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KENDRICK LAMAR - MR MORALE & THE BIG STEPPERS (critique)

C’est après une longue absence de cinq ans que l'homme au-dessus du rap mondial revient gratifier l’humanité d’un nouveau disque, son dernier au sein de TDE, son label historique. Kendrick Lamar nous a livré Mr Morale & The Big Steppers ce vendredi. Verdict ? Évidemment sur PETTRI !

Cinq ans après DAMN. et son prix Pulitzer, Kendrick Lamar est de retour. Après la BO du Black Panther de Marvel, il s’était fait assez discret ces derniers temps, même chez les autres. Il a monté sa propre équipe (PgLang) et a annoncé que son prochain album serait le dernier au sein de TDE, son label historique. La fin d’une ère. C’est en 2021 qu’il revient réellement, sur l’album de son protégé (et cousin) Baby Keem, en featuring sur deux morceaux stellaires : “Family Ties” et “Range Brothers”. Mais il s’occupe aussi du refrain de “Vent”. Un engagement qui permet à la première signature de PgLang d’atteindre la reconnaissance publique et critique avec The Melodic Blue. C’est après plusieurs annonces successives que Kendrick Lamar annonce la sortie de ce Mr Morale & The Big Steppers pour ce 13 mai 2022, sans en dévoiler la tracklist, les featurings ou producteurs au préalable, à contre-courant de la méthode actuelle. C’est avec une cinquième partie de “The Heart” (série de singles annonçants ses albums, mais qui n’en font pas partie) qu’il surprend tout le monde, notamment dans le clip en plan-séquence, dans lequel il prend les traits d’importantes personnalités noires-américaines grâce à des deep-fakes saisissants. Son rap est encore plus aiguisé qu’auparavant, son activisme aussi, sa cause virale et forte. Pour ce nouveau projet, les bruits de couloir parlent d’un double-album, d’une absence totale de Dr Dre, de featurings d’artistes de TDE/Black Hippy. Mais rien de sûr…


C’est donc totalement vierge qu’on aborde ce nouvel album, dont l’absence de l’équipe créative de TDE est criante. Du docteur le connu de Compton aussi. Mais qui est un double-album (sans réellement l’être), puisque les neuf premiers morceaux sont regroupés en tant que Big Steppers et les neuf suivants en tant que Mr Morale. Le premier narré par Whitney Alford, la compagne de K.Dot, et le second par le penseur spirituel Eckhart Tolle. Sur l’album, des productions de son entourage talentueux : Sounwave, DJ Dahi, J.LBS, Tim Maxey, Baby Keem ou lui-même mais aussi des apparitions de pontes tels que The Alchemist, Pharrell Williams ou Boi-1da. Côté featurings, on retrouve là encore Baby Keem, ainsi que Sampha, Taylour Paige, Ghostface Killah, Kodak Black, Tanna Leone, Blxst, Amanda Reiter, Summer Walker, Sam Dew et même Beth Gibbons (de Portishead). Mais qu’en est-il de l’album en lui-même ?


Un grand album. Après plusieurs écoutes, mais pas assez pour se faire un avis définitif, Mr Morale & The Big Steppers est un grand album, c’est indéniable. Un album important, engagé, personnel et messianique. Un disque fortement chargé par l’actualité, les questions de société, la place de l’artiste dans la culture actuelle, mais aussi sur sa position quant à celles et ceux qu’il représente dans son pays et à l’international. Kendrick a “broke a generational curse” (“brisé une malédiction générationnelle”, sur “Mother I Sober”). En cela, l’album n’est pas très aisé à écouter au premier abord. Il est très chargé, très dense. Mais aussi et surtout parfaitement produit, limpide et musicalement plus qu’abouti. Un disque complexe donc, difficile à percer, mais dont la profondeur et la qualité sont exponentielles au fil des écoutes.

On retiendra surtout les morceaux… Nan j’rigole, c’est clairement un no skip. Un album. Mieux, un double-album, dans la pure tradition du genre, qu’on écoute de bout en bout, parce que nous racontant quelque chose de complet, un tout cohérent et pensé. On a affaire à un artiste là. Un artiste qui a définitivement pris la posture et l’importance d’un penseur plus qu’un musicien. On lui reprochera donc de faire des choix plus engagés, de privilégier son rôle de parolier à celui de MC, mais ses apports funk et jazz, mais aussi inspirations d’Andre 3000, Nipsey Hussle ou Rakim sont toutefois parfaitement digérées pour en ressortir de la musique exigeante et belle. Que ce soit avec l’intro “United in Grief”, les très réussis “N95” ou “Rich Spirit”, Kendrick prouve si c’était nécessaire ses qualités de kickeur. Il s’associe à Kodak Black pour un pas de côté très stylisé (“Silent Hill”), mais est aussi à l’aise sur des morceaux plus calmes mais toujours rageurs comme “Crown”, “Worldwide Steppers” ou “Count Me Out”. C’est avec des sons tels que “We Cry Together” ou “Mr Morale” (en passant, incroyable prod de Pharrell) que K.DOT se démarquent réellement, avec une efficacité dure et consciente, entre l’entertainment et le discours. Là est encore son état de grâce, parfois un peu absent de ce disque, mais qu’on sent quelquefois ressurgir.

Mr Morale & The Big Steppers est donc un excellent album. Un retour attendu et exaltant, avec ses défauts et ses rendez-vous manqués, mais qui marquera à coup sûr la si grande carrière de cet artiste majeur de notre époque. Un indispensable dans tous les cas, que je retourne écouter de ce pas une bonne centaine de fois… et peut-être que je viendrai compléter cet avis à chaud, qui sait…?


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