est très bien en père dépassé qui ne sait plus parler à sa fille depuis la mort de sa femme. On adore Pierre Richard en grand-père de cœur attendrissant, secondé par le parfait Olivier Saladin et l’émouvant Guy Marchand. La merveilleuse Firmine Richard complète le tableau des gentils seniors habitant cette maison. Par ailleurs, la bande-originale du film est excellente : outre la chanson de Sylvie Vartan qui donne son titre au film, on entend également « Don’t leave this way » du groupe The Communards ou « Tout, tout pour ma chérie » de Michel Polnareff…

Drôle et touchant, La plus belle pour aller danser est un joli film tendre qui plaira au plus grand nombre.


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