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L'ÉTÉ L'ÉTERNITÉ (critique)

Dernière mise à jour : 3 mai 2022

L'été l'éternité est le premier long-métrage d'Emilie Aussel. Après une suite de courts-métrages portés sur le thème de l'adolescence, la jeune réalisatrice s'attaque à nouveau aux affres de cet âge si particulier dans un long-métrage de 75 minutes. Amandine Thieulent l'a vu pour Pettri et nous donne son avis.

« Vivre et aimer du haut de ses 18 ans, plonger dans l'insouciance de l'été, perdre brutalement sa meilleure amie, s'apercevoir que rien ne dure toujours, renaître. »

Le film se déroule à Marseille, on y suit Lise et son groupe d'amis tout juste diplômés du baccalauréat profitant des plaisirs de l'oisiveté estivale avant que chacun suive la route qu'il s'est choisi vers des études supérieures, ou autre. L'été, les vacances, la plage et le soleil, les apéros interminables avec les copains... Une parenthèse enchantée durant laquelle on croit que tout est possible, et que tout durera toujours. Mais un drame vient troubler l'insouciance du petit groupe. La question que soulève Emilie Aussel c'est bien celle du deuil, et de l'absence. Comment a un âge aussi charnière se construit-on face à la brutalité du monde à laquelle on n’était pas préparé ? Pour ce faire, la jeune réalisatrice s'offre un casting de jeunes venant exclusivement de Marseille, composé de jeunes comédiens et de non professionnels afin de conserver une certaine fraicheur et une spontanéité toute adolescente.


Le film commence donc par de longues séquences sur la plage, où le petit groupe oscille entre apéros et baignades. Les moindres gestes et mouvements des corps juvéniles sont scrutés par une caméra qui fait partie intégrante du cercle d'amis, et qui malheureusement s'éternise un peu trop, laissant le spectateur dans l'attente que quelque chose se passe. On passe rapidement du sourire de nos souvenirs d'étés de jeunesse à l'ennui. Et ce schéma a tendance à se reproduire tout au long du film dont le rythme déconstruit s'essouffle assez facilement. En outre, le film est découpé par des séquences face caméra de chacun des personnages dans un monologue s'adressant à une personne disparue. Il s'agit en réalité des séquences d'improvisation demandées aux comédiens lors de leur casting. Une jolie idée en soi et cohérente avec la recherche de spontanéité de la réalisatrice, mais qui finalement casse le rythme du film très découpé. De plus, Emilie Aussel nous invite à suivre le parcours d'un seul personnage, Lise, seule dans son deuil. Ces coupes concernant d'autres personnages nous éloignent donc de son parcours à elle, et de ses émotions, et tiennent le spectateur à distance.


Dans la seconde partie du film, Lise trouve refuge auprès d'une troupe de trois artistes en pleine préparation d'un nouveau spectacle. Et encore une fois, il ne se passe pas grand-chose, tant sa reconstruction émotionnelle se fait discrète. Le personnage cherche visiblement à sortir de son univers et à rencontrer de nouvelles personnes ignorant son drame personnel. Mais elle ne prend pas part à la création, et semble ne s'y intéresser qu'à moitié. La bonne surprise en revanche, vient du personnage de Rita, la seule femme du trio d'artistes, très bien interprété par Nina Villanova. Un rôle de femme forte et affirmée après avoir vécu une histoire similaire à celle de Lise. De plus, la mise en scène et la direction artistique des séquences de répétitions ou de représentation du spectacle vivant forment le point fort du film : on y travaille les couleurs et les matières, les lumières et les gestes, et c'est réellement beau à voir.


L'été l'éternité est un premier long-métrage imparfait peuplé de jolies idées et thématiques dont les traitements n'ont pas réussi à me convaincre, mais il sera à l'affiche dès mercredi pour les curieux !


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